Heurts entre supporters allemands et policiers à Naples lors d'un match de Ligue des champions
Des supporters allemands ont violemment affronté les forces de l’ordre dans la ville italienne à l'occasion d'un huitième de finale retour de cette compétition, donnant lieu à une polémique visant le ministre de l’intérieur Matteo Piantedosi.
Naples a connu, dans l’après-midi du 15 mars, des scènes de violence et d'émeute, des centaines de supporteurs allemands de l’Eintracht Francfort ayant affronté la police antiémeute quelques heures avant le huitième de finale retour de Ligue des champions de football contre le club de la ville.
Selon Le Monde, ce n'est qu'après «deux heures chaotiques» que les forces de l'ordre ont pu reprendre le contrôle de la situation, après que les «ultras» allemands s'en sont pris à des bus, incendiant également une voiture de police, lançant des fumigènes, des chaises de bar ou des poubelles à travers les rues. L’après-match a également connu des tensions, signale le quotidien, des ultras napolitains ayant tenté d’approcher l’hôtel des supporters de Francfort avant d’être repoussés à coups de grenades lacrymogènes par la police.
Piazza del Gesù devastata. Live Napoli SPORTITALIA @tvdellosport 🇩🇪 @BILD#bestiepic.twitter.com/eUyCCBZz7d
— Michele Criscitiello (@MCriscitiello) March 15, 2023
Comme le rappelle Le Monde, un lourd passif sépare les deux clubs, qui se vouent depuis plusieurs années une haine tenace par l’entremise de la frange la plus dure de leurs supporters ultras. Parmi les raisons de cette inimitié, le fait que le club de Francfort se soit rapproché de l’Atalanta Bergame, l’un des rivaux historiques du club de Naples. Ce dernier a, quant à lui, développé des liens d’amitié avec les supporters du Borussia Dortmund, ennemi juré de Francfort dans le championnat allemand.
Cafouillage du ministre italien de l'Intérieur
Le 21 février, lors du match aller qui s'était déroulé en Allemagne, les ultras du Eintracht Francfort avaient tapissé la ville d’autocollants insultants pour les Napolitains, tandis que des minibus en provenance d’Italie avaient été vandalisés, donnant lieu à l'arrestation de 36 personnes.
Soucieuses de parer au risque d’affrontements, les autorités italiennes n’ont cependant pas brillé par leur méthode en prenant une succession d’ordres et contre-ordres. En prévision de la rencontre jugée «à haut risque», le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi – lui-même napolitain d’origine – a d’abord pris un arrêté ordonnant de fermer le stade Diego-Armando-Maradona aux visiteurs et d’interdire la vente de billets aux supporteurs de Francfort, ce qui a suscité la colère en Allemagne, bien au-delà des rangs des supporters. Une banderole insultant le ministre italien avait ainsi été déployée dans l’Allianz-Arena de Munich lors du match contre le Paris Saint-Germain.
L’Eintracht Francfort dénonce alors une «ingérence grave et inacceptable des autorités italiennes» et dépose un recours devant le tribunal administratif de Naples, qui lui donne raison, permettant aux fans allemands d’acheter leurs billets. Cependant le préfet de Naples a ensuite pris un nouvel arrêté autorisant la venue des supporters de l’Eintracht, «excepté ceux qui résident dans la ville de Francfort». «Une décision ubuesque», selon So Foot, qui entraîne cette fois une verte réaction de l’UEFA, dénonçant «une situation intolérable et une décision erronée»de la part des autorités italiennes.
La violence des affrontements a provoqué la consternation en Italie et l’affaire a pris une coloration politique. Un conseiller régional écologiste, Franco Borrelli, a ainsi affirmé que le ministre de l’intérieur, Matteo Piantedosi, proche de Matteo Salvini (Ligue du Nord) «devra s’expliquer devant le Parlement». «C’est une violence qui offense non seulement la ville mais aussi les valeurs du football, du sport et de tous les passionnés. Comment est-il possible que les supporteurs de l’Eintracht aient pu arriver dans les rues de la ville ? Que le ministre s’explique», s’est aussi insurgée la sénatrice napolitaine du Parti démocrate (centre gauche), Valeria Valente.