Un responsable militaire américain accuse la Russie d'armer les Taliban, Moscou balaye l'allégation
La Russie a une fois de plus été accusée par des responsables militaires américains de soutenir les Taliban en Afghanistan. Moscou, qui a accueilli en avril une conférence internationale consacrée à la crise afghane, a rejeté ces allégations.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a balayé le 25 avril les accusations américaines selon lesquelles la Russie fournirait des armes aux Taliban en Afghanistan. Rappelant que ces allégations provenaient de militaires américains en poste à Washington et en Afghanistan, il n'a pas hésité à les qualifier de «non professionnelles et sans fondement».
Le chef de la diplomatie russe réagissait aux propos tenus le 24 avril par le chef des forces américaines et internationales en Afghanistan, le général américain John Nicholson, au cours d'une conférence de presse à Kaboul avec le secrétaire américain à la Défense James Mattis.
Interrogé par un journaliste, le haut commandant américain avait déclaré qu'il ne «réfutait pas» les accusations exprimées sous couvert d'anonymat par un responsable militaire américain. Présent dans la capitale afghane, ce dernier avait déclaré à la presse que Moscou fournissait une aide financière et des armes aux Taliban, notamment des mitrailleuses.
Soulignant que l’acheminement des armes depuis un pays étranger vers l’Afghanistan caractériserait «une violation du droit international», le chef du Pentagone James Mattis avait ajouté : «Il nous faudra nous confronter à la Russie là où elle agit à l’encontre du droit international et là où elle enfreint la souveraineté des Etats.»
Que cherche Moscou en Afghanistan ?
Hasard du calendrier ? Ces accusations surviennent après la tenue à Moscou, le 14 avril, d'une conférence internationale à laquelle ont pris part des représentants afghans, indiens, iraniens, chinois, pakistanais et ceux des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.
Les Américains avaient été invités mais ils «n'ont pas pris part à la conférence pour des raisons qui ne sont pas claires pour nous», a rappelé la diplomatie russe. Par ailleurs, une première rencontre régionale sur le règlement de la crise afghane avait déjà eu lieu à Moscou le 15 février.
Dans le communiqué final publié le 14 avril, les participants avaient «appelé le mouvement des Taliban à renoncer à chercher une issue par la force au conflit pour établir un dialogue direct avec le gouvernement afghan», tout en apportant leur soutien aux «efforts de Kaboul pour parvenir à la paix».
Ils avaient également souligné que «la crise en Afghanistan n'[avait] pas d'issue militaire» et que «la seule possibilité de règlement [passait] par la réalisation d'un accord politique national». En outre, Moscou avait indiqué être disposée à servir de plateforme pour un tel dialogue entre les belligérants.
Pour mémoire, le Pentagone avait annoncé le 13 avril, à la veille de cette conférence, avoir frappé une cible de Daesh en Afghanistan avec la «mère de toutes les bombes», l'arme la plus puissante dont disposent les Etats-Unis, à l'exception de l'arme nucléaire.
Des accusations américaines déjà formulées en mars
Ce n'est pas la première fois que Washington dénonce un soutien de Moscou envers les talibans, sans présenter de preuves.
En mars dernier, le général Curtis Scaparrotti, chef des forces de l'OTAN en Europe, avait déclaré devant le Congrès américain : «J'ai vu l'influence de la Russie [en Afghanistan], une influence accrue en termes d'association et peut-être même de soutien aux Taliban.»
S'exprimant auprès de l'agence russe RIA Novosti, le représentant spécial du Kremlin pour l'Afghanistan, Zamir Kaboulov, avait répondu qu'il s'agissait «de déclarations absolument mensongères», d'«élucubrations» visant à masquer «l'échec des militaires et politiciens américains» en Afghanistan.
Le ministère russe des Affaires étrangères ne fait pas secret des «contacts limités» récemment établis avec les Taliban, avec pour objectif de les convaincre de rejoindre le processus de réconciliation nationale.
Malgré la présence de près de 10 000 militaires américains en Afghanistan, l'ONU a enregistré, en 2016, le nombre le plus élevé de personnes tuées ou blessées dans le pays depuis huit ans. Les victimes des raids aériens menés par les autorités afghanes et leur allié américain, n'ont jamais été aussi nombreuses.
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