Amnesty : la Turquie expulse des réfugiés vers les zones de guerre et l'Europe ferme les yeux
L'ONG Amnesty International affirme que la Turquie a arrêté et expulsé des réfugiés vers la Syrie et l'Irak. Et met en garde l'Union européenne sur sa complicité après l'accord signé avec la Turquie pour la gestion des migrants.
Un rapport publié le 15 décembre par Amnesty International met en cause la façon dont la Turquie gère la crise migratoire. Selon l’ONG, la Turquie détiendrait illégalement des réfugiés et ferait pression sur ces derniers pour qu’ils retournent dans leur pays, malgré la guerre.
Depuis le mois de septembre, selon Amnesty International, les autorités turques auraient arrêté de nombreux réfugiés, qui auraient ensuite été conduits à bord de bus à plus de 1 000 kilomètres de leur point d’arrivée. Ils seraient par ailleurs détenus dans des centres isolés et tenus au secret.
Turkey has detained + deported #refugees from centres partly funded by EU, Amnesty reports: https://t.co/oO9bwGuJe3pic.twitter.com/1TYup1DzY7
— AmnestyInternational (@AmnestyOnline) 16 Décembre 2015
Plus grave encore, des menaces seraient utilisées par les autorités turques pour forcer ces demandeurs d’asile à quitter le pays. Amnesty rapporte des témoignages d’hommes qui disent avoir été menottés pendant des jours avant d’être reconduits de force dans les pays qu’ils avaient quittés.
«Faire pression pour que des réfugiés retournent dans des pays comme l’Irak ou la Syrie est insensé», dénonce John Dalhuisen, le directeur du programme Europe et Asie centrale chez Amenesty International. «Il s’agit d’une violation directe du droit international», s'est insurgé l'intéressé.
L’ONG fait d’ailleurs appel à l’Union européenne et l’exhorte à agir pour mettre fin à sa coopération avec la Turquie dans la crise migratoire. «En assignant à la Turquie le rôle de gardienne de l'Europe dans la crise des réfugiés, l'UE risque de fermer les yeux sur de graves atteintes aux droits humains, voire de les favoriser», écrit Amnesty International qui plaide pour que la coopération soit «suspendue jusqu'à ce que ces violations fassent l'objet d'enquêtes et cessent».
La Turquie et l’Union européenne ont en effet signé un accord fin novembre qui prévoit le versement par l'UE d'une aide financière de 3,5 milliards d'euros à la Turquie en échange en échange d’une amélioration de la gestion turque du flux de réfugiés et de meilleures conditions humanitaires. Le pays est en effet le premier pays d’accueil des réfugiés dans le monde avec 2,2 millions de personnes venues de Syrie.
Funding detention&return in #Turkey EU risks complicity in human rights violations #refugeeshttps://t.co/flBNbtz4dbpic.twitter.com/Z1tNMhlOvn
— María Serrano Martin (@marsemavi) 16 Décembre 2015