OTAN 2030, le plan qui affaiblirait la France et l'Europe, selon des hauts gradés français
Une organisation qui dit regrouper des officiers généraux et supérieurs (ayant quitté le service) des trois armées, a adressé un courrier au secrétaire général de l’OTAN pour fustiger la future stratégie de l'Alliance et la mainmise des Etats-Unis.
Le magazine Capital a révélé le 11 mars 2021 une lettre envoyée au secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg par le général de Brigade aérienne Grégoire Diamantidis, au nom du Cercle de réflexion interarmées (CRI). Ce cercle assure être «indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire [et] regrouper des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service [ainsi que] quelques civils».
La missive s'inquiète de l'étude OTAN 2030 qui définit «les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années». Le CRI note que «d’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir».
Le CRI s'offusque d'ailleurs que dans ce projet OTAN 2030, celui-ci fasse «clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d'instrumentalisation de cette "menace russe", "menace" patiemment créée puis entretenue de façon à "mettre au pas" les alliés européens derrière les Etats-Unis, en vue de la lutte qui s'annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale».
Le cercle rappelle d'autre part que c'est bel et bien l'OTAN qui, «dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est» ou qui, «sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication». Le CRI constate en outre que l'OTAN a parfois dupé la Russie dans ses actions, notamment lors de la mise en place de la défense anti-missiles en Europe.
L'OTAN comme un outil de domination américaine, «écrasant les souverainetés nationales»
Pour ces anciens haut gradés, «ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030 est un projet beaucoup plus vaste, à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les Etats-Unis». L'OTAN ne serait ainsi plus une puissance défensive, mais offensive «contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime)».
Pour le CRI, il s'agit davantage d'éviter in fine aux puissances européennes d'être souveraines dans leur «autonomie» : «Vous voudriez pour l’avenir justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales !»
«Il faut stopper ce train fou», conclut la lettre, souhaitant que la France ne se prête pas «à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe».