«Personne ne pourra arrêter la Turquie» : Ankara menace Damas si elle soutient les Kurdes à Afrin
La Turquie a menacé clairement Damas d'une confrontation dans le cas où elle interviendrait aux côtés des milices kurdes, elles-mêmes appuyées par les Etats-Unis, dans la région syrienne d'Afrin, où la situation devient chaque jour plus explosive.
Où s'arrêtera l'action de la Turquie dans le nord de la Syrie ? Après avoir appelé les Etats-Unis à retirer leurs soldats de la ville syrienne de Minbej, contrôlée par les Kurdes, Ankara menace de s'en prendre à Damas. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a ainsi très clairement mis en garde les autorités syriennes ce 19 février, alors que les Kurdes, ciblés par une offensive des forces armées turques à Afrin, en Syrie, ont fait appel à Damas.
«Si le régime entre dans la région d'Afrin pour la débarrasser du PKK, des YPG [Unités de protection du peuple kurdes, entité considérée comme terroriste par Ankara], il n'y a pas de problème», a-t-il commencé, cité par l'agence officielle turque Anadolu, avant de poursuivre : «S'ils viennent pour protéger les YPG, alors personne ne pourra arrêter la Turquie et les soldats turcs.»
Le chef de la diplomatie turque en a même profité pour étendre sa menace. «Cela ne vaut pas seulement pour Afrin, mais aussi pour Minbej et pour l'est de l'Euphrate», a-t-il précisé, définissant ainsi un pré carré correspondant à une large portion du nord syrien sous contrôle kurde.
Après une première opération «Bouclier de l'Euphrate» d'août 2016 à mars 2017, la Turquie a lancé le 20 janvier 2018 celle du «Rameau d'olivier» en territoire syrien, avec le même but : contenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition arabo-kurde dominée par les YPG kurdes, et empêcher la formation de tout ce qui pourrait ressembler à un territoire administré par des Kurdes à sa frontière.
Turquie, Syrie et Etats-Unis : vers une confrontation ouverte ?
La situation dans le nord de la Syrie s'est fortement dégradée après l'annonce faite le 14 janvier dernier par les Etats-Unis de la formation d'une force de quelque 30 000 gardes-frontière s'appuyant sur les FDS, provoquant l'ire d'Ankara. La Turquie a même fait légèrement reculer Washington, son allié supposé au sein de l'OTAN, qui a dit comprendre les inquiétudes turques en matière de menace terroriste. Pourtant, dernier épisode en date, une source kurde a affirmé le 18 février que Damas, qui demande régulièrement aux forces turques et américaines de quitter son territoire, aurait trouvé un accord avec les YPG pour entrer dans Afrin.
#Syrie 🇸🇾 : Ankara lance l'offensive sur #Afrin, Washington face aux contradictions de sa politique #kurde
— RT France (@RTenfrancais) 19 janvier 2018
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L'information n'a pas été confirmée par le gouvernement syrien mais la télévision publique syrienne a confirmé le 19 février que des forces pro-Damas s'apprêtaient à pénétrer dans Afrin. D'après Reuters, au coucher du soleil, aucun signe de déploiement n'avait été constaté.
Un autre responsable kurde, cité par Reuters a ensuite démenti, ce même 19 février, qu'un accord avait été passé entre Damas et les YPG. «Il n'y a pas d'accord. Il y a seulement eu un appel de notre part pour que l'armée syrienne intervienne et protège les frontières», a précisé Nouri Mahmoud, porte-parole des YPG, également cité par Reuters. Coup de bluff ou preuve supplémentaire de la confusion qui règne dans cette partie de la Syrie ?
Alexandre Keller