Brexit, «coup de pied au c**» : réactions à chaud de personnalités françaises obtenues par RT France
Brexit. Un mot qui était sur toutes les lèvres mais que personne n’imaginait, jusqu’à ce matin, se réaliser un jour. RT France a fait le tour des personnalités françaises pour connaître leurs (vives!) réactions face à ce seisme européen.
Nous avons posé trois questions :
1. Vous attendiez-vous à ce que le Brexit l'emporte ?
2. Pensez-vous que les autorités britanniques vont prendre en considération le résultat du référendum ?
3. Ce vote en Grande-Bretagne ouvre-t-il là voie à un référendum similaire en France ?
Et au regard des réponses, il est évident que le Brexit ne laisse personne indifférent :
C’est le début de la fin de cette construction artificielle qu'est l'UE
Philippe de Villiers, candidat aux élections présidentielles de 1995 et 2007, fondateur du parti «Mouvement pour la France»
1. Oui, je m’y attendais, parce qu’à chaque fois qu’un peuple a été interrogé en Europe, ces 20 dernières années, la tendance est toujours au rejet de cette construction absurde. Je m’y attendais aussi pour une deuxième raison qui est que la déferlante migratoire. Cette déferlante migratoire provoquée par les élites pour avoir une main d’œuvre mondialisée à bas prix crée dans toute l’Europe une commotion, un trouble profond, un sentiment de dépossession de soi. Donc aujourd’hui, si on interroge n’importe quel peuple de l’Union européenne, il répondra comme les Britanniques.
2. Si jamais il leur prenait l’envie de ne pas appliquer la décision de leur peuple, le choc en retour serait beaucoup plus violent et les Anglais feraient savoir à leurs autorités que dans leur histoire ils sont capables de gestes forts pour faire appliquer depuis 1215 la Grande Chartre, c’est-à-dire la démocratie.
Pour la France je demande un référendum
3. Ce qu’il s’est passé en Grande-Bretagne c’est le début de la fin de cette construction artificielle qui est plutôt une déconstruction européenne. Premièrement le mur de Maastricht est tombé. [...]
Deuxièmement, comme je l’avais dit au président Vladimir Poutine, lorsque je l’avais rencontré le 14 août 2014, il n’y a pas d’autre option pour l’Europe que de faire la grande Europe de l’Atlantique à l’Oural avec la Russie, une Europe dans laquelle le Royaume-Uni aura sa place, une Europe qui respecte la souveraineté, les identités et les libertés des peuples, une Europe tournée vers l’avenir mais dont l’avenir ne peut plus s’écrire sur le continent américain. Pour la France je demande un référendum. Il faut que le peuple français se prononce. Avant l’élection présidentielle, je mets en garde les politiciens qui vont évidemment chercher à noyer le poisson, à droite et à gauche, puisque toute la classe politique est européiste et mondialiste.
Je suis très fier du résultat aujourd’hui
Nicolas Dhuicq, député Les Républicains
1. Oui, définitivement, pour faire un anglicisme. Non seulement je l’attendais mais je l’espérais.
2. Bien entendu, je crois que le Premier ministre a remis sa démission. Le Royaume-Uni est une des plus vieilles démocraties d’Europe. C’est un vieux parlement, un peuple qui est très respectueux de ses institutions. C’est une île et un pays auquel nous devons une certaine liberté en Europe puisque le Royaume-Uni s’est battu seul entre juin 1940 et juin 1941, c’est-à-dire avant l’agression d’Hitler sur l’Union soviétique. J’ai toujours été très proche de nos cousins britanniques et je suis très fier du résultat aujourd’hui.
L’Europe est constituée de différents peuples et de différentes nations. Chacun et chacune ont leur propre histoire et ils ont besoin qu’on ne les oublie pas
3. Hélas non. Le risque est de voir un exécutif français qui court après toujours plus de fusion européenne. Or, je suis sur la position du général de Gaulle : l’Europe est constituée de différents peuples et de différentes nations. Chacun et chacune ont leur propre histoire et ils ont besoin qu’on ne les oublie pas.
