Croix-Rouge : les premières étapes de l'évacuation d'Alep-Est se sont déroulées «sans encombre»
Le personnel de la Croix-Rouge qui encadre l'évacuation des quartiers d'Alep libérés des rebelles, est «très satisfait» du déroulement de l'opération, a confié à RT le responsable régional de l'organisation Robert Mardini.
RT : Certains médias citent des activistes sur le terrain qui rapportent que des forces pro-gouvernementales ont tiré sur des personnes en train d'être évacuées - pouvez-vous commenter la situation ?
Robert Mardini (R. M.) : Il y a eu des coups de feu avant que nous ne pénétrions dans Alep-Est ce matin, mais nous en ignorons l’origine. Mais dans l’ensemble, les deux tours de l’évacuation qui ont eu lieu jusqu’à présent se sont déroulés sans encombre ; nous avons réussi à évacuer près de 40 personnes blessées, dont des enfants, et quelque 300 civils.
RT : Quels sont les moyens mis en place pour cette opération ?
R. M. : Il y avait une dizaine de nos collègues du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et une centaine de volontaires du Croissant-Rouge syrien, 13 ambulances, quatre voitures du CICR et plus de 20 bus pour effectuer l'évacuation d’Alep-Est vers Alep-Ouest.
RT : Quelle est l'importance de cette évacuation pour assurer la cessation des hostilités ?
R. M. : C’est absolument critique, puisque comme chacun sait, la situation humanitaire dans l’enclave Est d’Alep était complètement catastrophique. Cela a été confirmé aujourd’hui par nos équipes, qui ont vu de leurs propres yeux les femmes, les hommes et les enfants, les blessés qui étaient épuisés, saisis de peur, traumatisés et choqués et qui étaient très heureux de partir vers un lieu sécurisé.
Le niveau de destruction et de dévastation a atteint des proportions sans précédent
Mes collègues ont encadré l’évacuation, personne n’a été blessé, tout s’est passé sans problème. Ils sont très satisfait du déroulement [de l’opération]. Au moment où nous parlons, le troisième tour d’évacuation démarre. Evidemment, c’est un point positif, mais c’est [seulement] le début : il y a beaucoup de gens à évacuer et des besoins énormes dans cet enclave d’Alep-Est. Il est donc d’une importance critique que l’espace humanitaire reste ouvert par toutes les parties [au conflit], et que cette bonne volonté soit maintenue.
RT : Les infrastructures d'Alep sont en ruines. Combien de temps cela va-t-il prendre avant que les civils ne retournent à une vie normale ?
R. M. : C’est une grande question. La destruction et la dévastation ont atteint des proportions sans précédent. Tous les jours mes collègues ont été témoins de dévastations à travers la Syrie. Ils m’ont dit au téléphone qu’ils n’avaient jamais vu de destruction pareille auparavant. Il faudra beaucoup de temps pour remettre en place le système d’approvisionnement en eau et en électricité, et reconstruire tous les quartiers touchés par ce conflit. Mais nous voyons en même temps que les gens qui avaient fui les quartiers fortement endommagés essaient de revenir dans leurs maisons, car les gens préfèrent retrouver leur domicile dans des conditions compliquées et essayer de reconstruire comme ils peuvent plutôt que de rester dans les camps de réfugiés. Le temps dira quand les gens pourront revenir, mais la condition pour que cela arrive, c'est la sécurité. C’est ce que les gens cherchent.