Haïti : près de la moitié des membres des groupes armés sont des enfants, prévient l'UNICEF
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L’UNICEF met en garde contre une hausse massive du recrutement d'enfants par les gangs armés en Haïti. Utilisés d’abord comme messagers ou informateurs ou encore dans les tâches ménagères, ils s’impliquent davantage dans les violences au fur et à mesure qu'ils grandissent.
En Haïti, «près de la moitié des membres des groupes armés sont des enfants, dont certains n'ont que huit ans», a déclaré la représentante de l'UNICEF dans le pays, Geetanjali Narayan, lors d’une conférence de presse le 28 février à Genève, indiquant que le recrutement d'enfants dans les groupes armés avait augmenté de 70 % au cours de l'année écoulée.
Selon Geetanjali Narayan, les enfants de 8 à 10 ans sont «utilisés comme messagers ou informateurs», tandis que les plus jeunes filles sont chargées des tâches domestiques. «Au fur et à mesure qu'ils grandissent, les enfants jouent un rôle de plus en plus actif en participant à des actes de violence», a relaté la responsable onusienne, décrivant des dommages «indescriptibles» causés par ces situations.
«À cet âge, le cerveau de l'enfant est encore en formation. Il n'a pas encore développé sa compréhension du monde. C'est pourquoi le fait de faire partie d'un groupe armé où l'on est entouré de violence à tout moment et où l'on peut soi-même être forcé de commettre des actes de violence a un effet profond sur l'enfant», explique-t-elle .
La responsable de l'UNICEF souligne que les chances des enfants haïtiens pour un avenir meilleur sont limitées par la violence armée qui les entoure. En revanche, plus de 100 enfants ont été démobilisés et réintégrés l’année dernière, note-t-elle, soulignant que l'UNICEF «travaille activement» pour soutenir la libération, la démobilisation et la réinsertion des enfants membres de groupes armés en 2025.
«Un enfant qui n'est pas scolarisé est un enfant en danger»
D’après Geetanjali Narayan, la déscolarisation due à la violence des gangs augmente les menaces contre les mineurs. «Les attaques incessantes contre l'enseignement s’accélèrent, laissant des centaines de milliers d'enfants sans lieu d'apprentissage», affirme Geetanjali Narayan. «Un enfant qui n'est pas scolarisé est un enfant en danger», met en garde le défenseur des enfants.
Le mois dernier, des gangs ont détruit 47 écoles dans la capitale haïtienne Port-au-Prince, s'ajoutant aux 284 écoles détruites en 2024, a précisé la responsable onusienne. L’UNICEF a déjà signalé une augmentation de 1 000 % des violences sexuelles à l’encontre des enfants entre 2023 et 2024 dans le pays. Les enfants représentent également la moitié du million de personnes déplacées à ce jour par les violences en Haïti : ils continuent à payer le plus lourd tribut de la crise.
L'arrivée l’été dernier d'une mission multinationale d'appui à la police haïtienne (MSS), menée par le Kenya et soutenue par l'ONU, n'a pas permis de diminuer la violence des groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon. Les gangs s'en prennent également à des infrastructures importantes et ont notamment provoqué en novembre la fermeture de l'aéroport de la capitale.