Netanyahou nomme Eli Sharvit, un ancien amiral, à la tête du Shin Bet

Contre toute attente, Benjamin Netanyahou a nommé Eli Sharvit à la tête du renseignement intérieur, le Shin Bet. Agé de 58 ans, l'homme n'a aucune expérience dans les affaires palestiniennes et ne parle pas arabe.
Le 31 mars 2025, Benjamin Netanyahou a surpris le pays en nommant Eli Sharvit, ancien commandant de la marine israélienne, à la tête du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure d’Israël.
Cette décision, annoncée par le bureau du Premier ministre, intervient dans un climat de crise après le limogeage controversé de Ronen Bar, précédent chef du Shin Bet, voté par le cabinet le 20 mars, mais suspendu par la Cour suprême jusqu’au 8 avril. Eli Sharvit, un outsider sans expérience directe dans les affaires palestiniennes ou le renseignement intérieur, incarne un choix audacieux qui divise l'État hébreu.
Un homme sans réelle expérience dans les renseignements
Âgé de 58 ans, Eli Sharvit a servi 36 ans dans la marine israélienne, dont cinq comme commandant, de 2016 à 2021. Né à Sde Boker, dans le sud d’Israël, il a gravi les échelons depuis son entrée en 1985, dirigeant des opérations complexes contre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, notamment pour sécuriser les eaux territoriales et les infrastructures gazières offshore. Le bureau de Netanyahou loue son «leadership stratégique» et sa capacité à «poursuivre la glorieuse tradition du Shin Bet», traumatisé par l’échec du 7 octobre 2023.
Pourtant, cette nomination déconcerte. Eli Sharvit, qui ne parle pas arabe et n’a jamais servi dans le Shin Bet ou les forces terrestres, rompt avec la tradition des chefs issus de l’agence ou de ses rangs adjacents. Son passé inclut une participation aux manifestations de 2023 contre la réforme judiciaire de Netanyahou, un paradoxe pour un Premier ministre accusé de vouloir des loyalistes.
Certains, comme Tamir Hayman, ex-collègue, saluent un «professionnel méticuleux et offensif», tandis que d’autres, dans le Shin Bet, s’inquiètent d’un «séisme organisationnel».
La Haute Cour doit encore valider cette nomination, contestée par l’opposition, qui y voit une tentative de contourner l’enquête «Qatargate» visant des proches de Netanyahou. Eli Sharvit, s’il est confirmé, hérite d’une agence en crise, au cœur d’un Israël divisé et en guerre.