Affaire Skripal : comment la position de la France a évolué en 24 heures
Paris se range désormais derrière Londres, qui estime la Russie «coupable» de l’empoisonnement de l'ex-agent double, alors que la veille encore, le porte-parole du gouvernement déclarait vouloir attendre «les conclusions définitives» de l'enquête.
Interrogé au sujet de la réaction de Londres, qui a accusé le 13 mars la Russie d'être «coupable» de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal, le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux avait expliqué, au cours d'une conférence de presse le 14 mars, que l'exécutif attendait «les conclusions définitives» de l'enquête avant d'agir. Un jour plus tard, Emmanuel Macron a adopté une position inverse en affirmant : «La France convient avec le Royaume-Uni qu'il n'y a pas d'autre explication plausible et réitère sa solidarité avec son allié.»
Acte I : La France «ne fait pas de politique-fiction»
Le 14 mars, alors que Londres a déjà évoqué la culpabilité de Moscou, Benjamin Griveaux annonçait, comme c'est «l'habitude» de la diplomatie hexagonale, que la France souhaitait «que les faits soient parfaitement avérés avant de prendre position sur ce type de sujet». Le gouvernement français assurait alors qu'il préférait attendre les conclusions «de la détermination des causes de la mort et des responsables éventuels de l’enquête conduite» par les Britanniques.
«A chaque fois, nous agissons en fonction d'éléments avérés, prouvés et hautement identifiés et authentifiés», avait poursuivi Benjamin Griveaux. Questionné sur d'éventuelles mesures de «solidarité» avec le Royaume-Uni, qui venait notamment d'ordonner l'expulsion de 23 diplomates russes, il avait poursuivi : «Nous ne faisons pas de politique-fiction sur des sujets aussi graves.»
Acte II : La France se range derrière la position britannique
Pourtant, moins de 24 heures plus tard, le 15 mars, le gouvernement français se rangeait derrière la position britannique par la voix d'Emmanuel Macron. Dans un communiqué, l'Elysée pointe désormais la «responsabilité» de la Russie dans l'attaque, car Moscou n'aurait notamment pas été «en mesure de répondre à la demande légitime du gouvernement britannique».
Statement from @elysee#SalisburyChemicalAttackpic.twitter.com/ZbV14vDhox
— Aurélie Bonal (@AurelieBonal) 15 mars 2018
Cette annonce a été suivie d'une communication commune de plusieurs chancelleries européennes.
Cependant, les «conclusions définitives» de l'enquête que disait vouloir attendre Benjamin Griveaux avant que la France ne se rallie aux accusations du Royaume-Uni n'ont pas encore été publiées, mais Paris semble bel et bien avoir choisi de ne pas attendre des preuves concrètes, rompant ainsi avec «l'habitude» de la diplomatie française.
Au contraire du Royaume-Uni, Paris a annoncé le 15 mars qu'il ne prendrait pas de sanctions à l'encontre de Moscou immédiatement mais «dans les prochains jours».
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