Les pourparlers pour arriver à une trêve à Gaza continuent au Caire
- Avec AFP
Pour la troisième journée consécutive, les négociations ont lieu au Caire pour arriver à une trêve dans l'enclave gazaouie avant le mois du ramadan. Malgré les pourparlers, l'armée israélienne a bombardé Rafah et Khan Younès dans le sud de Gaza, faisant 97 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les négociations entre le Hamas et les médiateurs internationaux continuent le 5 mars au Caire dans l'espoir de parvenir, avant le ramadan, à une trêve dans la bande de Gaza après quasiment cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
Des bombardements israéliens ont de nouveau visé pendant la nuit le territoire palestinien assiégé, notamment les villes de Rafah et Khan Younès dans le sud, faisant au total 97 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les médiateurs égyptiens, américains et qataris tentent pendant ce temps d'arracher un compromis aux deux camps, afin d'obtenir un accord de trêve avant le début, le 10 ou 11 mars, du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans. Un tel accord permettrait une libération d'otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Une trêve en sursis
Les discussions se poursuivent néanmoins sans représentant israélien, a annoncé la chaîne Al Qahera News, proche des services de renseignement égyptiens.
Les États-Unis, principal soutien d'Israël, réclament avec de plus en plus d'insistance un cessez-le-feu, tout en ayant voté contre les résolutions à l'ONU et en aidant financièrement l'armement de l'État hébreu.
Lors d'une rencontre le 4 mars avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a exprimé sa «profonde inquiétude» pour Gaza. Elle a «appelé le Hamas à accepter les conditions qui sont sur la table pour une libération des otages qui se traduirait par un cessez-le-feu immédiat de six semaines et permettrait d'augmenter l'aide humanitaire».
Mais le Hamas exige notamment, avant tout accord, un cessez-le-feu définitif et un retrait militaire israélien du territoire. Israël rejette ces conditions, disant vouloir poursuivre son offensive jusqu'à l'élimination du Hamas.
Selon des médias israéliens, le gouvernement exige que le Hamas lui fournisse une liste précise des otages retenus à Gaza et n'a pas envoyé de délégation au Caire, contrairement au Hamas, car cette liste ne lui a pas été remise.
Un haut responsable de la direction politique du Hamas, Bassem Naim, a accusé ce 5 mars Israël de bloquer les négociations, dans une déclaration à l'AFP, et affirmé que «la balle [était] dans le camp» des États-Unis.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël depuis Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données de la sécurité sociale israélienne. Environ 250 personnes ont été enlevées le même jour et emmenées dans la bande de Gaza, où 130 sont encore détenues, mais 31 seraient mortes, selon Israël.
Vers une intervention terrestre à Rafah ?
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, causant 30 631 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère palestinien de la Santé.
Pour parvenir à la «victoire totale», Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l'extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l'Égypte, où sont massés, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens dans une situation désespérée.
La ville de Rafah a une nouvelle fois été touchée par un bombardement pendant la nuit et plusieurs autres frappes ont visé Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord, où les combats au sol se poursuivent. Dans cette localité, selon le gouvernement du Hamas, des dizaines de frappes israéliennes ont touché les environs de l'Hôpital européen, dans le quartier de Hamad.
«Ils ont détruit la maison sans prévenir. Le quartier s'est transformé en un enfer de feu», a raconté à l'AFP un survivant, Abdullah al-Amour, après une frappe qui a fait 16 morts parmi lesquels un nouveau-né.
L'armée a confirmé des bombardements sur ce secteur, ajoutant que l'aviation continuait à mener «des frappes précises contre des cibles du Hamas» à travers le territoire.
À Khan Younès, des Palestiniens continuent à récupérer les corps en décomposition qui jonchent les rues de cette ville transformée en champ de ruines, et les évacuent dans des couvertures.
Tsahal accusé de commettre des actes de «torture», selon l'UNRWA
Selon l'ONU, la famine est «quasiment inévitable» pour 2,2 millions d'habitants de Gaza, soit l'immense majorité de la population, l'aide humanitaire n'arrivant qu'au compte-gouttes alors que les besoins sont immenses.
Cette situation catastrophique est aggravée par les tensions entre l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et Israël, qui réclame son démantèlement. Israël accuse cette agence d'employer «plus de 450 terroristes» du Hamas et d'autres organisations à Gaza, et affirme que 12 de ses employés ont été impliqués dans l'attaque du 7 octobre.
Un tel démantèlement serait «irréfléchi», a déclaré devant l'Assemblée générale de l'ONU le patron de l'Unrwa, Philippe Lazzarini. «En le faisant, nous sacrifierons une génération entière d'enfants, semant les graines de la haine, du ressentiment et d'un futur conflit», a-t-il averti.
Philippe Lazzarini a en outre accusé Israël de faire vivre un «calvaire» aux Palestiniens faits prisonniers à Gaza depuis le début de la guerre.
L'agence avait le 4 mars accusé les autorités israéliennes d'avoir commis des actes de «torture» contre certains de ses employés arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.