Je crois que la construction européenne sur trois jambes, à savoir le parlement, les Conseils et la Commission ne fonctionne pas. La Commission est pour moi l’administration américaine qu’en 1944 le général de Gaulle parce que les alliés américains voulaient nous imposer une administration sous tutelle. Cette Commission qui est supranationale, constituée de gens qui ne sont pas élus, qui décide pour elle-même est tout à fait néfaste. Les Britanniques nous montrent une autre voie. Alors plutôt que de rapprochement, toujours plus de fusion avec l’Allemagne qui est aussi une concurrente, je souhaite que ce soit le moment de reconstruire un axe entre Paris et Moscou. Le général de Gaulle l’a dit «L’Europe est aussi continentale et la Fédération de Russie fait partie de l’Europe.
C’est pas la France, quand même. Ils respectent le choix des électeurs en Angleterre
Olivier Berruyer, économiste, bloggeur
1. Non pas forcément, parce que les sondages étaient assez contradictoires. On était donc dans le flou. Je l’espérais mais j’ai préféré rester prudent sur ce sujet-là.
2. Oui. C’est pas la France, quand même. Ils respectent le choix des électeurs en Angleterre.
3. Non, on en n’est pas encore là. Même si, d’après un sondage, 50% des Français voudraient avoir un référendum sur ce sujet-là, on voit bien que les politiques ne le veulent absolument pas. Cela n’arrivera certainement pas.
Il nous faut une Europe qui soit respectueuse des peuples, des nations, de leur histoire
Ivan Rioufol, journaliste, écrivain
1. Je suis agréablement surpris de voir que les Britanniques ont réussi à passer outre les intimidations et menaces d’apocalypse émises de toutes parts contre ceux qui s’apprêtaient à voter [pour] le Brexit.
2. J’imagine que oui, sinon la démocratie n’a plus de sens.
3. Il est très intéressant de voir que les Britanniques, une fois de plus, nous ouvrent la voie de la liberté pacifiquement, démocratiquement et en faisant comprendre à cette Union européenne trop technocratique et trop méprisante des peuples que les temps ont changé, qu’aujourd’hui il faut écouter et respecter la voix des peuples quand ils disent qu’ils ne se sentent plus représentés convenablement par des institutions.
Mon propos n’est pas de tourner le dos à l’Europe
C’est l’un des éléments de la crise de la représentativité politique que nous vivons ; elle vaut pour l’Europe, mais également pour les partis politiques, pour le gouvernement français et pour beaucoup de pays européens. Il serait en effet souhaitable aujourd’hui que la procédure de référendum soit généralisée. Je demande à ce que le gouvernement français ou en tout cas les partis qui s’apprêtent à concourir à la présidentielle, s’engagent sur un référendum concernant l’adhésion ou non de la France à l’Union européenne. Mon propos n’est pas de tourner le dos à l’Europe – je pense qu’une Europe est indispensable : nous vivons sous l’idée européenne depuis le Moyen-âge, une idée naturelle à tous les pays européens. Simplement, il nous faut une Europe qui soit respectueuse des peuples, des nations, de [leur] histoire, des hommes et qui comprenne enfin que les citoyens ne sont pas des marchandises qui peuvent indifféremment être remplacées.
La crise des migrants a pesé extrêmement lourd dans le résultat du référendum
Alexis Bachelay, député socialiste
1. Oui, je pensais qu’il y avait une forte chance que le Brexit soit approuvé par le peuple britannique, en particulier dans le contexte international du moment et en particulier dans celui de la crise des migrants qui, à mon avis, a pesé extrêmement lourd dans le résultat du référendum.
2. J’ai le sentiment que David Cameron, ce matin, en annonçant sa démission, a décidé de remettre le pouvoir dans les mains d’une autre personnalité de son parti, et qui était pour le Brexit. Le changement de gouvernement annoncé par David Cameron ce matin implique la volonté du gouvernement britannique de s’incliner devant le résultat de ce vote, ce qui est logique compte tenu du résultat et du fait que David Cameron avait fait campagne pour le maintient de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne.
Les acteurs économiques et financiers de la Grande-Bretagne seront un peu déstabilisés par ce résultat
3. Je ne pense pas que l’on puisse faire ce raccourci. Il est vrai que certains partis politiques, et en particulier le Front national, vont surfer sur le résultat de ce référendum pour demander un référendum identique. Si ce n’est que le Front national ne dit pas aux Français que nous ne sommes pas dans la même situation que les Britanniques puisque nous sommes dans la zone euro. Par conséquent si nous sortions de l’Union, ce ne serait pas seulement un rétablissement des frontières, ce que le Front national réclame depuis toujours, mais cela serait aussi la fin de l’union monétaire et de l’union économique et donc probablement un choc beaucoup plus violent pour l’économie française que le choc que vit actuellement le Royaume-Uni suite au Brexit. Malgré tout, on peut penser que ce ne sera pas sans conséquence et que, en tout cas, à court terme, les acteurs économiques et financiers de la Grande-Bretagne seront un peu déstabilisés par ce résultat, comme l’indique l’effondrement des marchés - et ce en particulier du côté de l’Angleterre.
