Espionnage, «Novitchok» et sanctions : tout ce que vous devez savoir sur l'affaire Skripal

Espionnage, «Novitchok» et sanctions : tout ce que vous devez savoir sur l'affaire Skripal© Henry Nicholls Source: Reuters
Périmètre de sécurité à Salisbury après la découverte de Sergueï Skripal et de sa fille inanimés sur un banc
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Alors que le Royaume-Uni a annoncé une série de sanctions contre la Russie qu'il accuse d'être «coupable» de l'empoisonnement de l'ancien agent double Sergueï Skripal, RT France fait un tour d'horizon des éléments clefs de cette crise diplomatique.

Qualifiée de «tentative d'assassinat» par Londres, l'empoisonnement d'un ancien agent double au Royaume-Uni a déclenché une véritable crise diplomatique entre Londres et Moscou. Entre les accusations, les sanctions, les réactions et les éléments avérés, que sait-on de l'affaire Skripal ? 

Qui est Sergueï Skripal ?

Ancien colonel du renseignement militaire russe, Sergueï Skripal avait été condamné en 2006 à 13 ans de prison en Russie pour espionnage au profit du Royaume-Uni. En échange d'une somme estimée à 100 000 dollars environ, il avait en effet fourni à Londres une liste d'agents russes opérant en Europe. Le 9 juillet 2010, Sergueï Skripal avait finalement été gracié par le président russe Dmitri Medvedev.

Sergueï Skripal avait alors fait l'objet d'un échange contre dix agents du Kremlin expulsés par Washington. Cet échange digne d'un roman d'espionnage, au terme duquel il s'était réfugié en Angleterre, était le plus important depuis la fin de la guerre froide.

Que lui est-il arrivé ?

Le 4 mars, cet homme d'une soixantaine d'années a été retrouvé inanimé, allongé sur un banc dans un centre commercial de la ville de Salisbury, une ville située à quelques kilomètres de Londres. A ses côtés, une jeune fille gisait également, inconsciente : il s'agissait de sa fille, Ioulia, âgée d'une trentaine d'années.

Selon la police britannique, tous les deux ont été victimes d'un empoisonnement. Rapidement, elle a conclu à l'usage d'un agent innervant, le «Novitchok», une substance conçue par des scientifiques soviétiques dans les années 1970. Dans la foulée, la police annonçait avoir repéré des traces de ces agents toxiques dans plusieurs lieux fréquentés par les victimes le jour même.

Qu'est-ce que le «Novitchok» ?

Le «Novitchok» («petit nouveau» en russe) n'est pas répertorié sur la liste des armes chimiques prohibées par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Son existence (et la formule permettant de l'obtenir) ont été rendues publiques par le chimiste russe Vil Mirzaïanov en 1992. Cet agent chimique, développé sous l'ère soviétique, est réputé être extrêmement dangereux et difficile (sinon impossible) à détecter. 

L'effet de ce produit est dévastateur et peut provoquer de très intenses souffrances. Si l'on ne dispose pas de toutes les informations le concernant, on estime toutefois qu'il a pu être transporté sous forme de poudre et inhalé, mais la contamination des victimes peut aussi s'effectuer par la peau.

Retour sur l'affaire Skripal

L'usage du «Novitchok» incrimine-t-il la Russie ?

L'histoire de la création du «Novitchok» est étroitement liée à la Russie. Réagissant à l'affaire Skripal par un message publié sur Facebook, Vil Mirzaïanov a d'ailleurs estimé que «seule la Russie» pourrait être derrière l'attaque contré Sergueï Skripal. Néanmoins, il assurait dans le même message avoir révélé publiquement la formule permettant de synthétiser le «Novitchok» dans son livre Secrets d'Etat : Chroniques de l'intérieur du programme d'armes chimiques russe,disponible sur Amazon pour la modique somme de 30 dollars.

