L'Union européenne part à l'attaque de la «propagande» de Daesh et... de la Russie
Les succès d'audience des médias russes, dont RT, fait visiblement peur au parlement européen au même titre que Daesh. Aussi, La commission des Affaires étrangères du parlement appelle à contrer la «désinformation» russe et se doter de moyens.
Dans une résolution votée ce 8 octobre, la commission des Affaires étrangères du parlement européen appelle à mieux combattre la «propagande» que distillent, selon elle, la Russie tout autant que l'organisation terroriste Daesh.
«Nos sociétés sont la cible d'une propagande hostile et de désinformation à la fois de la part du Kremlin mais aussi d'acteurs non-étatiques comme Daesh», prévient Anna Fotyga, le rapporteur du comité des Affaires étrangères du parlement européen. «Ce rapport est une étape très importante afin d'éveiller les consciences», poursuit-elle, «le parlement européen ne peut rester inactif concernant l'enjeu vital de la sécurité de l'Union européenne».
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En cela, l'Union européenne emboîte le pas aux Etats-Unis : tandis qu'Hillary Clinton appelait les médias américains à se mobiliser contre la «désinformation» russe, le Pentagone identifiait en juillet dernier la Russie au même titre que l'Etat islamique comme les plus grandes menaces pour les Etats-Unis.
L'Etat islamique et la Russie sur le même plan
Pour la commission européenne des Affaires étrangères, les choses sont simples : d'un côté, la Russie cherche à diviser, tandis que Daesh s'est donné comme cible privilégiée l'Union européenne. «Le gouvernement russe emploie de façon agressive toute une panoplie de moyens et d'outils, tels des think tanks, des chaînes de télévision en plusieurs langues, comme par exemple Russia Today, et des pseudo agences de presse, ainsi que les réseaux sociaux». Tout ça pour mettre en péril, explique la commission, «les valeurs démocratiques et diviser l'Europe».
Une soif de chaos finalement pas très éloignée de celle des djihadistes amateurs de décapitation de Daesh à en croire les députés européens. Toujours selon la résolution de la commission, l'Etat islamique aussi mène une campagne de propagande dont le but est de susciter la haine contre les «valeurs européennes».
L'Union européenne déclare la guerre de l'information
Aussi, devant le danger que représenterait un prosélytisme russe supposé, la commission a lancé en août dernier une task force de «réponse rapide» afin de contrer ce que les députés européens considèrent comme de la désinformation.
La nouvelle cellule, qui fait partie du Service d'action extérieure européen (EEAS) comprend une dizaine de locuteurs russes issus des Etats membre de l'Union ainsi que des professionnels chevronnés des médias. En clair, des personnes sachant manier la communication, les mots et la rhétorique.
Mais pour autant, la commission des Affaires étrangères ne souhaite pas utiliser les viles méthodes de l'adversaire. «Contrer la propagande par de la propagande est contre-productif», explique cette dernière dans sa résolution. Pour contrer la désinformation des terroristes et des Russes, les députés européens comptent plutôt sur des informations «positives» ainsi que sur l'éducation des masses afin de rendre les citoyens européens capables de discerner entre le Bien et le Mal.
La résolution suggère d'ailleurs comme piste de resserrer la collaboration de l'Union européenne avec l'OTAN, une organisation militaire créée du temps de la guerre froide. Lorsque les «bons» et les «méchants» étaient clairement identifiés.
Alexandre Keller
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