«1,050 milliard d'euros» : le rachat des turbines d'Alstom coûterait le double de leur prix de vente

Emmanuel Macron, lors de sa visite à Belfort le 10 février© Jean-Francois Badias Source: AP
Emmanuel Macron, lors de sa visite à Belfort le 10 février.
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Contrairement à la communication gouvernementale, le rachat des turbines d'Alstom s'avèrerait deux fois plus cher que le prix de vente en 2015 à l’américain General Electric. De nombreux politiques ont twitté avec le hashtag #ScandaleMacron.

Le rachat des turbines Arabelle pour centrales nucléaires coûterait à EDF, entreprise détenue à 80% par l'Etat, 1,050 milliard d'euros, selon une information du Canard enchaîné le 15 février. Cela représenterait selon le journal deux fois le prix de vente en 2015 (585 millions d'euros), lors de l'acquisition de ces turbines passées alors d'Alstom à General Electric (GE).

Depuis l'annonce de ce retour des turbines dans le giron français le 10 février à Belfort par Emmanuel Macron, Le Canard enchaîné tourne en dérision la communication de l'Elysée, qui laissait croire qu'EDF allait «payer les turbines Arabelle bien moins cher qu'Alstom ne les avait vendues».

Si, selon certaines informations parues dans la presse, le montant de rachat est évalué à 240 millions d'euros, le Canard assure de son côté avoir eu la confirmation par des sources d'un rachat à un tarif bien plus élevé que le prix de vente en 2015.

Et le journal satirique d'affirmer qu'EDF va également racheter une «boîte rétrécie [...] d'environ un quart par rapport à ce qu'avait vendu Alstom». En effet, GE a exigé qu'une bonne partie de la construction des Arabelle reste sur le sol américain (Amérique du Nord, centrale et du Sud) et «conservera également – et dans le monde entier – la maintenance des turbines des centrales à charbon».

Si Emmanuel Macron érige cette opération rachat en véritable succès, il se dédouane depuis de toute responsabilité quant à la vente de 2015, estimant devant les ouvriers de l'usine de Belfort qu'il n'était à l'époque qu'un «collaborateur» de l'exécutif. Sauf que, comme le rappelle le Canard enchaîné, Emmanuel Macron était bel et bien ministre de l'Economie quand l'opération s'est faite fin 2014.

Pis, l'hebdomadaire précise qu'en tant que secrétaire général adjoint à l'Elysée (entre 2012 et 2014), Emmanuel Macron aurait «mandaté secrètement le cabinet américain A. T. Kearney pour – déjà – étudier la vente d'Alstom à GE». Et cette décision se serait faite «dans le dos du ministre de l'Economie Arnaud Montebourg», et du président François Hollande. 

Tollé au sein de la classe politique

L'article du quotidien n'a pas manqué de susciter les réactions indignées de nombreux politiques, qui ont relayé les informations du Canard enchaîné avec le hashtag #ScandaleMacron.

«#ScandaleMacron de bout en bout», a par exemple souligné le député de La France insoumise Bastien Lachaud, étayant dans un tweet : «Il brade Alstom aux Américains. Il rachète à prix d'or : deux fois plus cher pour une entreprise diminuée d'un quart, tu parles d'une culbute ! Mais à chaque fois, le monde du business prend des commissions. Combien financent ses campagnes ?»

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, considère pour sa part qu'«Emmanuel Macron a encore menti aux Français». «Le rachat de la filiale d’Alstom va coûter deux fois plus cher à EDF que le prix de vente aux Américains en 2015, alors qu’ils nous ont pillé nos brevets et nos contrats», argumente-t-elle.

«Présidente, je ferai toute la lumière sur ce #ScandaleMacron», conclut-elle son tweet.

Pour l'eurodéputé et soutien d'Eric Zemmour Jérôme Rivière, «contrairement aux annonces d’Emmanuel Macron, la récupération des turbines Arabelle d’Alstom coûtera le double du prix de vente de 2015 [...] et des conditions pénibles entourent le rachat».

Sans placer le hashtag #ScandaleMacron, le candidat communiste pour 2022 Fabien Roussel se demande «à quoi ça sert d'avoir bossé dans la banque pour être aussi mauvais gestionnaire ?»

«Avec moi, c'est fini ! La France ne sera plus vendue à la découpe», poursuit-il dans un commentaire sur les réseaux sociaux.

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