8 mai 1945 : Saint-Denis commémore la «répression coloniale» en Algérie
Une plaque commémorative des tueries du 8 mai 1945 dans l'est de l'Algérie a été inaugurée à Saint-Denis. Le maire PS de la ville a appelé à regarder ce moment de l'histoire de France «avec courage».
Le maire PS de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a inauguré ce 8 mai, sur la place du 8 mai 1945, une plaque commémorant la répression perpétrée en Algérie le même jour que la victoire contre le nazisme en France. «Il y a soixante-seize ans, le jour même de la capitulation de l’Allemagne nazie en Europe, alors que prenait fin le conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité, une répression sanglante menée par l’armée française s’est abattue sur une partie de la population algérienne», a rappelé le maire de Saint-Denis.
Le 8 mai 1945, dans la région du Constantinois (est), les Algériens sortent par milliers pour célébrer la victoire des Alliés sur le nazisme, des milliers de tirailleurs algériens ayant combattu dans l'armée française. Le défilé se transforme rapidement en manifestation pour «l'Algérie libre et indépendante», déclenchant une répression brutale de la part de l'armée française. Selon les autorités algériennes, des milliers d'Algériens ont péri lors de cet épisode. Un jour «funeste» que le maire PS de Saint-Denis a souhaité graver dans le marbre.
«Le 8 mai 1945 à Sétif, à Guelma et à Kherrata, des Algériens ont été massacrés alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour leur liberté et leurs droits de citoyens [...] Cette folie meurtrière a fait des milliers de victimes innocentes, arrêtées, torturées et exécutées sommairement», a écrit Mathieu Hanotin sur son compte Facebook, dans une longue publication expliquant sa démarche et accompagnée de plusieurs photos de la cérémonie.
Des messages forts adressés à toute une partie de nos concitoyennes et de nos concitoyens dont les familles ont subi la colonisation
Pour la première fois, la ville commémorait ce jour la répression coloniale perpétrée à Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie à partir du 8 mai 1945. À cette occasion, la ville a dévoilé une plaque en mémoire des milliers de victimes de cette répression.
— Ville de Saint-Denis (@VilleSaintDenis) May 8, 2021
📸©️ Yann Mambert pic.twitter.com/ve4KMk6ReZ
Revendiquant sa décision de «poser un acte fort», l'édile de Saint-Denis a appelé à «regarder ce moment avec courage, lucidité et objectivité, en examinant les faits avérés». Il en a profité pour «saluer la démarche prolongée par le président Macron sur les sujets ayant trait à l’histoire coloniale de notre pays». «Par ces actions, la République cesse d’occulter les injustices faites à leurs ancêtres, et par là-même elle leur délivre un message de réconciliation, d’intégration à notre mémoire collective, de reconnaissance de leurs souffrances», a-t-il ajouté.
Plus tôt, Mathieu Hanotin avait également pris part à la traditionnelle cérémonie commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
De l'autre côté de la Méditerranée, l'Algérie célébrait le 8 mai sa première «Journée nationale de la mémoire» pour honorer les victimes de la répression du Constantinois, au moment où Alger attend de Paris la reconnaissance des «crimes du colonialisme» commis entre 1830 et 1962.