Les Casques bleus à nouveau accusés de viol en Centrafrique

Les Casques bleus à nouveau accusés de viol en Centrafrique© Marco Longari
Patrouille de soldats sénégalais de la Minusca stationnés à Bangui en décembre 2015.
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Alors que les affrontements font toujours rage en Centrafrique, une jeune femme accuse des Casques bleus de l’avoir violée après l’avoir droguée, dans le sud du pays. Un forfait qui entache une fois de plus les militaires de l’ONU.

Une jeune fille de 19 ans a rapporté avoir été violée par un Casque bleu en Centrafrique. Selon son témoignage, cité dans un communiqué d'Amnesty publié le 11 octobre, elle se serait arrêtée le soir du 30 septembre à Bambari, une ville du sud du pays, près d’un point de contrôle géré par un groupe de Casques bleus mauritaniens, qui font partie de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). La nuit tombait, et elle explique qu'elle revenait d'un enterrement.

Selon les informations d'Amnesty international, comme elle ne se sentait pas très bien, la jeune fille aurait accepté le thé proposé par les soldats. Très peu de temps après, elle se serait évanouie et ne se serait réveillée que quelques heures plus tard, par terre, quasiment nue. Un gardien et un personnel médical d’une clinique proche du point de contrôle auraient découvert la jeune fille, qui leur aurait semblée malade et sous sédatifs. Tous deux ont déclaré à Amnesty qu’un soldat du checkpoint serait passé deux fois à la clinique pour demander où était la jeune fille.

«Nous avons des preuves évidentes qui suggèrent qu’au moins un Casque bleu mauritanien voire plus, a violé une jeune fille.»

Au réveil, capable de s’exprimer, la jeune fille aurait dit penser avoir été violée. Les analyses de l'hôpital auraient confirmé des traces de violences sexuelles, de sperme, ainsi que la présence de drogues dans son sang. La police aurait entendu la victime et les témoins, et aurait photographié des preuves sur les lieux du crime, comme un étui de préservatifs ou des traces de bottes.

«Nous avons des preuves évidentes qui suggèrent qu’au moins un Casque bleu mauritanien voire plus, a violé une jeune fille», a déclaré Joanne Mariner, conseillère de crise chez Amnesty International dans le communiqué. «Les autorités publiques de la ville de Bambari ont confirmé le viol et l’ONU est en train d’enquêter», ajoute-t-elle. Amnesty International s’appuie sur l’audition de la victime et de dix personnes en lien avec l’affaire.

«Les Casques bleus sont en Centrafrique pour protéger les civils de la violence, pas pour la perpétrer», fulmine Joanne Mariner.

La première enquête criminelle pour viol commis par des militaires en Centrafrique

Les autorités de Bambari ont lancé une enquête criminelle, qui est la première du genre impliquant des troupes de l’ONU en Centrafrique. Bien qu’il y ait eu à ce jour plusieurs allégations de viols impliquant les troupes de Bambari, aucun cas n’avait jusqu'à présent donné lieu à une enquête de ce type.

Les pays sont pourtant en devoir d’enquêter et de poursuivre les crimes de leurs soldats, selon les règles en vigueur aux Nations unies, mais ils ont jusqu'ici rechigné à poursuivre leurs militaires. Face à ce manque d’opiniâtreté, l'ONU réfléchit à des sanctions financières contre les Etats qui n'enquêtent pas.

Casques bleus de l’ONU et militaires français : plusieurs scandales liés à des viols

En 2013, la Centrafrique a été le siège d'affrontements qui ont viré au massacre entre les groupes armés Séléka, des rebelles en majorité musulmans opposés au président François Bozizé, et des milices à majorité chrétienne.

Pour faire cesser les violences dans le pays, dont la population est à 80% chrétienne, des forces françaises de l’opération «Sangaris», en 2013, puis la Minusca, en 2014, ont été déployées. Dès l’arrivée des militaires, les premières agressions sexuelles se seraient produites. Des allégations de crime persistent aujourd’hui alors qu'un calme relatif est revenu, malgré des affrontements sporadiques de groupes armés.

Lors de la présence française, de 2013 à 2016, des militaires français de l’opération «Sangaris» ont été accusé d'être impliqués dans une histoire de viol, dans un camp de réfugiés à Bangui. L’affaire était sortie en 2015 dans la presse, lorsque le quotidien britannique The Guardian avait divulgué une note interne de l'ONU relatant les auditions de six enfants âgés de 9 à 13 ans, qui dénonçaient des abus sexuels commis par des militaires dans le camp de déplacés. Mais le parquet français après enquête, avait décidé de requérir le non lieu.

En 2015, 69 cas d'abus sexuels ont été recensés impliquant des membres des missions de l'ONU déployées dans le monde selon un rapport établi par l'organisation. Plus d'un tiers des cas se seraient déroulés en Centrafrique. En 2016, 120 Casques bleus congolais ont été renvoyés dans leur pays après des allégations d’agressions sexuelles. En juin 2017, c’est au tour de 600 soldats du Congo Brazzaville d’être rapatriés suite à des accusations d’agressions sexuelles et de divers trafics.

«Nous allons traquer jusqu'au dernier d'entre vous, si vous continuez à salir le drapeau des Nations unies», avait déclaré en 2016 le représentant spécial de l'ONU en République centrafricaine et chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga, aux Casques bleus stationnés dans le pays, propos rapportés par Francetvinfo. «Il y a deux lieux en Centrafrique qui sont devenus l'épicentre des abus sexuels, de cette horreur, de ce vrai cancer. Bangui et Bambari. La Minusca a désormais la triste palme de l'horreur», avait-il dénoncé.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui requiert la tolérance zéro vis-à-vis des abus sexuels supposément commis par les militaires, effectuera un déplacement à Bambari du 24 au 27 octobre.

 

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