#MeTooInceste : des milliers de témoignages partagés par des victimes
La Familia grande, livre dans lequel Camille Kouchner (fille de Bernard Kouchner) raconte les abus subis par son frère et commis par son beau-père Olivier Duhamel, a déclenché #MeTooInceste, une vague de témoignages de personnes victimes d'inceste.
En 2017, l’affaire Weinstein déclenchait #MeToo, une déferlante série de témoignages sur le viol partagés sur Twitter. Aujourd’hui, le livre de Camille Kouchner (fille de l'ancien ministre Bernard Kouchner), La Familia grande, raconte comment le célèbre politologue Olivier Duhamel a abusé de son beau-fils (frère jumeau de l’auteur), alors mineur, et ouvre la voie à une nouvelle vague de dénonciations glaçantes d'hommes et de femmes sous le hashtag #MetooInceste.
L'un des témoins raconte avoir subi un inceste «de 4 à 14 ans par un membre de la fratrie. Soumise à la prescription depuis mes 24 ans, j’ai été condamnée pour atteinte à la vie privée après avoir écrit. J’ai versé 1 euro symbolique à chaque membre de ma famille, bourreau compris».
Avant 1989, le délai de prescription des crimes sexuels sur mineur était de 10 ans à compter de la commission des faits. La loi du 10 juillet 1989 a fait courir ce délai, non plus au moment où les faits ont eu lieu, mais à la majorité de la victime. Ce délai a été porté à 20 ans par la loi du 9 mars 2004, puis à 30 ans par celle du 6 août 2018.
#MetooInceste#StopPrescription
— isabelle sezionale (@ISezionale) January 16, 2021
De 4 à 14 ans par un membre de la fratrie. Soumise à la prescription depuis mes 24 ans, j’ai été Condamnée pour atteinte à la vie privée après avoir écrit. J’ai verse 1€ symbolique à chaque membre de ma famille, bourreau compris. #justice
«Ma tante était actrice de films pour adultes fin des années 1990 début 2000. Et c'est aussi pendant cette période qu'elle m'attouchait de façon inappropriée après les cours, car elle venait me chercher régulièrement.» L'homme qui rapporte ces faits explique : «C'est quelque part elle qui a fait de moi un homme, même si sur le coup je ne comprenais pas trop ce qu'il se passait, même si cela me dérangeait.» Il affirme s'être pris des années plus tard «cette réalité en pleine face […] Ma tante actrice porno avait profité de moi […] En parler ici relâche une certaine pression que j'avais sur le thorax depuis des années.»
Je sors aussi de l'anonymat (attention c'est choquant) #MetooIncest
— thureolino (@thureolgbt) January 16, 2021
J'étais au collège, en 5eme quand ma tante à commencé à me regarder différemment.
Il faut dire qu'entre la 6eme et la 5eme j'ai fait une poussé de croissance, et je pense qu'à ses yeux j'étais devenu un homme.
Une jeune femme appelle à mettre fin au silence qui entoure ces actes. Elle relate des souvenirs «flous et incomplets. J’avais 12 ou 13 ans. C’était mon cousin plus jeune que moi, mais en position de domination depuis notre enfance puisque placé sur un piédestal par toute la famille. Je compte le crier partout, haut et fort. Stop au silence».
#MetooIncest les souvenirs sont flous et incomplets. J’avais 12 ou 13 ans. C’était mon cousin, plus jeune que moi mais en position de domination depuis notre enfance puisque placé sur un piédestal par toute la famille. Je compte le crier partout, haut et fort. Stop au silence.
— yeahright (@closorry) January 16, 2021
A «8, 9, 10 et 11 ans, un grand-oncle, prêtre missionnaire. J’avais 12 ans. Des cousins. J’ai été victime».
🔴J’avais 8,9,10 et 11ans
— Arnaud Gallais 🔆🙈🙉🙊🗣 (@arnaud_gallais) January 16, 2021
Un grand oncle,prêtre missionnaire.
J’avais 12ans.
Des cousins.
J’ai été victime.
