Qui est l'imam marocain soupçonné d'être derrière la cellule djihadiste de Catalogne ?
- Avec AFP
Soupçonné d'avoir radicalisé et amené des jeunes à former la cellule djihadiste à l'origine des attentats de Barcelone et Cambrils, l'imam Abdelbaki Es Satty est notamment passé par la Belgique et peut-être la France.
Abdelbaki Es Satty est maintenant dans tous les journaux, à commencer par El Pais qui lui consacre sa Une dans son édition du 21 août. Le journal espagnol affirme que les enquêteurs se penchent sur les «connexions internationales» de cet imam marocain avec, notamment, de possibles réseaux en Belgique et en France.
Du deux-pièces décrépi où résidait Abdelbaki Es Satty – loué 150 euros par mois, selon son colocataire – on a vue sur la montagne boisée des Pyrénées et les toits de tuiles de la jolie petite ville catalane de Ripoll, à 90 kilomètres au nord de Barcelone.
«Mardi matin [le 15 août], il était parti en disant qu'il partait en vacances au Maroc», raconte le vendeur de fruits sur les marchés Nordeen El Haji, 45 ans, venu vivre il y a quatre mois dans l'appartement. Mais depuis le 15 août, Abdelbaki Es Satty a disparu. La police a évoqué la possibilité qu'il ait péri le 16 août dans l'explosion d'une maison à Alcanar, en Catalogne, où la cellule à l'origine des attaques de Barcelone et de Cambrils préparait «un ou plusieurs attentats».
«Il parlait peu, passait son temps sur son ordinateur dans la chambre, avait un vieux téléphone portable sans internet, peu de livres», dit Nordeen El Haji.
Sur un meuble se trouve encore le mandat de perquisition des lieux daté du 18 août, soit quelques heures après les deux attentats aux voitures-bélier qui ont fait 14 morts et plus de 120 blessés en Catalogne (nord-est de l'Espagne).
Sorti de prison
Le journal El Mundo a cité des sources antiterroristes selon lesquelles Abdelbaki Es Satty avait séjourné en prison «où il avait noué une amitié particulière avec Rachid Aglif, dit El conejo (le lapin), condamné à 18 ans» pour participation aux attentats djihadistes dans des trains de banlieue qui avaient fait 191 morts à Madrid le 11 mars 2004.
«L'imam avait eu un problème judiciaire, mais pas lié au terrorisme», a déclaré le 20 août le chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero.
Selon El Mundo, Abdelbaki Es Satty avait été incarcéré en lien avec un trafic de drogue, du haschich, entre Ceuta et Algesiras (sud).
«Cet imam était normal et ordinaire quand il était en public», affirme à l'AFP Mohamed Akhayad, un électromécanicien marocain de 26 ans, qui fréquentait la nouvelle salle de prières ouverte en 2016 où il prêchait. «S'il a mangé le cerveau de ces jeunes, c'est en cachette, dans un endroit secret», poursuit-il en évoquant les spéculations de la presse espagnole au sujet de l'emprise qu'il aurait pu exercer sur certains jeunes de Ripoll.
«Il était très solitaire, fréquentait plus de jeunes que de personnes de son âge», souligne, anonymement, un Marocain de 43 ans.
Passé par la Belgique, peut-être la France
Dans la rue où vivait le religieux, un Catalan de 64 ans, Francesc Gimeno, peintre décorateur, affirme qu'Abdelbaki Es Satty avait la réputation d'être très islamiste, voulait que tous les Marocains pensent comme lui, mettait la religion au-dessus de tout. Il l'accuse aussi d'avoir voulu obliger les femmes marocaines de la ville à se couvrir.
«Nous commençons à voir que c'est le lieu [...] pour commettre un ou plusieurs #attentats à #Barcelone»
— RT France (@RTenfrancais) 20 août 2017
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«C'est un mensonge», réagit Hammou Minhaj, 30 ans, secrétaire marocain de la communauté musulmane de Ripoll «Annour». «Ici à la mosquée, il ne disait pas ça. En dehors, je ne sais pas», ajoute-t-il. Selon lui, Abdelbaki Es Satty était arrivé en 2015 à Ripoll, puis était allé en Belgique en tant qu'imam avant de revenir à Ripoll. «Il avait commencé en avril 2016 comme imam dans notre nouvelle mosquée», dit-il. Cependant, fin juin 2017, Abdelbaki Es Satty avait demandé trois mois de vacances pour partir en vacances au Maroc.
L’imam a bien séjourné en Belgique en 2016, dans la commune de Machelen, dans la grande banlieue de Bruxelles entre janvier et mars 2016, selon le maire de la commune limitrophe de Vilvorde, Hans Bonte, qui supervise la police municipale des deux communes. Le quotidien El Pais évoque aussi la France en Une et assure que les analystes pensent qu'il a peut-être été mis en relation dans ces pays avec des membres de l'Etat islamique.
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