Josep Borrell s'oppose à l'interdiction totale des visas pour les Russes
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell juge que la demande de certains pays de l'Union européenne d'empêcher la délivrance de visas aux citoyens russes «n'est pas une bonne idée». Parallèlement, la diplomatie russe a annoncé saisir l'ONU.
Alors que la pression s'accroit de la part de certains Etats membres souhaitant répondre favorablement à la demande de Kiev de proscrire aux citoyens russes l'obtention de visas de l'Union européenne, la mesure ne convainc pas le Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères Josep Borrell.
C'est de la russophobie pure
«Interdire l'entrée à tous les Russes n'est pas une bonne idée», a-t-il déclaré lors d'un point presse en Espagne le 22 août. Le dignitaire européen souhaite que les critères de bannissement soient «plus sélectifs». Il entendait par là cibler les «oligarques», mais pas les Russes dans leur ensemble dont beaucoup selon lui «veulent fuir le pays parce qu'ils ne veulent pas vivre dans cette situation».
Un projet «monstrueux» pour la diplomatie russe
A Moscou, ces velléités de pénaliser collectivement le peuple russe ont provoqué l'indignation. «La question [des restrictions de visas envisagées par l'UE contre les citoyens russes] mérite un examen approfondi. Je dirais que c'est non seulement absurde mais aussi monstrueux. C'est de la russophobie pure, de ne pas délivrer des visas pour des motifs ethniques. Cette question relève de Genève, du Conseil des droits de l'homme. Nous allons la soulever instamment», a déclaré à ce titre, le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU Guennady Gatilov sur la chaîne Rossia 24.
Cette demande, initialement formulée par l'Ukraine est appuyée par plusieurs pays comme la Finlande, la Lettonie, l'Estonie ou la République tchèque qui, en tant que titulaire de la présidence tournante de l'UE, mettra cette question au menu de la réunion des ministres des Affaires étrangères européens les 30-31 août à Prague.
Mais cette mesure, qui serait inédite puisque prenant une population entière pour cible, est loin de faire l'unanimité au sein de l'UE. Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, une limitation des visas touristiques pénaliserait «tous les gens qui fuient la Russie parce qu'ils sont en désaccord avec le régime russe». Les sanctions doivent d'abord viser à «pénaliser la machine de guerre russe et non le peuple russe», abonde le Portugal.
Quant à la Commission européenne, elle a rappelé que les demandes doivent être examinées au cas par cas. «Les Etats membres disposent d'une marge importante pour la délivrance de visas pour les courts séjours et ils examinent les demandes au cas par cas sur la base de leurs mérites», a déclaré une de ses porte-paroles.
Les propositions de sanctions sont une prérogative de la Commission. Leur adoption exige l'unanimité des Vingt-Sept.