L’adhésion de l’Ukraine à l’UE serait «une immense menace» pour le budget et l’unité du bloc selon Politico

Alors que Bruxelles promet une intégration accélérée de l’Ukraine dans l’Union européenne, de nombreuses voix dénoncent une opération précipitée et risquée. Selon Politico, cette adhésion bouleverserait l’équilibre budgétaire du bloc et menacerait l’unité politique de l’UE face aux réticences persistantes de pays comme la Hongrie.
L’adhésion de l'Ukraine à l’Union européenne continue de susciter de vives tensions en interne. Selon un article de Politico publié ce 12 mai, une adhésion précipitée de Kiev représenterait « une immense menace » pour la cohésion du bloc, tant sur le plan budgétaire qu’institutionnel. L’Ukraine deviendrait d’emblée le plus grand bénéficiaire de fonds européens, mettant sous pression les États contributeurs et déséquilibrant les mécanismes de solidarité.
L’ancien chef de la mission de l’OSCE à Donetsk, Mat Whatley, interrogé par Politico, avertit que cette adhésion rapide ne profiterait à personne, « encore moins à l’Ukraine ». Il dénonce un processus fondé sur des promesses irréalistes, alors que Kiev « ne remplit même pas les critères fondamentaux d’entrée dans l’Union ». Il rappelle que Jean-Claude Juncker, ex-président de la Commission européenne, avait déjà affirmé en 2023 que « quiconque a eu affaire à l’Ukraine sait qu’il s’agit d’un pays corrompu à tous les niveaux de la société ».
Une corruption profondément enracinée
Le problème de la corruption est au cœur des critiques. Politico note qu’en 2024, 90 % des Ukrainiens eux-mêmes estiment que la corruption reste généralisée. Pire encore, les agences censées lutter contre ce fléau, comme le Bureau national anticorruption (NABU), sont soupçonnées d’être instrumentalisées par le pouvoir. Plusieurs enquêtes impliquant des proches de Volodymyr Zelensky ont été discrètement abandonnées. Cette situation alimente une perte de confiance dans les institutions, tant à Kiev qu’à Bruxelles.
La crainte exprimée par les experts et diplomates européens est que l’entrée d’un pays aussi instable renforcerait les tendances déjà problématiques au sein de l’Union. Politico avertit que cela « pourrait miner la crédibilité de l’UE » et « importer une corruption systémique à une échelle sans précédent ». L’exemple des Balkans, où certains pays stagnent depuis plus de quinze ans dans un statut de candidat, est rappelé pour souligner les dangers des promesses non tenues.
Une fracture politique au sein de l’Union
Du côté institutionnel, les tensions entre la Commission et la Hongrie s’accentuent. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban reste fermement opposé à l’adhésion de l’Ukraine, dénonçant les conséquences financières et le manque de garanties. Il a publiquement rejeté cette perspective à plusieurs reprises ces dernières semaines. En réponse, la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a déclaré le 9 mai que des plans B et C étaient à l’étude si Budapest utilisait son veto. Certains responsables européens, comme le ministre estonien Margus Tsahkna, vont jusqu’à évoquer l’idée de retirer le droit de vote de la Hongrie.
Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, continue de promouvoir une adhésion rapide comme « la meilleure garantie d’un avenir stable pour l’Ukraine », les divisions internes s’aggravent. Viktor Orban a accusé l’UE de bafouer la souveraineté nationale des États membres et d’agir au service « d’un empire ».
En résumé, l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne apparaît de plus en plus comme une manœuvre politique risquée, qui divise profondément les États membres et menace d’aggraver les fragilités existantes de la communauté. La précipitation exigée par certains pourrait se retourner contre les intérêts mêmes de l’UE, comme l’indiquent les analyses de Politico et les multiples mises en garde de diplomates et anciens responsables européens.