La Russie regrette la décision de gouvernements occidentaux, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, d'expulser des diplomates russes, en raison de l'empoisonnement de l'ex agent-double russe Sergueï Skripal sur le sol britannique. Réaffirmant son innocence dans cette affaire, Moscou a déclaré le 26 mars par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, que la réponse russe à ces décisions serait basée sur le principe de la réciprocité. «Nous regrettons cette décision qu'ils expliquent par la prétendue affaire Skripal. Nous l'avons déjà dit et nous le répétons : la Russie n'a jamais eu et n'a rien à voir avec cette affaire», a ainsi fait savoir le porte-parole du Kremlin.
Il a également fait savoir que ce serait le président Vladimir Poutine qui prendrait une décision définitive, quant à la forme précise des mesures de rétorsion.
Le ministère russe des Affaires étrangères a en outre qualifié de «provocation» ces expulsions de diplomates, les décrivant comme une décision inamicale de la part des Occidentaux. Dans un communiqué, la diplomatie russe a affirmé que les pays en question faisaient ainsi le jeu de Londres, qui «a pris de facto une position fondée sur des préjugés, biaisée et hypocrite, produisant des accusations infondées contre la Fédération de Russie, sans explications sur ce qui s'est passé et en refusant la coopération». La «solidarité» exprimée par les pays occidentaux vis-à-vis de Londres «nuit à l'enquête» sur l'affaire Skripal et contredit le droit international, selon le ministère russe.
La Russie réaffirme par ailleurs qu'elle souhaite «connaître la vérité sur l'empoisonnement des citoyens russes [l'ex-agent double et sa fille] sur le sol britannique». «Malgré nos demandes répétées à Londres, la partie russe n'a obtenu [du Royaume-Uni] aucune information sur l'affaire. Les alliés des Britanniques ont agi sans disposer de données objectives et exhaustives, et suivent aveuglément les principes de l'unité euro-atlantique, défiant le bon sens, les principes du dialogue civilisé entre les Etats et le droit international», a enfin regretté la diplomatie russe, ajoutant qu'un «mouvement aussi hostile» de la part de ces pays ne resterait pas sans réponse.
Ambassadeur russe à Paris : «Nous sommes profondément déçus»
En ce qui concerne le cas précis de la France, l'ambassadeur de Russie à Paris, Alexeï Mechkov, a déclaré que les Russes étaient «profondément déçus de cette initiative de la part de [leurs] collègues français ». Cette décision d’expulser des diplomates a été prise, selon lui, «sans avoir attendu les résultats de l’enquête» sur l'affaire Skripal. Qualifiant l’accusation britannique, sur laquelle se fondent les pays occidentaux, de «provocation sale», l’ambassadeur a affirmé que la Fédération de Russie se réservait le droit de répondre de façon adéquate.
Les relations russo-américaines au plus bas
Concernant le cas des diplomates russes expulsés des Etats-Unis, une source du ministère des Affaires étrangères russes citée par l'agence RIA a déclaré, plus tôt dans la journée : «La réponse sera symétrique, nous y travaillerons dans les prochains jours et nous répondrons tour à tour à chaque pays.»
En outre,à Washington, l'ambassadeur de Russie, a déclaré que la décision américaine d'expulser des diplomates russes était «injustifiée» et qu'elle aggravait, encore, les relations russo-américaines. Anatoly Antonov a également regretté que les Etats-Unis ne semblent comprendre que la force, selon l'agence RIA.
19 Etats occidentaux ont décidé le 26 mars d'expulser plus de 100 diplomates russes, en lien avec l'affaire Skripal. Londres a désigné Moscou le 14 mars comme étant responsable de l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal le 4 mars, à Salisbury. Le Royaume-Uni avait alors décidé d'expulser 23 diplomates russes et annoncé le gel des relations bilatérales. La Russie, qui clame son innocence et accuse Londres de ne «pas vouloir entendre les réponses», avait ordonné en représailles l'expulsion de diplomates britanniques et la fin des activités du British Council sur son territoire. Le 23 mars, les 28 pays de l'Union européenne, emboîtant le pas au Royaume-Uni, avaient à leur tour jugé «très probable» la culpabilité de la Russie, bien que certains pays comme l'Italie ou la Grèce ont tenu à exprimer une position plus tempérée.