Je ne le suis plus mais trauma à vie!
❌Je ne suis pas que ça!
✅#OnNeLacheraRien💪💪🏼💪🏾#StopImpunité
🙊🙉🙈#metooincest@NousToutesOrg@memoiretrauma
✊✊🏼✊🏽 pic.twitter.com/IYlWgigmMW
«C’était mon grand-père. Et seulement à 25 ans j’ai enfin compris d’où venait mon mal-être. Mon cerveau a préféré oublier pendant tout ce temps pour me protéger», partage une autre internaute.
Un # que je n’aurais jamais cru devoir utiliser un jour. J’avais 5/6 ans, c’était mon grand-père. Et seulement à 25 ans j’ai enfin compris d’où venait mon mal-être. Mon cerveau a préféré oublier pendant tout ce temps pour me protéger.#MetooIncest
— Lala🌳 (@NBTOPATD) January 16, 2021
L'inceste est vraiment partout, dans tous les milieux
Le 13 janvier 2021, Camille Kouchner s'est exprimée sur le plateau de La Grande librairie afin de porter un message «universel». «L’inceste, l’emprise, la maltraitance des enfants, c’est vraiment partout, dans tous les milieux […] dans beaucoup de familles.» Après avoir «pris la mesure de ce qu'il était arrivé à (s)on frère», elle peine à accepter l'«indifférence» d'Olivier Duhamel. «Je n’en reviens pas […] C’est ma réalité depuis des années, la réalité de mes frères et sœurs. Et lui depuis un moment vit hors de cette réalité, ça a l’air d'aller très bien. Je trouve ça injuste.»
La réaction de sa mère est tout aussi insoutenable. En 2008, lorsque celle-ci est mise au courant, «elle essaie de [les] convaincre que tout ça est une histoire d’amour».
A quand la loi ?
Plusieurs activistes et personnalités médiatiques ont relayé les témoignages publiés et y ont répondu. La fondatrice de l'organisation #NousToutes, Caroline de Haas, a ainsi posté le 16 janvier : «Je vous crois. Vous êtes courageuses et courageux. Vous n’y êtes pour rien. Nous sommes des centaines de milliers à vos côtés.»
Je vous crois.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) January 16, 2021
Vous êtes courageuses et courageux.
Vous n’y êtes pour rien.
Nous sommes des centaines de milliers à vos côtés.#MeTooInceste@NousToutesOrg
Le compte #NousToutes publie : «Ils n’avaient pas le droit.»
[TW INCESTE]
— #NousToutes (@NousToutesOrg) January 16, 2021
Nous vous croyons.
Vous êtes courageuses et courageux.
Ils n’avaient pas le droit.#metooincestepic.twitter.com/pBnFbh7plY
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, se dit «époustouflée par le courage des personnes qui témoignent. #MeTooInceste – nous sommes des milliers à vos côtés, nous vous croyons [et] vous soutenons. Il n’avait pas le droit. Vous n’y êtes pour rien.» Et d'interpeller le secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des familles : «A quand la loi Adrien Taquet ?»
Époustouflée par le courage des personnes qui témoignent #MeTooInceste - nous sommes des milliers à vos côtés, nous vous croyons vous soutenons. Il n’avait pas le droit. Vous n’y êtes pour rien. 💜💜A quand la loi @AdrienTaquet ?
— Anne-Cécile Mailfert (@AnneCMailfert) January 16, 2021
Démissions d'Olivier Duhamel et de ses proches
Les révélations de Camille Kouchner ont poussé Olivier Duhamel à démissionner de ses fonctions de président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). Le 13 janvier, le conseiller d’Etat Marc Guillaume, ancien secrétaire général du gouvernement, désormais préfet d’Ile-de-France, a démissionné de tous les conseils d’administration où il siégeait avec Olivier Duhamel : la FNSP, le club du Siècle et la revue Pouvoirs, qu’il a codirigée avec le politologue.
Elisabeth Guigou, amie proche d’Olivier Duhamel, a quant à elle démissionné de la Commission sur l’inceste.