J’ai été agréablement surpris par la maturité des électeurs britanniques
Jacques Sapir, économiste
1. Non, je pensais que le «remain» serait majoritaire en raison de l’émotion suscitée par l’assassinat tragique de la député travailliste Jo Cox. De ce point de vue, j’avoue que j’ai été agréablement surpris par la maturité des électeurs britanniques. Ils ne se sont pas laissés submerger par l’émotion et ils ont voté d’un point de vue politique, ce qui est un témoignage de la bonne santé de la démocratie en Grande-Bretagne.
2. Oui. D’après ce que l’on a pu entendre aujourd’hui ce matin, lors de la déclaration qu’a fait David Cameron. [Mais] après un vote du parlement, car il faut rappeler que si le référendum engage engage moralement le gouvernement britannique, seul un vote au parlement peut l’engager juridiquement, et demander une application de l’article 50 du traité de Lisbonne. L’article 50 permet la sortie d’un pays de l’Union européenne. C’est ce qui se fera dans les prochaines semaines, mais en tout état de cause, cela devrait être fait avant la conférence du parti travailliste qui doit avoir lieu à la fin du mois de septembre ou au début du mois d’octobre.
Ce référendum va changer de manière importante le climat politique dans les semaines à venir en France sur la question de l’Union européenne
3. Logiquement je vous répondrais non, parce qu’il n’y a rien qui impose d’une certaine manière au gouvernement français d’imiter le gouvernement britannique. Mais il est très clair qu’en France, au Danemark et aux Pays-Bas, le succès de l’option «sortir» au référendum britannique va renforcer considérablement la voix de tous ceux qui demandent que l’on tienne des référendums similaires dans leur pays. On peut donc penser que ce référendum va changer de manière importante le climat politique dans les semaines à venir en France sur la question de l’Union européenne.
Le vrai problème aujourd’hui c’est que l’Europe ne fait absolument plus rêver
Thierry Mariani, député Les Républicains
1. Pas du tout. J’avais déjà dit que parce que les peuples choisissent toujours la défense de leur identité et de leurs valeurs plutôt qu’un taux de croissance, le Brexit devrait être retenu. Il ne faut pas oublier qu’en politique les gens servent avant tout à défendre certaines conceptions de leur pays et qu’avoir fait une campagne sur le thème «ça va faire baisser la monnaie, ça va faire perdre un taux de croissance etc.» Ce n’est absolument pas le bon thème. Le vrai problème aujourd’hui c’est que l’Europe ne fait absolument plus rêver, que ce soit les Britanniques ou les Français. Je ne suis donc absolument pas surpris de ce résultat, je l’avais déjà dit il y a cinq jours.
2. Je pense que les autorités britanniques vont prendre en considération ce vote parce que pour moi les Britanniques sont une grande démocratie donc je vois mal comment les autorités britanniques ne pourraient pas prendre en compte ce vote. S’ils ont fait un référendum c’est pour en tenir compte. L’écart est très important et net. Je serai d’abord surpris que le Premier ministre reste en place parce que je vois mal comment David Cameron pourrait rester en place après avoir provoqué ce référendum et fait campagne pour rester dans l’Union européenne donc c’est un non à l’Europe mais aussi à David Cameron. Je vois mal comment on pourrait à la fois ne pas respecter le résultat de ce vote et garder le Premier ministre britannique.
Je souhaite que cela force une immense remise en cause de l’Union européenne, de son fonctionnement et de ses objectifs
3. Non. Je souhaite que l’on reste dans l’Union européenne. Mais je souhaite que l’on reste dans une Union européenne qui soit complètement réformée et qui revienne à ses objectifs originaux. Je suis donc très heureux que la Grande-Bretagne sorte parce que je pense que la Grande-Bretagne n’avait absolument pas les mêmes objectifs que par exemple ceux de l’Allemagne et de la France au moment de la constitution européenne. Je pense que c’est un immense coup de pied au cul, pour toute la Commission européenne qui se moque systématiquement de l’avis des parlements nationaux depuis des années. Je souhaite que cela force une immense remise en cause de l’Union européenne, de son fonctionnement et de ses objectifs.
