La France vend des frégates à la Grèce, maigre consolation après le fiasco australien

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Emmanuel Macron et Kyriakos Mitsotakis ont signé un accord portant sur la commande par Athènes de trois frégates pour renforcer leur «partenariat stratégique», deux semaines après l'annulation du contrat à 56 milliards d'euros par l'Australie.

Près de deux semaines après l'annulation du contrat de vente de sous-marins à l'Australie, la France a signé ce 28 septembre un accord pour vendre trois frégates de Naval Group à la Grèce, dans le cadre d'un «partenariat stratégique» entre Paris et Athènes en Méditerranée, une opération censée illustrer l'Europe de la défense.

L'accord a été signé à l'Elysée entre le président français et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qui ont insisté sur sa dimension stratégique européenne, quand bien même ces deux pays sont membres de l'Otan. «Les Européens doivent sortir de la naïveté», a affirmé le chef de l'Etat français à l'issue de la cérémonie, appelant les Européens à «montrer» qu'ils «ont aussi la puissance et la capacité à [se] défendre». Ils doivent aussi «tirer toutes les conséquences» du fait que les Etats-Unis «se concentrent sur eux-mêmes et ont des intérêts stratégiques qui se réorientent vers la Chine et le Pacifique», a-t-il ajouté.

Dans le plein respect de nos engagements à l'UE et à l'OTAN

Néanmoins, la crise ouverte par le faux bond australien «ne change en rien la stratégie indo-pacifique de la France», a affirmé Emmanuel Macron. Cette stratégie a été «annoncée début 2018 en Inde» et «la France [y] est une puissance indépendamment de tout contrat puisque nous avons un million de compatriotes qui vivent dans cette région et plus de 8 000 soldats qui y sont déployés», a-t-il encore déclaré. 

Du reste, pour Emmanuel Macron, le renforcement du partenariat avec la Grèce «s'inscrit en parfaite en cohérence et dans le plein respect de nos engagements à l'UE et à l'OTAN», notamment «en nous permettant d'agir plus efficacement et de façon plus coordonnée ensemble pour la paix et la sécurité en Méditerranée, au Moyen-Orient, en Afrique et dans les Balkans», alors que l'accord a été salué par la ministre de la Défense Florence Parly et le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes Clément Beaune.

Dans ce cadre, selon le président, le partenariat renforcé avec Athènes représente un «premier pas audacieux vers l'autonomie stratégique européenne», thème qu'Emmanuel Macron souhaite porter durant la présidence française de l'UE à partir du 1er janvier 2022, avant la présidentielle en France. «Nos deux pays ont développé une alliance très puissante qui va au-delà de nos obligations mutuelles» au regard de l'UE et de l'Otan, s'est quant à lui félicité le Premier ministre grec.

Un contrat à trois milliards

Le montant du contrat avec la Grèce, qui porte aussi sur une quatrième frégate en option, atteint trois milliards d'euros environ, précisent Les Echos et La Tribune. Une maigre consolation, rapportée aux 56 milliards que prévoyaient le contrat australien finalement annulé. Le sénateur LR Stéphane Piednoir a d'ailleurs ironisé à l'annonce de l'accord avec Athènes.

Les trois frégates Belharra seront construites en France par Naval Group, à Lorient (Morbihan), pour être livrées à la marine grecque en 2025. La députée LREM Françoise Dumas, présidente de la commission Défense à l'Assemblée nationale, a salué «une excellente nouvelle pour notre industrie et la construction d’une défense européenne».

Kyriakos Mitsotakis a expliqué de son côté que cet accord répondait «aux besoins» de la Grèce, qui renforce son programme d'armement pour contrer les provocations turques dans l'est de la Méditerranée, contre lesquelles la France est un des rares pays de l'UE à avoir protesté publiquement ces dernières années. «La France a été à nos côtés durant la période difficile de l'été 2020», a souligné le Premier ministre, tout en précisant que cet accord n'était «pas antagoniste» vis-à-vis de la Turquie.

Renaud Muselier, le président LR de la région Paca (élu avec le soutien de LREM), s'est d'ailleurs félicité de la vente des frégates. «Importante sur le plan économique, cette coopération est géopolitiquement majeure : face aux manœuvres turques d'Erdogan, la Grèce est en première ligne en Méditerranée !», a-t-il réagi. A Ankara, le ministère turc de la Défense s'est contenté d'indiquer avoir «pris note» de cette annonce.

La Grèce achète aussi des chasseurs Rafale

Athènes avait lancé en 2020 un appel d'offres pour quatre frégates et la rénovation de ses frégates Hydra. La société française y était opposée à l'allemand TKMS, au néerlandais Damen, à l'italien Fincantieri et à l'américain Lockheed Martin. Avec l'acquisition de ce contrat par Naval Group, la Grèce devient le premier client étranger à être doté de ces frégates. De la communication pure, pour le député communiste Sébastien Jumel, qui a écrit sur Twitter ce 28 septembre que «le contrat de livraison de frégates à la Grèce était déjà dans les tuyaux». 

Selon l'élu de Seine-Maritime, le gouvernement devrait «recentrer Naval Group sur le domestique en récupérant [les bons de commande] des navires de surface de la Marine». Sur ce point, Paris a décidé d'acquérir cinq de ces frégates de défense et d'intervention, dont la première doit être livrée en 2024.

Par ailleurs, Kyriakos Mitsotakis avait déjà annoncé le 11 septembre son intention d'acquérir six chasseurs français Rafale supplémentaires, en plus d'un précédent contrat à 2,5 milliards d'euros, signé en janvier, pour 12 Rafale d'occasion et six neufs. Mais pour Joffrey Bollée, directeur de cabinet du chef des Patriotes Florian Philippot, ces ventes n'ont néanmoins rien d'une «avancée» de la part du gouvernement, puisque «la Grèce est un client historique de la France en matière d’armement», souligne-t-il. «Cessez de tout saccager avec vos lubies européistes qui n’ont pour seul effet que de diluer notre leadership dans ce domaine (comme dans tous les autres)», ajoute le conseiller régional d'Ile-de-France.

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