«Condamner les comploteurs» : manifestations dans plusieurs villes d'Iran en soutien aux autorités
- Avec AFP
En réponse à la vague de protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, plusieurs milliers d'Iraniens ont défilé pour défendre le gouvernement face à un mouvement accusé de violer les préceptes religieux et de faire le jeu des Etats-Unis.
Des milliers de personnes ont défilé à Téhéran et dans plusieurs villes iraniennes le 23 septembre pour défendre le port du voile et le gouvernement, dénonçant les «comploteurs», selon l'agence de presse iranienne Irna. Le terme fait référence aux manifestants qui protestent depuis près d'une semaine contre la mort de Mahsa Amini, décédée à l'hôpital quelques jours après avoir été arrêtée par la police, celle-ci ayant nié être responsable du décès.
Prôner la fin du voile, c'est faire la politique des Américains
Face à ce mouvement de contestation, des marches de soutien aux autorités ont eu lieu après la prière du 23 septembre, l'agence de presse Mehr évoquant une «grande manifestation du peuple iranien pour condamner les comploteurs». L'imam Seyed Ahmad Khatami, dans son prêche à l'université de Téhéran, a demandé «fermement au pouvoir judiciaire d'agir vite contre les émeutiers qui brutalisent les gens, qui mettent le feu aux biens publics et brûlent le Coran». «Punissez ces criminels avec l'arme de la loi», a-t-il lancé.
Les fidèles ont brandi pour leur part des pancartes remerciant les forces de l'ordre, «colonne vertébrale du pays» et ont critiqué les femmes qui brûlent leur voile, apparues dans plusieurs vidéos très relayées sur les réseaux sociaux. «Prôner la fin du voile, c'est faire la politique des Américains», ont-ils scandé.
D'autres manifestations de soutien à la police ont également eu lieu dans plusieurs villes du pays comme Ispahan (centre), Tabriz (nord-ouest), Qom (nord) et Ahvaz (ouest). «Aujourd'hui plus que jamais, l'arbre de la Révolution est robuste et enraciné», ont affirmé certains des manifestants dans un communiqué, condamnant également «les comploteurs et ceux qui ont violé les préceptes sacrés de la religion».
Louant les «efforts et les sacrifices de la police», les Gardiens de la Révolution ont de leur côté assuré que la récente «conspiration de l'ennemi» serait «vouée à l'échec». Pour sa part, le chef du pouvoir judiciaire, Gholam Hossein Mohseni-Ejei, a averti que «les personnes ayant endommagé les biens publics et gouvernementaux, désobéi à la police ou étant liés aux services d'espionnage étrangers» devaient être traitées «sans aucune indulgence».
Le décès de Mahsa Amini, point de départ des manifestations
Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour «port de vêtements inappropriés» par la police des mœurs, l’unité chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l'hôpital, et sa mort a entraîné une série de manifestations à travers le pays.
Au moins 17 personnes ont été tuées dans ces protestations, marquées par des affrontements entre manifestants et forces de sécurité, selon un bilan des autorités, tandis que des ONG telles que le Centre pour les droits humains en Iran, basé à New York, avancent des bilans plus élevés. «Des sources indépendantes parlent de 36 décès», a indiqué l'ONG le 22 septembre sur Twitter. Selon Netblocks, autre ONG basée à Londres qui recense les pannes d'Internet, les connexions ont été à nouveau très perturbées dans le pays ce 23 septembre. Elle a estimé qu'il s'agissait des restrictions les «plus sévères» depuis une précédente vague d'émeutes en novembre 2019, davantage liées à la situation économique difficile du pays.
L'Occident, de son côté, a multiplié les condamnations à l'encontre des autorités, les Etats-Unis annonçant de nouvelles sanctions économiques visant précisément la police des mœurs. Le président iranien Ebrahim Raïssi a affirmé le 22 septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, qu'une enquête serait ouverte sur ce décès, tout en dénonçant «l'hypocrisie» des puissances occidentales, moins disertes selon lui sur l'action de leurs propres forces de l'ordre.