Le raisonnement de Moscou est le suivant : à donner des compétences trop importantes et politisées à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), celle-ci pourrait perdre sa légitimité. Et cela aurait pour effet pervers d'affaiblir la lutte contre l'utilisation des armes chimiques, ce qui est pourtant la raison d'être de l'OIAC. «Bien sûr, nous ne considér[erons] pas les travaux effectués par le soi-disant mécanisme d'attribution [de la responsabilité d'une attaque chimique] comme légitimes», a ainsi prévenu ce 28 juin le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
Au lendemain du vote de la résolution portée par le Royaume-Uni, accordant à l'OIAC la possibilité de désigner un Etat coupable d'une attaque chimique, la Russie a fait part de ses fortes réserves. Et de ses inquiétudes quant à l'avenir de la convention sur les armes chimiques (CWC en anglais), adoptée en 1992 par l'Assemblée générale des Nations unies, et dont l'OIAC tire sa légitimité. «Nous doutons de la possibilité de conserver la CWC et l'OIAC dans leur forme actuelle, telle qu'elles ont existé jusqu'à aujourd'hui», a déploré Sergueï Riabkov, cité par l'agence Tass.
Lors d'un vote à huis clos le 27 juin à La Haye où siège l'OIAC, 82 pays ont voté en faveur d'une résolution avancée par le Royaume-Uni avec le soutien de la France et des Etats-Unis notamment. 24 s'y sont opposés.
Alexandre Keller