Affaire Skripal : ces pays européens pas complètement alignés sur les Britanniques
Alors qu'Emmanuel Macron a déclaré ce 23 mars que l'empoisonnement de l'ex-espion Skripal était une «atteinte à la souveraineté européenne», plusieurs pays comme l'Italie ou la Grèce appellent à la prudence quant à une condamnation de la Russie.
Alors qu'Emmanuel Macron réitère son soutien à Theresa May et le Royaume-Uni dans l'affaire Skripal, allant jusqu'à dire que l'empoisonnement de l'ex-agent double russe et de sa fille était une «atteinte à la souveraineté européenne», certains pays européens se montrent plus prudents dans leur prise de position vis-à-vis de la Russie.
La Grèce et Chypre, qui entretiennent traditionnellement d'excellentes relations avec la Russie, font partie, avec l'Italie et l'Autriche, des pays les plus réticents à condamner la Russie pour l'empoisonnement, le 4 mars, de l'ex-agent russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, hospitalisés depuis dans un état grave.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a fait preuve de prudence avant de lancer des accusations et des menaces contre la Russie, tandis que le Royaume-Uni a décidé, sans attendre les conclusions de l'enquête, d'expulser 23 ambassadeurs russes.
«Nous devons exprimer notre solidarité vis-à-vis du Royaume-Uni et des Britanniques, mais nous devons en même temps attendre les résultats de l'enquête», avait déclaré Alexis Tsipras dans des propos relayés par The Guardian le 22 mars. Il a ajouté sur Twitter que la Grèce devait agir avec «responsabilité».
We have to express solidarity to the British people for the Salisbury case, but we also need to be responsible on that issue. We have to be very straight with Turkey for its obligation to respect international law, while keeping the doors of dialogue open. https://t.co/pBE63cWioN
— Alexis Tsipras (@tsipras_eu) 22 mars 2018
Tout comme la Grèce, Chypre, l’Autriche et les Pays-Bas entendent également rester mesurés et veulent éviter d'adopter des mesures trop radicales contre la Russie. L'Autriche, par la voix de son chancelier Sebastian Kurz, a d'ailleurs annoncé qu'elle n'avait pas l'intention d'expulser de diplomates Russes. En effet, il considère important de maintenir des canaux de communication ouverts avec la Russie.
Par ailleurs, Boïko Borissov, Premier ministre de la Bulgarie qui assume la présidence tournante de l'UE, a déclaré attendre plus de preuves pour que «la probabilité élevée [de l'implication de la Russie] devienne certitude».
«Nous sommes tous avec le Royaume-Uni, mais je suis juriste de profession et donc je vais d'abord écouter Theresa May et ensuite en tirer les conclusions», a pour sa part commenté le Premier ministre du Luxembourg, Xavier Bettel.
Quant à la ligne italienne, celle-ci reste floue après la rencontre des chefs d'Etat européens le 22 mars. Si le président du Conseil italien Paolo Gentiloni a déclaré être en phase avec les conclusions du Conseil européen (qui affirme une responsabilité très probable de la Russie dans l'empoisonnement), il a, malgré tout, souhaité que «cette condamnation ne donne pas automatiquement lieu à une escalade» des sanctions. Ainsi, pour lui, «les espaces de dialogue, nécessaires, avec la Russie ne doivent pas se fermer», rappelant que ceux-ci «sont importants à un moment géopolitiquement délicat».
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, après avoir félicité directement Vladimir Poutine pour sa réélection, souhaiterait, quant à lui, rétablir une coopération avec la Russie.
Le 22 mars, les partenaires européens du Royaume-Uni ont apporté à celui-ci un soutien unanime à Bruxelles, dans un rare exemple de solidarité des 28 sur fond de Brexit, en accusant Moscou d'être «très probablement» derrière l'empoisonnement de l'ancien espion russe Sergueï Skripal. Plusieurs pays de l'Union européenne ont annoncé qu'ils prendraient des mesures contre la Russie dans les prochains jours.