Rome appelle l'Europe à l'aide et lui demande d'ouvrir ses ports aux bateaux de migrants
- Avec AFP
Pour gérer l'afflux de migrants face auquel elle s'estime livrée à elle-même, l'Italie appelle ses voisins européens à faire preuve de davantage de solidarité. Quelques jours auparavant, Rome avait menacé de fermer ses ports aux bateaux de sauvetage.
Le ministre italien de l'Intérieur Marco Minniti a appelé le 2 juillet les pays européens à ouvrir leurs ports aux bateaux secourant les migrants pour alléger la pression sur Rome, en amont d'une réunion à Paris avec ses homologues français et allemand.
Les trois ministres se retrouvent à Paris pour discuter d'une «approche coordonnée» visant à aider les autorités italiennes à faire face à l'afflux de migrants, selon une source proche du dossier. D'après une interview de Marco Minniti au quotidien Il Messaggero, l'Italie fait face à «une énorme pression», le pays menaçant même de bloquer l'entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en Méditerranée.
L’#Italie va-t-elle armer les vedettes des gardes-côtes libyens pour restreindre l’#immigration ? https://t.co/GR8aE24JGqpic.twitter.com/1uCfJzIReF
— RT France (@RTenfrancais) 19 mai 2017
Les bateaux qui sauvent des migrants «battent pavillon de différents pays européens», a souligné le ministre, expliquant que des navires d'ONG, de l'opération navale européenne anti-passeurs Sophia et de l'agence européenne des frontières Frontex étaient impliqués, aux côtés des gardes-côtes italiens. «Si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas. C'est le cœur de la question», a-t-il insisté.
«Je suis europhile et je serais fier si même un seul bateau, au lieu d'arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l'Italie mais ce serait un signal extraordinaire», a encore signalé le ministre.
L'Italie se plaint d'être livrée à elle-même face à la crise migratoire et appelle ses partenaires européens à davantage de solidarité. Le pays a enregistré depuis le début de l'année plus de 83 000 arrivées de migrants, en hausse de plus de 19% sur la même période en 2016, en provenance de Libye pour la plupart. Les migrants sont ensuite transportés vers des ports italiens où ils sont hébergés dans des centres d'accueil dont la capacité est saturée.
«La menace de l'Italie de fermer ses ports aux navires de sauvetage des migrants est un appel à l'aide»
Sarah Adeyinka, une médiatrice culturelle de l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a confié à RT que la menace de fermeture des ports italiens était un «appel à l'aide» des autorités italiennes.
«La semaine dernière, plus de 12 000 personnes ont été secourues puis transportées vers des ports italiens», a précisé Sarah Adeyinka. «L'Italie ne peut pas gérer [cet afflux] seule. C'est un appel aux autres pays européens à assumer leurs responsabilités», a estimé la médiatrice de MSF, ajoutant que l'UE était une union et que des accords avaient été signés pour s'entraider.
Un procureur italien accuse certaines #ONG de collusion avec les trafiquants de migrants https://t.co/hk7OEu1rtrpic.twitter.com/3YZQdQiaA5
— RT France (@RTenfrancais) 23 avril 2017
Sarah Adeyinka a également réfuté les accusations exprimées par un procureur italien à la mi-mai, qui avait affirmé détenir «des preuves» de la collusion entre des ONG et des trafiquants d'êtres humains basés en Libye. «Nous aimerions voir ses preuves», a-t-elle déclaré, ajoutant que MSF avait été «très transparente» sur ses opérations de sauvetage en Méditerranée.
«Nous tweetons notre emplacement pour que les gens voient où nous sommes. Notre objectif est vraiment de sauver des vies, nous ne sommes pas là pour faire entrer des gens sur le territoire en collusion avec des passeurs. Il n'y a aucun avantage pour nous. C'est ridicule, c'est absurde», s'est défendue la médiatrice.
Selon leurs détracteurs, les ONG attirent les trafiquants en croisant près des côtes libyennes. Les ONG affirment pour leur part qu'elles n'ont pas le choix, car les trafiquants abandonnent les migrants dans des embarcations précaires qui font naufrage dès qu'elles atteignent les eaux internationales.