Patinage artistique aux JO 2022 de Pékin : les Russes privés de leur médaille d'or
La Fédération internationale de patinage (ISU) a finalement décidé de remettre l'or aux Américains au détriment des Russes, relégués à la troisième place. Un arbitrage perçu comme partial et abusif par la Russie, qui se voit fréquemment marginalisée des compétitions sportives.
Les patineurs américains ont donc été sacrés champions olympiques de l'épreuve par équipes des JO 2022 de Pékin, devant les Japonais et les Russes, a décidé le 30 janvier la Fédération internationale de patinage (ISU), retirant aux Russes les points de la jeune prodige Kamila Valieva après sa suspension pour dopage le 29 janvier par le Tribunal arbitral du sport.
Les Russes malgré tout troisièmes
Initialement déclarés vainqueurs, les Russes perdent deux rangs après le retrait des points remportés par Kamila Valieva. Star attendue des Jeux, la championne d'alors 15 ans avait réalisé à Pékin le premier quadruple saut féminin de l'histoire olympique, propulsant son équipe largement en tête de cette épreuve collective.
Même sans les points apportés par la prestation de Valieva, les athlètes du Comité olympique russe – qui concouraient sous bannière neutre en raison de sanctions infligées à la Russie fin 2020 pour des accusations de dopage contestées par Moscou – préservent leur place sur le podium au détriment des Canadiens, quatrièmes.
Les analyses de l'agence Rusada contestées
L'ISU a donc suivi la suspension rétroactive de quatre ans infligée le 29 janvier à Kamila Valieva par le Tribunal arbitral du sport, à compter du 25 décembre 2021, en annulant également son titre de championne d'Europe 2022 et sa quatrième place lors de l'épreuve individuelle des JO 2022 de Pékin.
La patineuse avait été contrôlée positive par l'agence antidopage russe (Rusada) à la trimétazidine, une substance interdite depuis 2014 au motif qu'elle améliore la circulation sanguine, à l'occasion des championnats de Russie qu'elle a remportés fin 2021 à Saint-Pétersbourg.
La jeune fille, alors âgée de 15 ans, a invoqué une «contamination via les couverts» partagés avec son grand-père, traité à la trimétazidine après la pose d'un cœur artificiel, et qui la conduisait chaque jour à l'entraînement. Le TAS a estimé que Kamila Valieva «n'avait pas été en mesure d'établir», avec des preuves suffisamment convaincantes, qu'elle ne s'était pas «intentionnellement» dopée.
Mais Rusada étant suspendue par l'Agence mondiale antidopage (AMA), son prélèvement avait été analysé par le laboratoire agréé par l'AMA de Stockholm. Désorganisé par la pandémie de Covid-19, ce laboratoire avait mis sept semaines pour communiquer le résultat, alors même que les JO 2022 de Pékin avaient déjà commencé et que l'épreuve de patinage par équipes avait déjà été disputée.
En définitive, la question ne portait pas sur le fait de savoir si l'adolescente avait violé la législation antidopage : Kamila Valieva n'avait pas contesté son contrôle positif fin 2021 à la trimétazidine, une substance censée améliorer la circulation sanguine, interdite depuis 2014 par l'Agence mondiale antidopage, et détectée en quantité infime dans son organisme. Mais la jeune fille, alors âgée de 15 ans, avait invoqué une «contamination via les couverts» partagés avec son grand-père, traité à la trimétazidine après la pose d'un cœur artificiel, et qui la conduisait chaque jour à l'entraînement.
Une «décision politique», selon le Kremlin
Le Kremlin a dénoncé une «décision politique» par la voix du porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes. «L’Occident ne fait qu’aggraver la situation de ses propres athlètes en détruisant des phénomènes tels que le sport et l’Olympisme», a déclaré de son côté la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
«La guerre a été déclarée au sport russe et, comme nous le voyons, tous les moyens sont bons», a dénoncé le Comité olympique russe quelques heures après l'annonce de la suspension pour quatre ans de la patineuse russe Kamila Valieva par le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Cette affaire s'ajoute en effet à une longue liste de discriminations. Le 8 décembre 2023, le CIO n'admettait les sportifs russes et biélorusses à ne participer aux JO de Paris que sous bannière neutre et à titre individuel, à condition de ne pas avoir activement soutenu l'invasion russe de l'Ukraine. Seuls huit athlètes russes et trois sportifs biélorusses ont été qualifiés.