Refus d'obtempérer : Mélenchon estime que «la police tue», ses adversaires montent au créneau

Refus d'obtempérer : Mélenchon estime que «la police tue», ses adversaires montent au créneau© Thomas SAMSON Source: AFP
Jean-Luc Melenchon, lors d'une conférence de presse à Paris le 19 mai 2022 (image d'illustration).
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A quelques encablures des législatives, la majorité et la droite ont largement dénoncé la mise en cause par Jean-Luc Mélenchon de la police, après la mort de la passagère d'un véhicule refusant d'obtempérer. Il se défend d'être «anti-flic».

Une nouvelle empoignade autour de l'action des forces de l'ordre vient agiter la classe politique, à moins d'une semaine du premier tour des élections législatives.

Dans la matinée du 4 juin, trois policiers ont ouvert le feu dans le nord de Paris sur les occupants d'une voiture soupçonnée d'avoir refusé de se soumettre à un contrôle puis de leur avoir «foncé» dessus, selon le récit d'une source policière. Le conducteur a été grièvement blessé, la passagère est décédée des suites de ses blessures par balle. Cité par RTL, un des passagers du véhicule assis à l'arrière admet que le conducteur s'est soustrait «une première fois» au contrôle de police mais réfute la version selon laquelle il a foncé sur les policiers.

La peine de mort pour un refus d'obtempérer. Le préfet approuve ? Le ministre félicite ? La honte c'est quand ?

«A ce moment-là, un policier nous a braqués directement, et a dit "sortez, coupez le contact, éteignez le moteur"», relate-t-il. Il poursuit : «On lui disait "gare-toi, sors", mais il ne voulait pas regarder le flic. Peut-être que c'est à ce moment-là que le flic a dû voir qu'il ne voulait pas le calculer et descendre de la voiture qu'il a tiré.» Il précise en outre qu'il y a eu «au moins dix coups de feu».

Mélenchon dénonce «la peine de mort pour un refus d'obtempérer»

L'affaire a rapidement pris un tour politique après des propos de Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis, ciblé tant par ses adversaires politiques que par une partie des syndicats de police.

Commentant les faits qui ont conduit à la mort de la jeune passagère et à de sérieuses blessures pour le conducteur, Jean-Luc Mélenchon a, dès le 4 juin, dénoncé ces tirs dans un tweet comme «un abus de pouvoir inacceptable». «La peine de mort pour un refus d'obtempérer. Le préfet approuve ? Le ministre félicite ? La honte c'est quand ?», avait-il dénoncé, interpellant la préfecture et la place Beauvau. Des propos complétés par un autre message au ton virulent, dans lequel il a affirmé : «La police tue et le groupe factieux Alliance justifie les tirs et la mort pour "refus d'obtempérer"», évoquant à nouveau «la honte» que l'affaire devrait susciter selon lui, alors que le syndicat de policiers avait défendu les agents ayant ouvert le feu.

Des propos «inqualifiables» pour plusieurs syndicats de policiers

Cette remise en cause de l'action des forces de l'ordre a fait bondir Alliance : son délégué général, Frédéric Lagache, a dénoncé des «propos inqualifiables» et annoncé que l'organisation déposerait à nouveau une plainte contre l'Insoumis. Interviewé sur RTL le 7 juin, le secrétaire général d'Alliance Loïc Lecouplier a quant à lui qualifié les propos de Jean-Luc Mélenchon d'«insultants» pour «les dizaines de milliers de policiers» représentés par le syndicat.

Il a aussi rejeté l'accusation de comportement «factieux», dans la mesure où Alliance ne s'en est «jamais pris aux institutions», mais souhaiterait «défendre simplement ses collègues». Et, sur le fond de l'affaire, Loïc Lecouplier a assuré que les policiers ne «tirent pas pour un refus d'obtempérer», mais qu'ils font usage de leurs armes lorsqu'ils sont agressés, comme cela a été le cas avec le véhicule mis en cause, «qui est une arme». Toujours du côté des syndicats, Synergie a vivement répliqué au chef de file de la Nupes, l'accusant de «tapiner un peu plus auprès du caïdat» alors qu'il «ne connaît rien à l'affaire».