C'est à l'Europe d'en tirer les conséquences
Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris
1. Non. Cette nuit encore il y avait un sondage qui prédisait un vote contre le Brexit à 54 %. J'étais donc surpris ce matin en me levant.
2. Ce serait le minimum ! Je pense aussi que c'est à l'Europe d'en tirer les conséquences.
3. Il est évident que c'est une mauvaise nouvelle pour l'Europe. On a le premier risque que cela donne un détricotage de l'Europe, beaucoup de pays comme la France demandant un référendum, ce qui ne serait pas selon moi un débat utile pour l'Europe. [...] Il faut rester calme, il faut voir les conséquences et aborder les réformes qu'il faut faire en Europe.
En France [...] il faudrait essayer d'imposer un rapport de force avec l’Union Européenne, notamment avec Berlin où en réalité se situe le pouvoir aujourd’hui
Eric Coquerel, Coordonnateur du Parti de gauche
1. On savait que c’était dans les possibilités. En plus, traditionnellement tous ceux qui sondent l’opinion se trompent régulièrement sur le sentiment de rejet de l’UE dans les peuples, le sous-estiment souvent. Donc ce n’est pas une surprise.
2. Ce sera impossible de ne pas le faire. Maintenant il faut en tout cas être vigilant pour tous ceux qui pensent qu’il faut respecter la souveraineté des peuples, c’est le fait qu’il n’y ait pas d’accommodement qui soit un faux départ. Au niveau de la finance internationale, il peut y avoir une tentation. Je vois mal comment aujourd’hui vu l’honnêteté de ce résultat, il va y avoir un contournement de la souveraineté populaire. Ce qui me semble surtout compliqué, c’est qu’on n’est pas dans la même situation qu’en France en 2005, le parti conservateur britannique a été très divisé sur cette question. Et je doute fort que la crise politique permette de jouer avec le vote qui s’est exprimé.
J’espère que nos dirigeants se rendent compte qu’on ne peut pas contraindre le peuple sans arrêt à faire des choses qu’il refuse
3. Nous défendons l’idée du plan A et du plan B. La question n’est pas un référendum immédiat en France. Il faudra un référendum à un moment donné, parce que c’est le peuple qui devra trancher, choisir entre des grandes options, mais nous estimons que si la France élit Jean-Luc Mélenchon, il faudra essayer de faire ce que les britanniques ont fait au départ, c’est-à-dire imposer un rapport de force avec l’Union Européenne, notamment avec Berlin où en réalité se situe le pouvoir aujourd’hui, du fait que nos dirigeants aient capitulé les uns après les autres, comme est en train de faire aujourd’hui François Hollande en écoutant à Berlin ce que Madame Merkel a à lui dire. Donc, le plan A clairement c’est de changer l’Union européenne de fond en comble, d’appliquer un programme qui soit de toute façon une rupture avec les traités. Si ça échoue, il y aura le plan B, une mesure unilatérale de rupture avec les traités qui peuvent dans ce cas-là être soumis au référendum. Même si les motivations des Britanniques pour le référendum sont très diverses, c’est quand même une fois de plus le rejet de l’Europe qui vient de s’exprimer. En tout cas de l’Union européenne des traités. J’espère qu’une fois au moins nos dirigeants se rendent compte qu’on ne peut pas contraindre le peuple sans arrêt à faire des choses qu’il refuse.
J’y vois aussi l’échec de l’influence d’Obama sur l’Angleterre
Valérie Boyer, députée Les Républicains
1. Nous savions que c’était très serré donc cela aurait pu marché d’un côté comme de l’autre. Je vois surtout, d’après ce que j’ai pu lire dans la presse, que l’Angleterre a été globalement très divisée. Elle a également été très divisée au niveau des générations puisque les jeunes ont voté à plus de 70% pour rester dans l’Union et les personnes plus âgées ont voté de façon inverse.
2. Oui, elles n’ont pas le choix. J’y vois aussi l’échec de l’influence d’Obama sur l’Angleterre, parce qu’il était venu pour plaider de façon très claire et visiblement il n’a pas été entendu.
