«L'islam modéré»: un concept inventé en Occident pour affaiblir la religion musulmane, selon Erdogan
Le 25 octobre, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a assuré vouloir faire de l'Arabie Saoudite un bastion pour «l'islam modéré». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réagi sèchement : «L'islam n'a pas à être modéré ou non modéré.»
Souvent défini comme un islamo-conservateur, le président turc Recep Tayyip Erdogan a défendu haut et fort sa vision de la religion musulmane, le 9 novembre, lors d'un colloque sur le thème des femmes dans le monde de l'entreprise, organisé à Ankara par l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Selon des propos rapportés par la presse turque, le président turc a déclaré : «L'islam n'a pas à être modéré ou non modéré.» Pour lui, l'«islam modéré» serait en effet un concept trouvant ses origines «en Occident». Or, «ce que [les personnes brandissant ce concept d'islam modéré] désirent réellement, c'est affaiblir l'islam», a asséné le dirigeant turc.
Ces propos faisaient écho aux récentes déclarations du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, qui avait formulé le vœu, fin octobre, d'une Arabie Saoudite qui serait le bastion d'un «islam modéré ouvert au monde». Partant, l'homme fort du royaume – qui contrôle les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l'économie – a récemment lancé plusieurs chantiers de réformes sociétales, telles que l'instauration du droit de conduire pour les femmes et l'ouverture de cinémas.
Vous dites que vous voulez retourner à un islam modéré mais, jusqu'à présent, vous ne permettiez pas à vos femmes de conduire une voiture
Pour autant, le président Erdogan a pris un malin plaisir à souligner ce qui constitue, selon lui, les paradoxes du haut dignitaire saoudien : «Vous dites que vous voulez retourner à un islam modéré mais, jusqu'à présent, vous ne permettiez pas à vos femmes de conduire une voiture. Y a-t-il une restriction dans l'islam interdisant aux femmes de conduire ? Il n'y a rien de tel.»
Outre des prétentions rivales à constituer une puissance majeure au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite et la Turquie voient leurs relations tendues par la crise du Qatar : Ankara a effectivement noué des liens étroits avec cet émirat, en froid avec les autres pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite.
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