Législatives en Italie : quatre ténors en lice et une issue incertaine
Si aucune coalition majoritaire ne sort des élections législatives du 4 mars en Italie, l'UE pourrait connaître une période de turbulences. Renzi, di Maio, Salvini ou encore Berlusconi, de retour à 81 ans... qui sont les protagonistes de ce scrutin ?
Le 4 mars 2018, les Italiens doivent élire quelque 315 sénateurs et 630 députés, après la dissolution du Parlement prononcée le 28 décembre dernier, un peu plus d'un an après l'échec retentissant en décembre 2016 du référendum porté par l'alors président du Conseil, le pro-Union européenne (UE) Matteo Renzi.
A la veille du scrutin, quatre figures se distinguent.
Parti : Mouvement cinq étoiles (M5S)
Cote dans les sondages : 27,6%
Programme : démocratie directe, pas d'hommes politiques de carrière, pas de coalitions
Phrase choc :
L'Italie a importé 40% de ses criminels de la Roumanie. Dans le même temps, la Roumanie importe notre business et du capital italien. Quelle bonne affaire, cette Union européenne !
Avec la mise en retrait de l'humoriste Beppe Grillo, fondateur du Mouvement cinq étoiles (M5S) en 2009, c'est son protégé, Luigi di Maio, qui a pris sa place en septembre 2017. Ce dernier se trouve à la tête d'un mouvement qui caracole en tête des sondages italiens. Mais la principale faiblesse du M5S, qui se présente comme anti-système, est de refuser, assez logiquement, toute alliance avec les autres partis. Or, dans le système parlementaire italien, l'accession au pouvoir est pratiquement impossible sans disposer d'une coalition. Malgré une modération récente, concernant la pertinence d'un référendum sur la sortie de l'Italie de l'eurozone, le M5S reste clairement anti-immigration et souverainiste.
Parti: Parti démocrate (PD)
Cote dans les sondages : 22,8%
Programme : Intégration européenne, cohésion sociale et impôt progressif
Phrase choc :
Je ne suis pas ici pour présenter le futur de demain. Pour mon pays, le futur, c'est maintenant, pas demain
Avec 111 sièges, le parti de Matteo Renzi est la plus grande formation représentée au Parlement italien. Le Parti démocrate (PD) est de centre-gauche et pro-européen. Matteo Renzi a choisi comme slogan «In cammino», «En marche» en italien, référence, assez claire à Emmanuel Macron. «Je le dis aux électeurs de la gauche radicale et aussi aux modérés : seul le vote en faveur du PD garantit de ne pas laisser ce pays aux mains de Matteo Salvini», a-t-il averti ce 2 mars, juste avant le début du silence électoral, brandissant la menace d'une alliance entre forces anti-Union européenne à l'issue du scrutin.
Toutefois, face à une opinion publique de plus en plus inquiète de la crise migratoire, Matteo Renzi, à l'instar d'Angela Merkel lors de la campagne des législatives allemandes en 2017, a pris des positions un peu plus dures qu'auparavant à l'égard de l'immigration. «Nous n'avons pas le devoir moral d'accueillir en Italie les personnes qui vont plus mal que nous», avait-il écrit dans un livre-programme en juillet 2017.
Parti : Forza Italia (FI)
Cote dans les sondages : 16,7%
Programme : pro-business, pro-Union européenne... mais pour le renvoi massif des migrants
Phrase choc :
Je suis le Jésus Christ de la politique. Je suis une victime patiente, je m'entends avec tout le monde, je me sacrifie pour tout le monde
Condamné pour fraude – il ne pourra prétendre à la présidence du Conseil –, banni du Sénat italien en 2013, contraint de démissionner de son poste de président du Conseil en 2011 sur fond de désaccords avec Angela Merkel et Nicolas Sarkozy... Silvio Berlusconi est un revenant. Et le milliardaire, magnat des médias, tient même sa revanche : une position d'arbitre dans des élections où les alliances politiques détermineront le dirigeant de l'Italie. Il se plaît à être de nouveau courtisé par des dirigeants européens, inquiet de voir une alliance anti-européenne accéder au pouvoir.
Alliant libéralisme économique et conservatisme, son parti, Forza Italia, pourrait être classé au centre-droit. A un détail près, conséquence de la place centrale dans la vie politique italienne qu'occupe désormais la question de la crise migratoire. Il Cavaliere, comme on le surnomme, parvient en effet à concilier une position pro-européenne et une promesse de règlement radical de l'immigration illégale : l'expulsion de centaines de milliers de migrants d'Italie.
Parti : La Ligue (ex-Ligue du Nord)
Cote dans les sondages : 13,4%
Programme : eurosceptique, fermeté face aux migrants et expulsions, baisse des impôts
Phrase choc :
Le problème de la présence musulmane est de plus en plus inquiétante. Et je doute de la compatibilité entre la loi italienne et la loi musulmane, car, oui, ce n'est pas juste une religion mais une loi
Pour Matteo Salvini, l'euro est un «crime contre l'humanité» : autant dire sans risque qu'il n'est pas un très grand fan de la monnaie unique et, partant, de l'intégration européenne telle qu'elle a jusqu'à présent été menée. Sous la direction de Matteo Salvini depuis 2013, la Ligue (ex-Ligue du Nord pour l'indépendance de la Padanie) a amendé sa ligne régionaliste pour prendre un tournant plus national, anti-immigration et même franchement anti-islamisation.
La Ligue, à l'instar des indépendantistes flamands en Belgique, fait traditionnellement valoir les performances économiques du Nord de l'Italie et déplore les transferts fiscaux en faveur des régions méridionales plus pauvres. Ce point de son programme n'est toutefois pas mis en avant lors de cette campagne, la Ligue fait partie d'une coalition aux côtés de Forza Italia et d'autres partis de droite et de centre-droit plus modérés.
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