Anne Hidalgo : «le langage des années 30» contre les juifs est de nos jours appliqué aux «musulmans»

Les propos d'Anne Hidalgo, qui a déclaré le 12 décembre que «le langage des années 30» contre les juifs était aujourd'hui appliqué aux «musulmans» de France, ont suscité de nombreuses critiques dans la classe politique française.
Anne Hidalgo n'en finit plus de faire parler d'elle. Après sa tentative ratée d'unir la gauche en vue de la présidentielle, le maire de Paris a déclaré, lors d'un meeting à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 12 décembre, que le «langage des années 30 qui honnissait l'étranger, qui exaltait la haine des juifs», était de nos jours «appliqué» aux musulmans de France.
La candidate à la présidentielle s'en est ainsi pris sans le nommer à Eric Zemmour. Ce dernier a répliqué depuis l'Arménie, où il est en visite en compagnie de Philippe de Villiers. Cité par Le Figaro, le candidat à la présidentielle du parti Reconquête a estimé que les propos d'Anne Hidalgo étaient «délirants et insultants pour les juifs dans les années 30». Eric Zemmour voit dans ses propos «une candidate qui fait tout pour faire parler d'elle et sortir la tête hors de l'eau».
Eric Ciotti, qui récemment a critiqué Eric Zemmour tout en apportant son soutien à Valérie Pécresse, a estimé que les propos d'Anne Hidalgo représentaient «une banalisation indigne de la haine à des fins électoralistes qui fracture la Nation».
Anne Hidalgo ose comparer le sort des juifs dans les années 30 a celui des musulmans en France en 2021.
— Eric Ciotti (@ECiotti) December 13, 2021
Irresponsable faux et dangereux !
Une banalisation indigne de la haine à des fins électoralistes qui fracture la Nation pic.twitter.com/94CKN5I71h
Même son de cloche chez Marine Le Pen. Invitée de l'émission les Grandes Gueules sur RMC, la candidate RN à la présidentielle a fustigé les propos du maire de Paris. «Objectivement, ce propos est ignoble. Comparer la situation aujourd’hui des musulmans en France, qui ont absolument tous les droits, une liberté totale protégée par la Constitution, avec ce que les juifs ont pu vivre, c’est indigne de la part de madame Hidalgo», a-t-elle affirmé.
Le député LREM de l'Indre François Jolivet s'est de son côté dit surpris par «cette dérive de la candidate Anne Hidalgo», qu'il pensait être «plus modérée», avant d'ironiser en affirmant que «le concours Lépine de la phrase la plus choquante semble ouvert».
Comparer la situation des musulmans de France aujourd'hui avec le sort réservé aux juifs dans les années 30. Je ne comprends pas cette dérive de la candidate @Anne_Hidalgo que je sais bien plus modérée. Le concours Lépine de la phrase la plus choquante semble ouvert. #AnneHidalgo
— François Jolivet (@FJolivet36) December 13, 2021
Une comparaison qui est un fait acquis à gauche
Réagissant aux propos du conseiller régional d'Ile-de-France Pierre Liscia, qui dénonçait la comparaison faite par Anne Hidalgo, le conseiller régional socialiste d'Ile-de-France Jêrome Guedj a tenu à préciser qu'au travers de ses propos, le maire de Paris «ne compare rien» mais «dénonce les mots de l’extrême droite».
Non monsieur, @Anne_Hidalgo ne compare rien. Elle dénonce les mots de l’extrême droite (ça vous pose un problème ?)
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) December 13, 2021
« Ce langage des années 30 qui honnissait l’étranger, qui exaltait la haine des Juif, ils [l’extreme-droite] l’appliquent aujourd’hui aux musulmans » https://t.co/ABP4dLZwRl
Ce n'est pas la première fois que des figures politiques de gauche établissent une comparaison entre l'antisémitisme des années 30 et la situation des musulmans de France aujourd'hui. En février dernier, Jean-Luc Mélenchon avait ainsi affirmé sur sa chaîne YouTube que les critiques actuelles contre «l'islamo-gauchisme» étaient comparables avec celles contre le «judéo-bolchévisme», terme utilisé à l'époque par l'Allemagne nazie contre les juifs et les communistes.
Dans la même veine, le candidat du PCF Fabien Roussel a expliqué sur France Info le 9 décembre qu'Eric Zemmour représentait «la France des années 30 qui prépare la collaboration». Le chef de file du PCF avait notamment estimé que le candidat de Reconquête ciblait «particulièrement les juges, les journalistes, les musulmans, les féministes, les gays et lesbiens» ce qui pour lui était «quand même les critères d'un discours d'extrême droite pour une race pure».