La police antiterroriste britannique a annoncé ce 13 juillet avoir retrouvé dans la ville d'Amesbury la source de l'agent innervant ayant coûté la vie à une femme dans le sud-ouest de l'Angleterre, et qui a laissé son partenaire, Charlie Rowley, dans un état critique.
«Une petite bouteille a été découverte le 11 juillet au cours de recherches dans la maison de Charlie Rowley à Amesbury», ont annoncé les autorités dans un communiqué. «Les scientifiques nous ont confirmé que la substance contenue dans cette bouteille était du Novitchok», a affirmé Scotland Yard, qui dit avoir fait expertiser un échantillon au laboratoire militaire de Porton Down, opportunément spécialisé dans les armes chimiques, et situé à équidistance d'Amesbury et de Salisbury, ville où l'ex-agent double Sergueï Skripal a été empoisonné le 4 mars 2018.
«De plus amples tests vont être menés pour essayer d'établir si cela vient du même lot qui a contaminé Sergueï et [sa fille] Ioulia Skripal en mars, ce qui reste une piste d'enquête pour la police», a ajouté Scotland Yard.
Le feuilleton des accusations britanniques continue
Charlie Rowley, 45 ans, et sa compagne Daw Sturgess, également empoisonnée et décédée le 8 juillet, ont été retrouvés inconscients le 30 juin dans une habitation de Muggleton Road, à Amesbury, tout près de Salisbury, cette ville où l'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été empoisonnés en mars dernier.
La police britannique a d'abord évoqué un incident lié à la drogue, avant que le chef de l'antiterrorisme britannique annonce, le 4 juillet, que le couple avait été exposé à un agent innervant organophosphoré appartenant à la famille dite des «Novitchok». Plus banalement désigné comme A-234 ou A-232 par les pays de l'OTAN, ces agents innervants organophosphorés ont été développés du temps de l'Union soviétique. Leur formulation est depuis les années 1990 publique, à partir du moment où elle a été révélée par un scientifique russe, Vil Mirzayanov, établi aux Etats-Unis.
Contradictions, variations et absence de preuves
Le 3 avril, Gary Aitkenhead, le directeur général de Porton Down avait fait savoir à la chaîne britannique Sky News que ses scientifiques étaient incapables de relier des échantillons de la substance utilisée pour attaquer Sergueï et Ioulia Skripal, à la Russie. Il insistait sur le fait que, bien que les experts aient identifié l'agent comme étant l'A-234 ou «Novitchok», ils n'en avaient «pas identifié la source [géographique] précise».
Le 9 juillet, le secrétaire d'Etat britannique à la Défense a réitéré les accusations déjà portées contre la Russie dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille en mars 2018. «La simple réalité est que la Russie a commis une attaque sur le sol britannique, celle-ci a causé la mort d'une citoyenne britannique», a-t-il affirmé. Moscou, comme dans l'affaire Skripal où aucune preuve n'a été apportée par les autorités britanniques, a rejeté ces assertions.
Après avoir avec succès investi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de la compétence à désigner un Etat comme responsable d'un incident chimique, le Royaume-Uni a invité des experts de cette même OIAC à venir la semaine prochaine faire des prélèvements qui seront analysés dans les laboratoires qu'ils auront désignés.
Quelle que soit l'issue de ces manœuvres sur la scène internationale, les accusations britanniques ont déjà porté préjudice à la Russie. Malgré l'absence de preuve, se contentant des présomptions britanniques, une vingtaine de pays décidaient fin mars d'expulser plus de 100 diplomates russes.
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