3. Non, je ne crois pas.
Le Royaume-Uni a montré l’exemple pour sortir de cette Union européenne qui est un carcan pour les peuples
Bernard Monot, député du Parlement européen, Front national
1. Je m’attendais au contraire au maintien. Je suis surpris mais dans les deux cas c’était possible puisque même en cas de maintien il y avait déjà eu le bénéfice d’un débat démocratique, où le peuple s’était exprimé et chaque fois que le peuple s’exprime c’est une bonne chose. Le Royaume-Uni a montré l’exemple pour sortir de cette Union européenne qui est un carcan pour les peuples. C’est une excellente nouvelle et un espoir pour la France. Premièrement, un bon nombre d’entreprises vont surement revenir sur le continent et bien entendu à Paris. Deuxièmement, pour partir sur de nouvelles bases avec un modèle d'Europe que nous proposons, une Europe des nations coopératives entre elles.
2. Ils ne peuvent pas faire autrement sinon ce n’est plus une démocratie. En revanche j’espère que l’Union européenne va jouer le jeu de la démocratie et appliquer techniquement le vote des Britanniques. Je me rappelle des épisodes de référendums au Danemark, aux Pays-Bas, y compris en France en 2005. La Constitution et le traité de Lisbonne ont été imposés. Donc cela avait été le vole du vote des Français en 2005.
C’est une excellente nouvelle et un espoir pour la France
3. Bien entendu. Les Anglais ont montré l’exemple, ont tiré les premiers. On milite déjà pour les conditions d’un sommet européen, de la France et de l’Union européenne, pour négocier les termes, l’objectif étant que la France de Marine Le Pen ait le même statut dérogatoire que le Royaume-Uni, même avant le Brexit. Cela veut dire être hors de l’espace Schengen, être hors de l’Union économique et monétaire avec notre monnaie, notre système bancaire, le contrôle de notre budget et surtout de nos frontières.
Les dirigeants anglais ne conçoivent pas de procéder comme l’a fait Nicolas Sarkozy … Bafouer le référendum de 2005 en faisant adopter le traité de Lisbonne deux ans plus tard
Eric Anceau, responsable du projet pour la France de Debout la France
1. Malgré le bourrage de crânes de nos médias continentaux, en particulier français, et l’effet de loupe de Londres qui est sans doute la ville la plus mondialisée de la planète - mais qui n’est pas l’Angleterre profonde - je pensais le Brexit possible, même après la tragédie qu’a été l’assassinat de la député Jo Cox.
Néanmoins, l’incertitude était grande, d’autant plus que les sondages britanniques ne sont pas les plus fiables (c’est un euphémisme). Ce sont les abstentionnistes qui ont fait basculer le vote par une participation massive. Hors de Londres, de quelques autres grandes villes et de l’Ecosse, le rejet est net, massif, sans appel.
Notre voie «ni système ni extrêmes» est la seule qui vaille
L’enseignement est riche de sens pour nous avec les 22 millions d’abstentionnistes français. Notre voie «ni système ni extrêmes» est la seule qui vaille et qui, je le crois, réponde aux attentes d’une grande partie d’entre eux.
2. Evidemment ! Les Britanniques, à commencer par David Cameron, le Premier ministre, respecteront le vote populaire. Il démissionnera à plus ou moins brève échéance. La Grande-Bretagne, si différente de nous par ailleurs, est une très grande démocratie. Les dirigeants ne conçoivent pas de procéder comme l’a fait Nicolas Sarkozy … Bafouer le référendum de 2005 en faisant adopter le traité de Lisbonne deux ans plus tard !
C’est naturellement aux Français qu’il appartiendra de dire s’ils la veulent.
3. Il faut que le peuple français et tous les peuples du continent d’ailleurs puissent donner leur avis sur cette construction folle qu’est devenue l’Union européenne, mais ne sombrons pas dans la démagogie comme certains.
Je crois que, depuis l’emballement de l’Acte unique, en 1986, nous avons de notre côté le mérite à la fois de la constance, de la cohérence et du sérieux. Nous ne changeons pas d’avis au gré des vents sondagiers comme les autres.
Nous proposons donc un traité qui remplace l’Union européenne actuelle par une Communauté européenne des nations souveraines et des coopérations inter-étatiques dans le droit-fil de la pensée et de l’œuvre du général de Gaulle. C’est naturellement aux Français qu’il appartiendra de dire s’ils la veulent.
