Ville ravagée, Mossoul célèbre sa première année de libération (VIDEO)
Cadavres en décomposition, maisons en ruine et crainte d'un retour des islamistes : tel est le quotidien auquel les habitants de Mossoul doivent faire face, un an après que l'armée irakienne et l'aviation américaine ont libéré la ville de Daesh.
Il y a un peu plus d'un an, le 10 juillet 2017, les forces irakiennes soutenues par les Etats-Unis infligeaient une défaite à l'Etat islamique dans la ville de Mossoul. Un tournant dans la guerre qui a frappé le pays entre 2014 et 2017. En parallèle à la libération, pourtant, des témoignages inquiétants ont commencé à apparaître, parlant de destruction totale, d'exécutions extrajudiciaires et d'une crise humanitaire imminente. Un nouveau reportage sur le terrain révèle que, depuis lors, les choses ne se sont guère améliorées.
Un journaliste de l'agence vidéo Ruptly s'est rendu dans la ville à la rencontre de la population locale. Un homme nommé Mohammed Qadir a raconté aux journalistes l'histoire poignante de sa fille, morte après un bombardement en avril dernier. L'enfant se cachait dans les toilettes avec sa petite sœur quand une bombe a frappé la maison, mutilant gravement sa fille. Pourtant, les médecins qu'il a pu trouver ont refusé de lui venir en aide. «On m’a dit : "Nous ne la soignerons pas. Notre priorité c’est les combattants. Nous pouvons lui donner une injection pour qu’elle meure immédiatement. C’est mieux pour elle de mourir à la maison"», explique le père.
Alors que les habitants luttent pour retrouver une vie normale, des cadavres en décomposition se trouvent toujours sous les décombres. «Oui, il y a toujours deux corps là-bas et il y avait encore quatre autres corps dans cette maison derrière nous», confie Mohammed Qadir avant d'ajouter : «L’odeur qui en échappe est pestilentielle. Nos enfants tombent malades à cause de ça.»
Daesh : une menace qui continue de planer sur la ville
S'ajoutant à une situation humanitaire plus que précaire, les commandants irakiens s'inquiètent que des combattants de Daesh se terrent toujours autour de Mossoul et dans le reste du pays. «Non, nous ne pouvons pas dire avec certitude que 100% [de Daesh a été éliminé]. Il y a quelques cellules dormantes de Daesh qui se cachent dans des endroits comme le désert, la jungle, les îles du fleuve Tigre et certains se fondent parmi les civils», explique le général Najmi Al-Juhuri à Ruptly. «Nous recevons quotidiennement des dizaines d'appels téléphoniques, des personnes nous indiquant des cellules dormantes de Daesh», a-t-il ajouté.
De leur côté, les organisations humanitaires sonnent l'alarme face à la situation catastrophique à Mossoul. «Je pense que ce serait injuste de dire que rien ne s’est passé pendant cette année écoulée, mais nous croyons que les changements doivent arriver plus vite», a déclaré à RT Benoit de Gryse, directeur des opérations chez Médecins sans frontières (MSF) au Moyen-Orient.
«Comme on le voit, les destructions visibles l’année dernière le sont encore. Même les infrastructures n’ont pas encore été rétablies : les hôpitaux sont toujours fermés, on manque d’eau, d’électricité», a-t-il averti.
Au moins 2 521 civils ont été tués et 1 673 autres ont été blessés durant les neuf mois des opérations de libération de Mossoul, selon les chiffres donnés en novembre 2017 par le Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme et la Mission d'assistance des Nations unies en Irak (MANUI). Les deux organismes avaient précisé que ces chiffres devaient être considérés comme un «minimum absolu».
Ainsi, l'agence de presse AP estime pour sa part le nombre de victimes civiles entre 9 000 et 11 000 personnes.