«Avec cent lapins, on ne fabriquera jamais un cheval, avec cent soupçons, on ne fabriquera jamais une preuve» : Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a invoqué le 29 mars un passage de Crime et châtiment de Dostoïevsky pour répondre à Boris Johnson, secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères qui avait cité le célèbre auteur russe plus tôt le même jour au sujet de l'affaire Skripal. «Contrairement à vous, nous lisons, aimons et connaissons Dostoïevsky», a rétorqué Maria Zakharova à son homologue britannique, lui demandant s'il avait réussi à dépasser le début du roman. La porte-parole russe a ajouté que lire réellement Dostoïevsky serait bon pour le ministre britannique.
«Tony Blair pourrait jouer le rôle de Raskolnikov, l'assassin et personnage principal de Crime et châtiment. Tout le monde savait qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive en Irak, et ensuite Tony Blair a présenté des excuses», a poursuivi Maria Zakharova. Une référence à la guerre en Irak menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en 2003, sous prétexte que Saddam Hussein aurait détenu des armes de destruction massive. Ce qui s'est révélé être une accusation sans fondement a entraîné plus d'un million de morts et la destruction de l'Irak. Tony Blair, alors Premier ministre avait joué un rôle actif dans cette guerre. En 2016, il a déclaré regretter profondément sa décision de rejoindre la coalition américaine et d'envahir l'Irak en 2003.
Boris Johnson avait déclaré le 29 mars que la complicité de la Russie dans l'empoisonnement de l'ancien agent double Sergueï Skripal était «comme le début de Crime et Châtiment dans le sens où nous connaissons tous le coupable, et que la seule question est de savoir s'il va avouer [son crime] ou se faire prendre».
Le 4 mars, l'ancien agent double Sergueï Skripal et sa fille de 33 ans ont été victimes d'un empoisonnement à Salisburry, dans le sud de l'Angleterre. Le 14 mars, Londres avait désigné Moscou comme responsable de cette attaque sur son territoire. Le Royaume-Uni avait par conséquent décidé d'expulser 23 diplomates russes et annoncé le gel des relations bilatérales. La Russie, qui clame son innocence et accuse Londres de ne «pas vouloir entendre les réponses», a riposté en ordonnant l'expulsion de diplomates britanniques et la fin des activités du British Council sur son territoire.