La Russie reçoit l'ambassadeur de France et juge «inacceptable» le «gavage» d'armes à l'Ukraine
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a reçu l'ambassadeur français Pierre Lévy, condamnant l'aide militaire occidentale à l'Ukraine et insistant sur la nécessité de lever les sanctions sur les producteurs russes de céréales et d'engrais.
Le 20 septembre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Groushko, a reçu l’ambassadeur de France en Russie Pierre Lévy. Le diplomate a fait part de son mécontentement , jugeant l'aide militaire occidentale à l'Ukraine «inacceptable».
«L'accent a été mis sur le caractère inacceptable de la poursuite du gavage de l'Ukraine avec des armes occidentales, dont certaines sont françaises», a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Pour Moscou, ces armes sont utilisées sur des installations civiles et des infrastructures industrielles notamment la centrale nucléaire de Zaporojié.
Une aide occidentale à l'Ukraine qui ne faiblit pas
Selon l'Ukraine Support Tracker de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, la France a livré 240 millions de dollars d'aide militaire à Kiev. En ajoutant l'aide humanitaire et financière, Paris aurait déboursé plus d'un milliard de dollars. Si les données restent confidentielles, cette enveloppe inclurait les 18 canons Ceasar dont la dernière livraison remonte à juin. Pierre Haroche, le chercheur spécialiste en sécurité européenne, plaide dans une tribune au Monde pour que la France envoie une cinquantaine de chars Leclerc.
Jugée réticente à appuyer l'effort de guerre ukrainien, l'Allemagne a de son côté déjà versé 1,2 milliard d'euros d'aide militaire. Le 15 septembre Berlin a d'ailleurs promis un appui supplémentaire pour livrer deux systèmes de fusées à lancement multiple, connus sous le nom de MARS II, avec 200 missiles et 50 véhicules blindés de transport de troupes Dingo.
Le Royaume-Uni est sans conteste le pays européen ayant le plus aidé militairement l'Ukraine avec une enveloppe à hauteur de quatre milliards. Le nouveau Premier ministre britannique Liz Truss s'est engagée à dépasser 2,3 milliards de livres sterling (2,63 milliards de dollars) d'aide militaire à l'Ukraine pour l'année 2023, a annoncé le 20 septembre un communiqué du gouvernement. «Nous avons formé 27 000 membres des forces armées ukrainiennes depuis 2015, et l'année dernière, nous avons fourni des centaines de roquettes, cinq systèmes de défense aérienne, 120 véhicules blindés et plus de 200 000 pièces d'équipement militaire non létal», avait-elle déclaré.
Le premier soutien militaire à l'Ukraine est celui des Etats-Unis avec plus de 25 milliards de dollars. Dernier geste en date, une nouvelle enveloppe d'1,7 milliard de dollars annoncée le 8 septembre.
Outre la condamnation de l'aide militaire occidentale à l'Ukraine, Alexandre Grouchko a également insisté auprès de l'ambassadeur français sur «la nécessité de lever les sanctions illégales contre les producteurs russes de céréales et d'engrais et de supprimer tous les obstacles à l'approvisionnement des marchés des pays en développement afin d'éviter de graves conséquences humanitaires».
Ces propos font écho à ceux du président russe Vladimir Poutine, qui a accusé le 20 septembre l'Union européenne de bloquer le don de 300 000 tonnes d'engrais russes aux pays qui en ont le plus besoin.
Dans un message à la nation ce 21 septembre, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une «mobilisation partielle» en Russie dans le cadre de l'opération militaire menée depuis le 24 février en Ukraine. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a précisé que 300 000 réservistes allaient être appelés, sur un potentiel de mobilisation d'environ 25 millions de personnes. Ces renforts seront déployés pour consolider et contrôler les lignes arrières, le long d'«une ligne de front qui s'étend sur plus de 1 000 kilomètres» dans le sud et l'est de l'Ukraine