Mettre Jean-Luc Mélenchon «hors d'état de nuire», «électoralement éliminatoire» : vives réactions dans la majorité et à droite

Sur le plan politique, les propos de l'Insoumis ont été dénoncés par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, selon qui «les policiers, les gendarmes méritent le respect», en estimant que «les insulter déshonore ceux qui veulent gouverner», et en appelant à laisser l'enquête se poursuivre pour établir si les policiers étaient ou en non en situation de légitime défense.

Pour le Rassemblement national, Marine Le Pen s'est clairement positionnée en défense des policiers, confrontés à «un sentiment d'impunité» de la part des «voyous et criminels», qui n'hésitent plus à s'en prendre à leur intégrité physique selon elle. «Que des dirigeants politiques, plutôt que d'apporter leur soutien à la police en attendant les résultats de l'enquête, mettent en cause l'intégralité de la police française devrait être électoralement éliminatoire», a lancé l'ancienne candidate à la présidentielle à l'attention de son concurrent de gauche.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a aussi condamné sans appel les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV, estimant même qu'il fallait mettre «les personnages s'exprimant de cette manière à l'égard de la police hors d'état de nuire», catégorie dans laquelle l'élu a placé le chef des Insoumis selon l'élu. Selon Christian Estrosi, les critiques de Jean-Luc Mélenchon l'égard de la police et du syndicat Alliance l'auraient disqualifié pour occuper le poste de Premier minstre auquel il aspire.  

«Je ne suis pas anti-flic »: Mélenchon persiste

Interrogé sur ses propos polémiques sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon a assumé l'intégralité de ses prises de position, expliquant qu'il avait justement voulu susciter le débat sur les méthodes des forces de l'ordre, et qu'il avait atteint son objectif. Evoquant «quatre morts en quatre mois pour des refus d'obtempérer», ainsi que les interventions controversées de la police au Stade de France le 28 mai et à la gare de l'Est le 4 juin, l'Insoumis a réitéré ses critiques et renouvelé sa promesse de changer la doctrine d'usage de la force de police dans notre pays. «Il y a la loi, des punitions, des amendes, mais pas la peine de mort», a-t-il martelé. «Je n'ai jamais été anti flic, je suis contre l'usage disproportionné de la violence», a-t-il ajouté au cours de l'entretien, rappelant son souhait de dissoudre les brigades anti-criminalité (BAC) et de revenir à une police de proximité, axée sur le maintien de «la tranquillité publique».

S'agissant de l'enquête à proprement parler, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a placé en garde à vue le 5 juin les trois agents de police, âgés entre 25 et 30 ans et qui utilisaient leur arme pour la première fois, pour «violence avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique». Ceux-ci auraient tiré «huit à neuf cartouches à trois» selon leur avocat, Laurent-Franck Liénard. Il a défendu la thèse selon laquelle les trois agents ont ressenti la dangerosité de la manœuvre de la voiture et «l'urgence de réagir», ce qui permettrait de caractériser une situation de légitime défense.

Dans l'après-midi du 7 juin, leur avocat a annoncé la levée de la garde à vue sans poursuites à ce stade.

Quant au conducteur, blessé au thorax, Le Parisien précise, outre une absence de permis de conduire, qu'il est «très défavorablement connu des services de police avec près de 80 mentions au traitement des antécédents judiciaires (TAJ) pour des affaires liées aux stupéfiants et des délits routiers». Selon une source judiciaire contactée par le quotidien, il était au moment des faits en «permission long week-end» du centre pour peines aménagées de Villejuif (Val-de-Marne), dans lequel il bénéficie d’un régime de semi-liberté.

L'affaire fait écho à celle, toujours dans la capitale, du Pont-Neuf, le 24 avril : un policier armé d’un fusil d’assaut avait ouvert le feu sur le conducteur d’une voiture et l’un des passagers, soupçonnés d'avoir forcé un contrôle, les tuant. Il avait alors été mis en examen pour «homicide volontaire», déclenchant la colère des syndicats de policiers.

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