Trois hommes arrêtés pour le meurtre d'une journaliste maltaise, la famille critique l'enquête

Trois hommes arrêtés pour le meurtre d'une journaliste maltaise, la famille critique l'enquête© Matthew Mirabelli Source: AFP
Un des trois accusés quitte le tribunal de Valletta, à Malte.
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Trois Maltais ont été arrêtés pour le meurtre de Daphne Caruana Galizia, la journaliste qui mettait en cause les politiques maltais et avait sorti les Panama Papers. Sa famille, tenue à l'écart de l'enquête, met en cause la sincérité du pouvoir.

Trois hommes ont été inculpés pour le meurtre de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia. Deux frères, George et Alfred Degiorgio, 55 et 53 ans, et un troisième suspect Vincent Muscat, 55 ans, ont été entendus tard dans la nuit le 5 décembre, suite à leur arrestation la veille. Ils ont été accusés de meurtre, utilisation criminelle d’explosifs, conspiration criminelle et crime en bande organisée. Tous trois ont plaidé non coupables et ont été placés en détention.

Les trois hommes ont déjà un lourd passé judiciaire selon le magazine britannique The Independent. Ils ont notamment été impliqués dans le braquage d'une banque HSBC en 2010 à Qormi dans le sud de Malte. Vincent Muscat avait tiré 30 balles sur la police mais a été relâché sous caution, et les deux frères, cités au procès, n'avaient pas été condamnés.

La classe politique accusée de corruption, veut se blanchir

Depuis l'assassinat de la journaliste, ciblés par des accusations de corruption, les politiques communiquent abondamment. Le Premier ministre maltais en personne, Joseph Muscat s'est précipité pour annoncer l'arrestation, qui a mobilisé la police, les forces armées, les services secrets et a nécessité une coopération internationale, avec le FBI et la police finlandaise. 

Cible des piques de la journaliste qui l'accusait de corruption, Joseph Muscat était soupçonné de bénéficier des fonds d'une société écran, Egrant, appartenant à sa femme, approvisionné par des fonds versés par la fille du dirigeant d’Azerbaïdjan, comme l'a révélé The Guardian. Il avait toutefois promis dans une conférence de presse le 4 décembre qu’il retournerait «chaque pierre pour trouver le commanditaire de l’assassinat de la journaliste et ceux qui ont conduit l’attaque». 

Un peu moins adroit dans sa communication, le ministre de la Justice Owen Bonnici, Interrogé par Le Monde le 8 novembre, avait fait un énorme lapsus, en affirmant que la journaliste avait été tuée «par des politiques» avant de se corriger et d'ajouter «des criminels».

La famille de la journaliste ulcérée par les manœuvres du pouvoir 

La famille de la victime, en lutte permanente avec le pouvoir, qu'elle estime coupable directement ou indirectement de l'assassinat, a publié un texte suite aux arrestations. Elle dénonce le fait que le Premier ministre et non la police maltaise, ait annoncé sur Twitter les arrestations, sans en avertir avant tout la famille. «La famille a écrit au préfet de police à propos du manque de communication formel et des fuites constantes qui compromettent l'intégrité de l'enquête», se plaint-elle. Des lettres restées sans réponse. Elle fustige «les institutions ou officiels qui manquent à leurs devoirs et entravent l’enquête par incompétence ou malfaisance».

La famille de la journaliste a intenté une action en justice contre les forces de police maltaises et a affirmé que l'enquête ne pouvait être indépendante ou impartiale à cause des collusions entre le chef de l’enquête, Silvio Valletta, et le pouvoir. En effet, sa femme est une ministre du gouvernement, et tous deux étaient régulièrement pris à partie sur le blog de la journaliste.

Huit grands médias internationaux avaient aussi demandé la tenue d’une enquête indépendante, tout comme le Parlement européen le 17 novembre, qui a exprimé ses inquiétudes vis à vis de la loi, de la démocratie et des droits fondamentaux à Malte.

Après la mort de la journaliste, ses fils ont réclamé la démission de Joseph Muscat. L'un d'eux, Matthew Caruana Galizia a plusieurs fois incriminé les dignitaires du pays : le Premier ministre, Adrian Delia, le leader de l’opposition, Peter Grech, l’avocat général, en prétendant qu’ils avaient tous du sang sur les mains. 

Il a aussi évoqué le porte-parole du gouvernement maltais Kurt Farrugia, qu'il accuse d'avoir jadis harcelé sa mère avec des «textos abusifs» et qui demande aujourd'hui à apporter ses sources à l'enquête. Le fils de la journaliste a aussi blâmé un «gang d’escrocs», en référence à des avocats et consultants ayant concouru à bloquer les comptes bancaires de sa mère suite à un article accusateur.

Une journaliste qui dénonçait la corruption des puissants

La journaliste d'investigation Daphne Caruana Galizia enquêtait sur des scandales de corruption et des affaires de blanchiment d’argent et de trafic d’influence, et a participé à la grande enquête sur les Panama Papers. Elle ciblait régulièrement le pouvoir. En avril 2017, révélant l'affaire de la société-écran au Panama de la femme du Premier ministre, elle avait forcé ce dernier à convoquer des élections anticipées. Elle a aussi dénoncé les comptes offshore d’un ministre, contraint de dévoiler l'existence d’un trust familial en Nouvelle-Zélande. La journaliste a aussi accusé la figure de l'opposition Adrian Delia de posséder un compte à Jersey. Le 16 octobre, la journaliste a trouvé la mort dans l’explosion de sa voiture à quelques mètres de chez elle. Elle venait de poster ces derniers mots sur son blog : «Il y a des escrocs partout, la situation est désespérée.» 

Lire aussi : Panama Papers : une blogueuse maltaise à l'origine de révélations assassinée dans une voiture piégée

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