Cela me semblerait difficile de voir des parlementaires britanniques toujours siéger au Parlement européen après ce vote
Gerard Bapt, député socialiste
1. Je pensais que ce serait très serré, mais que le «non» l’emporterait, il l’a même emporté de manière plus large que attendu. Dans les derniers jours il y avait une pression sur les électeurs, on aurait pu même s’attendre à une inversion du résultat, mais le résultat est là.
2. Je pense que c’est un processus de retrait très lent. Ce qui me paraît plus probable c’est que très certainement il y aura un retrait sur le plan des institutions politiques, parce que cela me semblerait difficile de voir des parlementaires britanniques toujours siéger au Parlement européen après ce vote. Par contre, sur le plan économique je pense qu’il y aura des aménagements, des accords qui permettront d’éviter des conséquences négatives d’un côté et de l’autre.
La nécessité pour la France et l’Allemagne, c’est de faire un bilan du rejet populaire de l’exaspération que peuvent avoir des responsables politiques par rapport au fonctionnement bureaucratique et opaque de l’Union européenne
3. Non, pas du tout, pas de sortie de la France de l’Union Européenne. Par contre, il peut y avoir d’autres pays qui empruntent la même voie. Je pense que la nécessité, en fait, pour la France et l’Allemagne, c’est de faire un bilan du rejet populaire de ces institutions et de l’exaspération que peuvent avoir des responsables politiques par rapport au fonctionnement bureaucratique et opaque de l’Union européenne. Moi, je vois, par exemple, en ce qui concerne les problèmes de santé publique et d’autorisation de miser sur le marché, l’exaspération de tous les milieux qui suivent ces sujets par rapport à l’opacité d’une part et à la sensibilité aux pressions de lobbying industriel d’autre part.
Les Britanniques viennent de prouver que l’on peut sortir, qu’il y a une vie après l’UE
François Asselineau, président du parti l’Union populaire républicaine
1. Franchement oui, mais ce n’est pas être devin. Les sondages le disaient ces 15 derniers jours. Ce qui a surpris, c’est le sondage effectué pendant l’élection, hier, et qui donnait un renversement de situation avec un Brexit à 48%. Ce sondage est extrêmement suspect. On peut y voir une opération psychologique de dernier moment. Cela rappelle les sondages de dernière minute publiés par l’agence de statistiques américaine Gallup juste avant le référendum en Suède en 2003 qui indiquait que l’assassinat de la ministre des Affaires étrangères qui était partisane de l’entrée dans l’union monétaire avait complètement changé la donne et que les Suédois allaient voter en faveur de l’euro. En réalité ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Les Suédois ont confirmé leur refus de la monnaie unique.
2. Oui. Les Britanniques sont un peuple très fairplay, d’ailleurs le Premier ministre David Cameron a annoncé sa démission. Quand un Premier ministre britannique démissionne, il ne revient jamais ensuite en politique. Les mœurs politiques anglaises sont beaucoup plus fairplay et déontologiques que ce que l’on peut voir en France. Rappelons que le Royaume-Uni n’est pas dans l’espace Schengen et n’a pas l’euro. C'est donc le pays le moins engagé dans l’Union européenne. Il reste engagé dans l’OTAN et très proche des Etats-Unis.
Il y a actuellement des attaques spéculatives sur la livre sterling peut-être orchestrées par George Soros
3. Si la situation était très bonne dans les autres pays de l’UE, il n’y aurait pas de contagion. Mais la situation est épouvantable dans tous les pays. Il va très probablement y avoir des demandes pour organiser des référendums sur la sortie. Aux Pays-Bas, en Autriche la semaine dernière plus de 6% de la population a signé une pétition pour organiser un référendum populaire, le parlement de Vienne a refusé. Je ne parle pas de la situation aux Pays-Bas, en Hongrie, en Pologne, en Grèce. Il y a actuellement des attaques spéculatives sur la livre sterling peut-être orchestrées par George Soros. Mais c’est du court terme. J’ai tendance à comparer cet événement à quand la Hongrie a commencé à démanteler les fils de fer qui la séparaient de l’Autriche en 1989. C’était le début de la fin du camp socialiste. On parlait de l’irréversibilité du socialisme, puis le mur de Berlin s’est effondré et il s’est avéré que c’était un processus réversible. Les Britanniques viennent de prouver que l’on peut sortir, qu’il y a une vie après l’UE. C’est également une épreuve mortelle pour cet ensemble de domination géopolitique des Etats-Unis sur le continent européen né de la seconde Guerre mondiale.