Syrie : Ankara appelle Washington à retirer «immédiatement» ses soldats de la ville de Minbej
Le chef de la diplomatie turque a appelé le 27 janvier les Etats-Unis à retirer «immédiatement» leurs militaires déployés à Minbej, ville du nord de la Syrie contrôlée par une milice kurde contre laquelle Ankara a lancé une offensive.
«Il faut qu'ils se retirent immédiatement de Minbej», a déclaré le 27 janvier le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, en référence aux soldats américains, alors que le président Recep Tayyip Erdogan avait menacé la veille d'étendre à la ville de Minbej l'offensive qu'Ankara mène actuellement dans le nord-ouest de la Syrie, contre la milice kurde les Unités de protection du peuple (YPG).
Minbej est actuellement contrôlée par les YPG, une milice kurde alliée des Etats-Unis et considérée comme terroriste par Ankara.
En #Syrie, #Erdogan annonce une opération qui pourrait mener à une confrontation directe avec l'armée américaine #Manbij#Minbej
— RT France (@RTenfrancais) 26 janvier 2018
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«Il faut que les Etats-Unis rompent totalement avec [les YPG], qu'ils récupèrent les armes qu'ils leur ont données», a ajouté Mevlüt Cavusoglu.
Le nord de la Syrie, zone de tensions entre la Turquie et les Etats-Unis
Selon la présidence turque, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Herbert Raymond McMaster a réitéré au porte-parole du chef de l'Etat turc Ibrahim Kalin, que Washington ne fournirait plus d'armes aux YPG, dans un entretien téléphonique le 26 janvier. «Au-delà des paroles, nous voulons maintenant voir des actions concrètes», a commenté Mevlüt Cavusoglu.
Ce 25 janvier, un porte-parole du Pentagone, cité par l'AFP, avait affirmé que des militaires américains et turcs discutaient de la possibilité de créer une «zone de sécurité» à la frontière turque, mais qu'il s'agissait pour le moment «seulement d'une idée». Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu avait peu avant évoqué cette option, parlant d'une zone tampon de 30 km de profondeur. Il avait toutefois estimé qu'il fallait, avant d'en discuter, «rétablir la confiance» entre Ankara et Washington.
Toujours le 25 janvier pour une interview accordée à la chaîne turque A Haber, le vice-Premier ministre turc et porte-parole du gouvernement, Bekir Bozdag, avait mis en demeure Washington de cesser de soutenir les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition composée notamment de miliciens des YPG, dans le nord de la Syrie. «Les Etats-Unis doivent ré-examiner [la présence de] leurs soldats et autres éléments, lesquels soutiennent les terroristes, de façon à éviter une confrontation directe avec la Turquie», avait-il averti. «Ceux qui soutiennent les organisations terroristes seront pris pour cible dans cette bataille», avait-il encore prévenu.
Dans un discours télévisé le 26 janvier, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà évoqué la possibilité d'une extension de l'offensive lancée par l'armée turque en Syrie contre la ville d'Afrin, tenue par les Kurdes. Assurant vouloir éliminer toute présence de miliciens kurdes, le chef d'Etat turc avait donc promis de «nettoyer» la ville de Minbej, située à une centaine de kilomètres à l'est d'Afrin.
Depuis le 20 janvier, l'armée turque a lancé une offensive, l'opération «Rameau d'olivier», contre le district d'Afrin tenu par des milices kurdes, peu après que Washington a annoncé la création d'une force frontalière dans le nord de la Syrie.