Craignant des flux migratoires, la Pologne érige des barbelés à la frontière avec la Russie
Le ministre polonais de la Défense a annoncé ce 2 novembre la construction d'une barrière le long de la frontière avec l'enclave russe de Kaliningrad, pour empêcher des passages illégaux de migrants orchestrés, selon Varsovie, par Moscou.
Après la frontière biélorusse, c'est au tour de la frontière russe. La Pologne a entrepris la construction d’une barrière de barbelés le long de sa frontière septentrionale. «J'ai décidé d'agir en vue d'augmenter la sécurité à la frontière avec l'enclave de Kaliningrad. Nous commençons à y construire une barrière provisoire» a déclaré, ce 2 novembre, le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak.
C’est la Pologne, c’est l’affaire des Polonais
Les travaux le long de cette frontière de plus de 200 kilomètres avec la Russie commencent «dès aujourd'hui», a-t-il insisté lors d’un point presse. Cette barrière sera composée, selon le ministre polonais, de trois clôtures parallèles hautes de 2,5 mètres et d'une largeur de 3 mètres. Côté russe, on s’est refusé de commenter cette décision. «C’est la Pologne, c’est l’affaire des Polonais. Il faut demander aux Polonais de commenter» a coupé court le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’une conférence de presse.
La Pologne soupçonne la Russie de préparer un afflux de migrants
Début octobre, les autorités polonaises avaient fait connaitre leur intention d’ériger une telle structure à la frontière avec la Russie. Cette annonce survenait quelques jours après celle des autorités russes d’instaurer, pour deux ans, un «régime de ciel ouvert» à l’aéroport de Kaliningrad Khrabrovo.
Celui-ci vise à attirer davantage de compagnies aériennes étrangères et ainsi doper les activités aéroportuaires de l’enclave, à l’heure où la pérennité de ses voies d’approvisionnement avec la Russie est menacée par ses voisins.
En juin, la Lituanie avait en effet notamment décrété un blocus partiel de Kaliningrad sur le transit des marchandises russes passant par son territoire. Des mesures de Vilnius que Moscou avait qualifié «d'ouvertement hostiles», violant l'accord entre la Russie et l’Union européenne (UE) de 2002.
Pour la Pologne, qui aurait encouragé son voisin lituanien à appliquer un tel blocus, ce «ciel ouvert» décrété par les autorités russes à la demande du gouverneur de Kaliningrad présagerait d’un mauvais coup de Moscou. Selon Varsovie, l’ouverture de lignes aériennes entre l’enclave et des pays nord-africains l’expose à des passages illégaux de migrants. Des passages qui, selon les autorités polonaises, feraient partie intégrante de la «guerre hybride» que mènerait la Russie à son encontre.
Un contexte régional tendu
Forte de ce même discours, les autorités polonaises avaient déjà entrepris la construction d’une barrière à la frontière avec la Biélorussie, non sans avoir demandé l’aide de l’UE et de l’OTAN pour mettre fin à cette «attaque» de migrants téléguidée – selon elles – directement depuis le Kremlin.
En novembre 2021, au plus fort des tensions à la frontière biélorusse, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait directement accusé le président russe Vladimir Poutine d’être le «cerveau» de cette «attaque» recourant à des migrants «pour déstabiliser la situation en Pologne et dans l’UE». Dans le même temps, des chancelleries occidentales avaient accusé Minsk d’orchestrer la crise, en favorisant l’arrivée sur son sol des migrants via des connexions aériennes avec le proche et Moyen-Orient.
Haut de 5 mètres et s’étalant sur 186 kilomètres (sur les 418 de la frontière), ce mur d’acier qui a couté plus de 350 millions d’euros vient tout juste d’être achevé.