Tour de vis sur l'immigration : les Italiens plébiscitent leur gouvernement et la Ligue
Alors que l'actualité politique italienne est dominée par la crise migratoire, comme en témoigne l'épisode du bateau de sauvetage de migrants Aquarius, le parti de droite populiste du ministre de l'Intérieur s'envole dans les sondages.
Matteo Salvini, chef de file de la Ligue et omniprésent ministre italien de l'Intérieur depuis sa prise de fonction le 1er juin, s'est retrouvé une nouvelle fois au centre de l'actualité politique italienne après une déclaration choc. Il a en effet annoncé ce 18 juin le prochain recensement des populations Roms d'Italie dans le but éventuel d'expulser ceux de nationalité étrangère et de «malheureusement» garder ceux de nationalité italienne, selon ses propres termes.
Une semaine avant, le ministre avait fait montre d'une position très ferme en refusant de voir accoster dans un port italien le navire Aquarius avec plus de 600 migrants à son bord, provoquant l'indignation de nombreux commentateurs, notamment à l'étranger. Pour autant, le gouvernement italien et le parti de Matteo Salvini pâtissent-ils de ces prises de position strictes auprès de l'opinion publique ?
La Ligue est en hausse dans les sondages, surtout après l'Aquarius
Plusieurs sondages montrent que la ligne politique migratoire suivie – et annoncée pendant la campagne électorale de mai dernier par le natif de Milan – est jugée sous un jour favorable par une majorité d'Italiens. La Ligue (ex-Ligue du Nord), que Matteo Salvini a refondé fin 2017 afin de lui donner une portée nationale, effectue même un bond remarquable, selon un sondage réalisé entre le 13 et 18 juin par l'institut Politic APP auprès de 1 500 personnes représentatives de la population italienne. A la question «si vous deviez voter aujourd'hui, pour lequel des partis suivants voteriez-vous ?», la Ligue est désignée par 29,2% des personnes en âge de voter interrogées.
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— PoliticAPP (@SWGpoliticAPP) 19 juin 2018
Pour rappel, le parti a recueilli 17,4% des suffrages le 4 mars 2018 lors des élections générales. Dans le détail, la formation politique qui prône une ligne ferme en matière d'immigration était créditée de 27% dans un précédent sondage effectué au lendemain de l'annonce le 10 juin par Matteo Salvini du refus d’accueillir sur les côtés italiennes le navire de migrants Aquarius.
«L'Italie ne veut plus être complice du business de l'immigration clandestine», faisait-il alors savoir, estimant : «Si quelqu'un en Europe pense que l'Italie doit continuer à être un camp de réfugiés, il se trompe. L'Italie ne veut aider que les Italiens.» Dans le même temps, le partenaire de coalition de la Ligue, le Mouvement 5 étoiles (M5S), est passé de 32,7% des suffrages aux élections à respectivement 31,5% et 29% dans les deux dernières moutures des intentions de vote.
L'Italie ne veut plus être complice du business de l'immigration clandestine
Ainsi, le parti de Matteo Salvini passe pour la première fois devant le M5S dans les sondages. Une autre étude d'opinion concernant l’accueil de bateaux de migrants sur les côtes du pays de Dante vient confirmer l'approbation par une majorité d'Italiens de l'action de Matteo Salvini. 64% d'entre eux seraient opposés à l'accueil des embarcations de migrants, un chiffre qui monte à 93% chez les sympathisants de la Ligue et à 75% chez ceux du M5S. En comparaison, à la même question, les Français seraient 58% à refuser d'accueillir les migrants arrivant sur les côtes italiennes et grecques et 64% à refuser précisément de voir l'Aquarius accoster en France, selon un sondage Atlantico- Ifop.
Matteo Salvini sort ainsi renforcé de cette séquence. Et bien qu'un navire des gardes-côtes italiens soit arrivé ce 20 juin dans le port de Pozzallo (pointe sud de la Sicile) où il devait débarquer plus de 500 migrants, l'homme fort du gouvernement italien a suggéré le même jour à Madrid d’accueillir les passagers des quatre prochains bateaux secourus au large de la Libye. Il a également annoncé qu'il se rendrait dans le pays d'où partent la plupart des migrants qui débarquent en Italie «dans les prochains jours».