«Ils se battent juste pour le pétrole» : quand une figure du djihadisme français renie Daesh

«Ils se battent juste pour le pétrole» : quand une figure du djihadisme français renie Daesh© AFP / HO / YPG Source: AFP
Thomas Barnouin lors de son interrogatoire par les YPG.
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Thomas Barnouin, une figure du djihadisme toulousain arrêté par les YPG kurdes, s’est exprimé lors d'un interrogatoire filmé. Il a prétendu avoir tenté de s'opposer et de fuir l’organisation terroriste et l'a accusée de «se battre pour le pétrole».

C’était l’un des djihadistes français les plus recherchés, appartenant à la filière du Sud-Ouest dite d'Artigat. Thomas Barnouin a fini par tomber aux mains des YPG (les Unités de protection du peuple kurde), en Syrie le 17 décembre, en compagnie de deux autres djihadistes français, Romain Garnier et Thomas Collange. Dans une vidéo de neuf minutes diffusée le 10 janvier par les YPG, le djihadiste s’exprime dans un anglais approximatif, la plupart des temps les yeux baissés. Il y renie l’Etat islamique, selon lui avide de pétrole, et prétend avoir tenté de le quitter en décembre.

«J’ai fait partie de Daesh pendant quatre ans, mais j’ai compris qu’il s’agissait de criminels, alors j’ai essayé de les quitter mais je me suis fait arrêter par les forces démocratiques syriennes» (les FDS, coalition de groupes rebelles incluant des combattants des YPG), explique-t-il au début de l'interrogatoire mené par les Kurdes.

Thomas Barnouin y relate son itinéraire, déclarant être passé plusieurs fois par la Turquie pour rejoindre le califat, sans jamais être inquiété. Il explique que pour sa deuxième tentative de gagner la Syrie en 2014, avec ses deux enfants et son épouse, il passe d’Espagne en Turquie. «Aucune difficulté, j’étais étonné. Comme j’avais fait de la prison en France pour un motif terroriste, je pensais qu’en Turquie on me renverrait dans mon pays, mais en fait non. C’était très facile», avoue-t-il. 

Thomas Barnouin, au cours de son interrogatoire, tente de faire valoir qu’il a fini par douter de l’Etat islamique. «J’ai été arrêté par les forces de sécurité de Daesh en août 2017, parce que l’on s’est opposé à sa méthodologie. Je suis resté 105 jours dans les geôles de Daesh. Quand Daesh vous arrête, il n’y a pas de procès équitable, d’accusation. Ils vous arrêtent et vous jettent en prison», explique-t-il.

Il est difficile de savoir si ces aveux, favorables aux intérêts des combattants kurdes puisqu'ils dénoncent une supposée complaisance de la Turquie envers les djihadistes, ont été extorqués ou au moins téléguidés.

Un reniement de Daesh bien tardif

«J’ai décidé de quitter Daesh, alors j’ai parlé à mes amis français qui sont en ce moment avec nous en prison [chez les YPG]. On a trouvé un passeur, on a donné beaucoup d’argent et on s’est échappé début décembre», détaille également Thomas Barnouin. «Vous vous êtes rendus aux YPG ?», lui demande l’homme qui l’interroge. «Non, on a été arrêté. Le passeur nous a dit de ne pas nous rendre mais d’aller en Turquie, parce que c’est facile. On lui a donné beaucoup d’argent et voilà», répond le djihadiste français.

Ils ont juste fait une organisation pour piéger les musulmans

Lorsqu’il est questionné sur l'Etat islamique, Thomas Barnouin bat sa coulpe, mais semble réciter. «Je pense honnêtement que ce n’est qu'une création du renseignement baasiste [du parti Baas, ce mouvement nationaliste laïque au pouvoir à Bagdad de 1963 à la mort de Saddam Hussein en 2003 et en Syrie encore actuellement]. Ce n’est pas une organisation islamique sincère», juge le captif. «Elle a été montée par d’anciens baasistes, et des services secrets pour servir leur agenda en Syrie et au Moyen-Orient. Ce que je vois d’eux, c’est qu’ils ne sont pas honnêtes, ce sont des criminels. Ils veulent juste que les combattants meurent pour eux, ils ne se battent que pour le pétrole. J’ai commencé à comprendre que ces hommes irakiens, ces émirs saoudiens et ces Syriens, en ce qui concerne ces derniers, pas tous mais une petite partie d’entre eux, n’étaient pas sincères. Ils ont juste fait une organisation pour piéger les musulmans. Ils les ont fait venir et beaucoup d’entre eux sont morts dans les combats pour le pétrole. J’ai été trahi», conclut-il. 

Un salafiste convaincu par le djihadisme depuis 2005

Converti à l’islam en 1999, ce fils d'enseignants a d’abord été étudiant en histoire et langue arabe, avant de gagner l’Arabie saoudite en 2003 où il se familiarise avec les filières djihadistes en 2005, «convaincu par des imams d'Arabie saoudite» selon ses termes. En 2006, désireux de combattre les Américains en Irak, il est arrêté par les Syriens avant de franchir la frontière. Renvoyé en France, il sera condamné à trois ans de prison ferme en 2009. Après avoir purgé sa peine, il est contacté par «des musulmans qui [lui] disent qu’un Etat islamique s’organisait en Syrie». Ces hommes le convainquent de faire de djihad à leurs côtés. Sorti de prison, Thomas Barnouin quitte la France et parvient à rejoindre la Syrie en février 2014.

Une dizaine d'autres islamistes radicaux de la région Midi-Pyrénées avaient également fui pour rejoindre les rangs de Daesh : les frères Clain, considérés comme des «gourous» de Daesh et soupçonnés de figurer parmi les cerveaux des attentats de Paris de novembre 2015, mais aussi Sabri Essid, Imad Djelabi (condamné en octobre dernier à Paris à 15 ans de prison) ou encore Mohamed Megherbi, également arrêté par les YPG.

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