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Représailles : la Russie ferme le consulat américain de Saint-Pétersbourg et expulse 60 diplomates

Moscou a annoncé l'expulsion de 60 diplomates américains, soit autant que les membres du corps diplomatique russes sommés de quitter les Etats-Unis. La Russie a également décidé de fermer la représentation consulaire américaine de Saint-Pétersbourg.

S'exprimant lors d'une conférence de presse commune à Moscou ce 29 mars avec Staffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé l'expulsion de 60 diplomates américains de Russie. Le nombre est le même que celui des diplomates russes que les Etats-Unis ont décidé d'expulser, dans le cadre de l'affaire Skripal.

Le chef de la diplomatie russe a précisé que les membres du corps diplomatique américain avaient deux jours pour cesser leur activité.

Dans la soirée du 29 mars, le département d'Etat américain a renchéri, annonçant que Washington se réservait le droit de riposter à la décision russe.

Après l'annonce par une vingtaine d'Etats de l'expulsion de plus de 100 diplomates russes le 26 mars, Moscou, regrettant un signal inamical envoyé par l'Occident, avait immédiatement fait savoir que des mesures russes de rétorsion seraient prises. Les Etats-Unis pour leur part avaient annoncé l'expulsion de 60 diplomates, requalifiés au passage d'«espions» russes, dans le cadre d'une action coordonnée entre pays occidentaux pour répondre à l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille au Royaume-Uni.

Moscou appelle à une réunion de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques

Sergueï Lavrov a en outre demandé une réunion de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et proposé la date du 2 avril 2018, afin d'avoir «une conversation franche» concernant l'affaire Skripal. Le ministre russe a fait savoir qu'un refus des «partenaires européens» serait la «preuve» que l'empoisonnement de l'ex-agent double russe à Salisbury était une «provocation».

Le 14 mars dernier, le représentant russe auprès des Nations unies Vassili Nebenzia soulignait que le Royaume-Uni avait fait le choix de porter l'affaire Skripal devant l'ONU et non devant La Haye, soit l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Un choix qui, selon lui, révèle la crainte que nourrirait Londres de devoir se confronter à une «enquête professionnelle».

A qui profite le crime ?

Le diplomate russe avait également estimé que la provenance la plus probable de l'agent innervant utilisé à Salisbury au début du mois «se trouv[ait] dans les pays où, depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui, des études intensives sur ces substances, y compris le Royaume-Uni, ont été menées». Il avait en outre assuré que la Russie était prête à mener une «enquête conjointe» avec le Royaume-Uni sur cet incident, rappelant que Moscou n'avait «rien à cacher» et que la Russie avait demandé à ce que la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU se déroule en public et non à huis clos comme le désirait Londres. «A qui profite le crime ?», s'était-il interrogé devant ses homologues.

Ce même 14 mars, Londres avait désigné Moscou comme responsable de l'empoisonnement de Sergueï Skripal. Le Royaume-Uni avait par conséquent décidé d'expulser 23 diplomates russes et annoncé le gel des relations bilatérales. La Russie, qui clame son innocence et accuse Londres de ne «pas vouloir entendre les réponses», avait riposté en ordonnant l'expulsion de diplomates britanniques et la fin des activités du British Council sur son territoire.

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