L'écrivain Michel Collon dément l'un des plus grands mensonges médiatiques qui entourait la guerre en Yougoslavie.
Tony Blair a fini par avouer (un peu) sur les «armes de destruction massive». Mais la presse n’a pas relevé que Blair ne s’est nullement excusé pour avoir pareillement menti contre la Yougoslavie en 1999.
Qui fabriqua le médiamensonge des «armes de destruction massive de Saddam Hussein» ? C’était un conseiller de Tony Blair : Alastair Campbell, son psy ops («psychological operations»). Un professionnel du conditionnement de l’opinion.
Or, c’est le même Campbell qui nous avait «informés» sur le Kosovo en 1999. C’est lui qui préparait les conférences de presse du porte-parole de l’OTAN, Jamie Shea. Blair avait commencé à bombarder la Yougoslavie mais jugeait la «com» de l’OTAN pas assez «pro». Après quelques jours, il envoya donc Shea à Bruxelles. Soigneusement briefé par Campbell dont l’équipe fabriquait un médiamensonge par jour.
Sur l’Irak Campbell fut finalement démasqué et démissionna pour protéger Blair. Mais en 1999, lui et ses collègues US avaient réussi, en toute impunité à ce jour, un véritable chef d’oeuvre de désinformation. La guerre médiatique contre la Yougoslavie fut une des plus réussies de l’Histoire :
- On cacha, comme d’habitude, l’Histoire réelle de cette province.
- On déforma grossièrement le discours central de Milosevic sur le Kosovo.
- On refusa de négocier avec Milosevic, tout en prétendant que c’était lui qui refusait.
- On inventa un plan serbe («Fer-à-Cheval») de nettoyage ethnique. Bidon.
- On présenta comme «combattants de la liberté» le mouvement UCK qu’on qualifiait de terroriste quelques mois plus tôt, car lui pratiquait le nettoyage ethnique.
- On mit en scène un «massacre de civils» à Racak. Il s’agissait de combattants UCK.
- On attribua à l’armée et à la police serbes la mort de civils tués par leurs adversaires.
- On annonça des charniers de masse et «cent mille victimes des Serbes». Démenti total par les autopsies des légistes internationaux après-guerre.
- L’OTAN empêcha toute enquête sur ses propres crimes de guerre dont la destruction d’objectifs économiques et civils (interdite par le droit international).
- On exclut les experts et analystes indépendants dans quasi tous les médias occidentaux.
Cette propagande de guerre de Campbell a manipulé l’opinion occidentale avec des résultats remarquables. Même des gens de gauche croient, aujourd’hui encore, à la version de l’OTAN.
Pourtant, la vérité n’était pas très compliquée à appréhender. En 2000, sur base de mon livre Monopoly analysant les médiamensonges, j’en débattis publiquement à Bruxelles avec Jamie Shea, porte-parole de l’OTAN. A la moitié du débat, il s’enfuit littéralement (filmé par Canal Plus). Plus tard, un autre grand menteur, Bernard Kouchner, me menaça d’une plainte en justice si je ne retirais pas de mon site mon article « Oui, Bernard Kouchner mentait ». Je lui proposai alors un débat pour laisser le public trancher entre nous deux. Kouchner s’enfuit de même.
Rien d’extraordinaire : j’avais simplement enquêté sans préjugés, analysé les intérêts économiques et stratégiques des puissances occidentales et rappelé les techniques de médiamensonges des guerres précédentes.
Campbell a donc manipulé l’opinion mondiale sur l’Irak et sur la Yougoslavie. Seraient-ce deux exceptions ? Qui pense sérieusement qu’on nous a dit la vérité durant les autres guerres ?
Tony Blair vient d’avouer. Trop tard, trop peu et en camouflant l’essentiel, mais ça permettrait quand même de rouvrir le débat. Il est établi de façon incontestable qu’on nous a menti alors qu’il était possible d’éviter la guerre, toutes ces souffrances et ces destructions ! A quand les aveux des deux Clinton, Sarkozy, Kouchner, Juppé, Hollande, Fabius, Valls, Cameron et autres vendeurs de «guerres humanitaires» ? Cela dépend de nous. Cela passerait par une commission d’enquête indépendante sur l’ensemble des propagandes de guerre.
J’appelle chacun à tirer les leçons des aveux de Blair et à en débattre. N’est-ce pas notre devoir de solidarité envers les peuples agressés d’hier et surtout ceux menacés demain ? Serons-nous toujours en retard sur la vérité ou bien pourrons-nous arrêter la prochaine guerre dite «humanitaire» ?
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