D'autres éléments permettent de douter que la Russie soit la seule à maîtriser l'usage du «Novitchok». Plusieurs rapports publiés au début des années 1990 notaient l'extrême vulnérabilité des sites de stockage d'armes chimiques de l'ex-URSS. Dans un rapport rédigé en 1995 par le centre Henry L. Stimson, un think-tank américain basé à Washington, on pouvait ainsi lire : «Selon les critères américains, les sites de conservation des armes chimiques russes sont indubitablement vulnérables aux attaques extérieures et aux vols». 

Lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU le 14 mars, la Russie a démenti avoir jamais conduit, après la chute de l'URSS, de recherches autour d'un produit connu sous le nom de «Novitchok». Selon Vassili Nebenzia, représentant de la Russie à l'ONU, la source la plus probable de l'origine de ce produit «se trouve dans les pays où, depuis la fin des années 90 jusqu'à aujourd’hui, des études intensives sur ces substances, y compris au Royaume-Uni, ont été menées».

Quelles mesures le Royaume-Uni a-t-il prises ?

Cet empoisonnement a provoqué un emballement immédiat de la presse et de la classe politique britanniques. Avant toute conclusion, alors que les médias d'outre-Manche évoquaient des «affaires similaires», comme le décès en 2006 à Londres d'Alexandre Litvinenko, autre ancien espion russe soupçonné d'avoir collaboré avec le Royaume-Uni, le ministre des Affaires étrangères britanniques, Boris Johnson, n’hésitait pas, dès le 6 mars dernier, à remettre en cause la participation de l'équipe anglaise à la Coupe du monde de football qui doit avoir lieu cet été en Russie.

L'affaire est devenue réellement diplomatique lorsque le Royaume-Uni a adressé un ultimatum à la Russie, la sommant de s'expliquer sous 24 heures sur cet empoisonnement. La Russie a ignoré cette requête. En réaction, Theresa May a directement accusé le gouvernement russe d'être «coupable» de cette «tentative d'assassinat» lors d'une allocution devant les parlementaires britanniques le 14 mars. Elle a en outre annoncé une série de sanctions : expulsion de 23 diplomates russes, gel de tout contact bilatéral avec la Russie, annulation des déplacements des représentants diplomatiques et membres de la famille royale en Russie pour assister aux événements de la Coupe du monde de football...

Quelles sont les autres réactions ?

Dans son allocution, Theresa May a appelé les pays membres de l'Union européenne, que le Royaume-Uni est en train de quitter, et de l'Otan, à un «soutien fort» à son action contre la Russie. A la demande du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir le 14 mars à 20 heures pour discuter de l'affaire Skripal. L'Otan, qui réunira également son Conseil de sécurité le 15 mars, a appelé Moscou à «rendre publics» tous les détails de l'«opération Novitchok», tout en exprimant son inquiétude face à «la première attaque à l'aide d'un agent innervant commis sur le territoire de l'Alliance» depuis sa fondation en 1949.

L'Allemagne a d'ores et déjà annoncé qu'elle prenait «très au sérieux» les accusations du gouvernement britannique concernant l'empoisonnement de l'ancien agent double Sergueï Skripal. La chancelière allemande a en outre promis que l'Europe définirait une position commune sur la réponse à apporter. De son côté, la France s'est montrée plus mesurée. Interrogé sur d'éventuelles mesures de «solidarité» avec le Royaume-Uni, le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, a déclaré : «Nous ne faisons pas de politique-fiction sur des sujets aussi graves.» Il a annoncé que Paris attendait les conclusions «de la détermination des causes de la mort et des responsables éventuels».

Dans quel contexte cette crise survient-elle ?

Les relations diplomatiques entre la Russie et l'Union européenne ne sont pas au beau fixe depuis le déclenchement de la crise en Crimée ainsi que de la guerre en Syrie. En outre, plusieurs responsables russes s'étonnent du «timing» de cette crise. «L'élection présidentielle approche à grands pas en Russie et l'on accuse soudain ce pays de tous les péchés mortels», a réagi Sergueï Stepachine, l'ancien directeur du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB). «Quel imbécile irait commettre cet acte ? Où est la logique là-dedans ?», a-t-il ajouté.

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