Des eurodéputés allemands réclament le déménagement du Parlement européen de Strasbourg
- Avec AFP
Des élus européens allemands ont franchi le pas en demandant ouvertement la concentration des enceintes parlementaires européennes à Bruxelles. Comme lot de consolation, ceux-ci proposent à Strasbourg d'accueillir l'Agence européenne du médicament.
A croire que le temps du couple franco-allemand comme moteur de la construction européenne est terminé. Le 5 juillet 2017, à l'occasion de la séance plénière du parlement européen à Strasbourg, les eurodéputés partisans entendent proposer le déménagement de ce qui reste des activités parlementaires européennes de Strasbourg.
La revendication n'est pas nouvelle, mais elle s'exprime de façon toujours plus claire et plus insistante. «De plus en plus d'élus s'insurgent contre l'obligation de se déplacer chaque mois pour quatre jours à Strasbourg», fait valoir Peter Liese, eurodéputé de l'Union chrétienne démocrate (CDU), le parti conservateur de la chancelière allemande Angela Merkel. «Le Parlement européen pourrait continuer à siéger, mais une seule fois par an», précise le parlementaire allemand dans un argumentaire à destination de son groupe, le Parti populaire européen (PPE) et dont l'AFP s'est procuré une copie. Et d'ajouter, bon prince : «Les dirigeants de l'UE pourraient y organiser certains sommets.» De facto, la plupart des travaux parlementaires sont menés aujourd'hui à Bruxelles. Seules les réunions plénières ont lieu à Strasbourg, au rythme d'une par mois.
Lot de consolation, «marchandage» et «marché de dupes»
Mais, afin de faire passer la pilule, les partisans d'un regroupement définitif du Parlement à Bruxelles proposent un lot de consolation. Le bâtiment monumental du parlement de Strasbourg pourrait ainsi accueillir l'Agence européenne du médicament, laquelle devrait quitter Londres à la suite du Brexit. Le vice-président des Verts, le Belge Philippe Lamberts, fait pour sa part miroiter le remplacement du Parlement par un certain «Collège d'Europe», un établissement d'enseignement supérieur de droit privé belge, spécialisé dans la formation aux disciplines liées aux affaires européennes, actuellement situé à Bruges.
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La proposition a toutefois suscité un tollé parmi des députés européens français, inquiets de la perte d'influence de la France dans l'Union. Jérôme Lavrilleux, député du PPE, a menacé de démissionner. Françoise Grossetête, vice-présidente du même parti a fustigé un «marché de dupes inenvisageable» et évoqué un chantage.
Serpent de mer
Le coût d'un «double parlement» est toutefois difficile à évaluer. La fondation européenne Euractiv s'y était essayé en 2014, confrontant le montant avancé par les «pro-Bruxelles, soit entre 156 et 204 millions d'euros par an, à celui qui est estimé par l’AEJE (Association européenne des jeunes entrepreneurs), de seulement 51,5 millions d'euros. Ces derniers évaluaient en revanche le coût d'un transfert à Bruxelles à la somme conséquente 1,2 milliards d'euros. Pas de quoi donner des arguments à ceux qui prônent la suppression du Parlement de Strasbourg pour des raisons d'économie budgétaire.
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Il semble donc que pour ses partisans le déménagement du Parlement de Strasbourg ne soit pas acquis. Pour cela, les traités européens requièrent en outre l'unanimité des Etats membres. A l'occasion de la cérémonie d'hommage à Helmut Kohl, rendu dans l'hémicycle de Strasbourg le 1er juillet dernier, Emmanuel Macron avait rappelé l'importance – au moins symbolique – de la présence du Parlement à Strasbourg, sur le sol d'un des Etats fondateurs de la Communauté européenne. «Helmut Kohl fut un artisan de l'Allemagne unie, un bâtisseur de l'Europe, un ami de la France», avait-il écrit dans le livre de condoléances. Et d'ajouter : «En lui rendant hommage en ce lieu symbolique de notre lien, nous disons notre espérance dans l'avenir de l'Europe.»