Antalya : «le camp militariste en Europe reste très fort», estime Lavrov
Lors d’une conférence de presse ce 2 mars en Turquie, en marge du Forum diplomatique d’Antalya, le chef de la diplomatie russe est revenu sur la diffusion d’un enregistrement audio dans lequel des officiers allemands de haut rang discutent les plans d'une attaque sur le pont de Crimée.
Depuis la Turquie, où il assiste à la troisième édition du Forum de la diplomatie d’Antalya, le ministre russe des Affaires étrangères est revenu lors d’une conférence de presse sur la dégradation progressive des relations bilatérales entre Moscou et l’Allemagne. Dernier épisode en date, qui a fait l’objet d’une question d’un journaliste : la récente publication d’un enregistrement audio qui embarrasse Berlin.
Dans cet enregistrement d’une quarantaine de minutes publié le 1er mars par la rédactrice en chef de RT Margarita Simonian, quatre personnes présentées comme des officiers allemands discutent de l’utilisation possible de missiles Taurus contre le pont de Crimée en cas de feu vert de l’Allemagne à la livraison au régime de Kiev de ces armes à longue portée. Les quatre interlocuteurs évoquaient la prudence à conserver afin que Berlin ne puisse être considéré comme un belligérant.
Dénonçant «des plans sournois de la Bundeswehr», Sergueï Lavrov a estimé que «le camp militariste» face à la Russie demeurait «très fort» en Europe. Une «révélation criante» que le ministre russe a inscrite dans un contexte plus global, renvoyant aux récentes déclarations du président français Emmanuel Macron. Ce dernier avait estimé, le 26 février, à l’issue d’une conférence de soutien à l’Ukraine, que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait «être exclu».
Des positions en faveur d’une confrontation avec la Russie de plus en plus assumées
Sergueï Lavrov rappelle également les aveux d’Angela Merkel et de François Hollande, concernant le non-respect des accords de Minsk. En décembre 2022, dans un entretien à Die Zeit, l’ancienne chancelière allemande avait affirmé que les accords de Minsk avaient été une «tentative de donner du temps à l’Ukraine» pour se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec la Russie. Position sur laquelle s’était aligné l’ancien président français, quelques semaines plus tard, lors d’une interview au Kyiv Independent.
«Oui, Angela Merkel a raison sur ce point. Les accords de Minsk arrêtèrent l'offensive russe pour un temps. Ce qui était important était de savoir comment l'Occident utiliserait ce répit pour prévenir toute tentative russe ultérieure», avait déclaré l’ancien chef de l’exécutif tricolore. Celui-ci avait ajouté que c’était «le mérite des accords de Minsk» d’avoir donné à l’armée ukrainienne l’«opportunité» de s’entraîner et de s’équiper.
Autres déclarations de responsables occidentaux dénoncées par Moscou : celles du chef du Pentagone Llyod Austin. Lors d’une audition au Congrès, le responsable américain avait déclaré croire «sincèrement» qu’en cas de défaite militaire de l’Ukraine «l’OTAN combattra la Russie». «Une déclaration extrêmement irresponsable de plus», avait jugé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, dénonçant une attitude en Occident qui ne faisait qu’«augmenter encore les tensions» avec la Russie.