«Trump a harcelé ou agressé vingt femmes» : un artiste invite le Congrès à enquêter (IMAGES)
- Avec AFP
Alors que le président américain Donald Trump prononçait le traditionnel discours sur l'état de l'Union le 30 janvier, un artiste diffusait des slogans l'accusant de viol sur la façade de l'International Trump Hotel à Washington.
L'artiste Robin Bell illumine régulièrement depuis un an la façade du Trump International Hotel à Washington pour dénoncer «visuellement» le comportement du président américain. Le 30 janvier dans la soirée, en plein pendant le traditionnel discours sur l'état de l'Union du président américain, il a renouvelé l'expérience en projetant les mots : «Donald Trump a harcelé ou agressé vingt femmes» et «Congrès : enquêtez sur Trump» au-dessus d'une des entrées du luxueux hôtel de l'ancien magnat de l'immobilier, situé sur l'avenue Pennsylvania, non loin du Capitole, peu avant le discours très attendu du président. «Le jour du discours sur l'état de l'Union, il est important de souligner que Donald Trump est un prédateur sexuel», accuse Natalie Green, de l'organisation Ultraviolet, qui collabore à l'opération.
Tonight we projected "Donald Trump harassed or
— robin bell (@bellvisuals) 31 janvier 2018
assaulted TWENTY women." with @UltraViolet on the Trump Hotel. #sotu#resist
photos by @liz_gormanpic.twitter.com/V8bahCUzB7
Au mois de décembre 2017, trois femmes ont demandé au Congrès d'ouvrir une enquête sur les agissements du président américain, deux d'entre elles ayant notamment assuré avoir été victimes d'agression sexuelle de sa part. «Le Congrès a le devoir constitutionnel de croire ces femmes et de déclencher une enquête, et ce sera une honte nationale s'il ne le fait pas», ajoute Natalie Green.
The State of Resistance is Strong #resist#sotupic.twitter.com/P2aIQBE4rZ
— robin bell (@bellvisuals) 31 janvier 2018
La projection a été préparée comme une opération commando. Robin Bell fait ses essais hors de portée des policiers en faction devant l'hôtel puis s'installe sur le trottoir en face du bâtiment, jusqu'à l'intervention de la police. La performance dure «entre deux et quarante minutes, cela dépend de la vitesse de réaction de la sécurité de l'hôtel», dit-il à l'AFP.
Bell, qui prône la non-violence et utilise l'art comme arme politique, assure être dans la légalité : il fait usage de sa liberté d'expression, protégée par le premier amendement de la Constitution américaine, reste sur le domaine public et ne commet pas de dégradations sur le bâtiment.
Je pense que ce que fait l'administration Trump est tout simplement honteux
«Je suis content, notre message est passé», dit-il après une dizaine de minutes. «Notre pays est fondé sur des gens venus du monde entier et sur la façon dont nous interagissons», explique-t-il. «Je pense que ce que fait l'administration Trump est tout simplement honteux et nous faisons tout ce que nous pouvons pour mettre en lumière cela et dire non, ce n'est pas correct.»
Une performance artistique récurrente
Agé de 39 ans et originaire de Washington, Robin Bell a organisé près d'une vingtaine d'opérations nocturnes depuis l'élection de Donald Trump en novembre 2016.
Le 27 janvier, il avait marqué le premier anniversaire du décret migratoire de l'administration Trump en projetant les slogans «#nomuslimbanever» («Le "Muslim Ban", jamais») et «Reject Trump Hate» («Rejetez la haine de Trump»). Cette mesure, prise au nom de la lutte contre le terrorisme, est dénoncée comme discriminatoire envers les musulmans.
Projecting with #nomuslimbanever stories of people affected by travel ban on Trump Hotel DC https://t.co/lgvyXLHRov
— robin bell (@bellvisuals) 27 janvier 2018
Le 14 janvier, il avait également projeté le mot «shithole» (traduit par «pays de merde» dans la presse française) que Donald Trump aurait utilisé pour qualifier des pays africains lors d'une rencontre avec des parlementaires. Ces propos ont provoqué un tollé international même si le président américain a nié les avoir tenus. «Pas un habitant de Washington? Besoin d'un logement? Essayez notre hôtel de merde», proclamait un autre message sur le Trump International Hotel, le tout agrémenté d'emojis en forme d'étron.
Plusieurs autres performances, postées sur les réseaux sociaux, sont devenues virales. La photo du «shithole» a fait au minimum six millions de vues en 24 heures dans le monde entier, assure l'artiste et de conclure : «C'est très purificateur, affirme-t-il. Je me suis demandé ce que j'aurais fait quand des choses terribles arrivaient pendant la Seconde Guerre mondiale. Je projette juste des choses sur un mur, mais au moins c'est quelque chose.»