Les peines d'Alain Soral pour injures et provocation à la haine allégées en appel
- Avec AFP
Condamné en première instance dans deux affaires portant sur l'insulte d'une magistrate et le fait d'avoir qualifié le Panthéon de «déchetterie casher», le polémiste a vu ses deux peines réduites en appel.
Le 19 novembre, la cour d'appel de Paris a réduit à trois et six mois deux peines infligées à l'essayiste controversé Alain Soral en première instance, pour avoir notamment insulté une magistrate et qualifié le Panthéon de «déchetterie casher».
Dans un premier dossier, Alain Bonnet dit Soral, 62 ans, a été reconnu coupable d'avoir injurié un procureur et tenu des propos antisémites sur son site internet Egalité et réconciliation en mars 2018. Il a cependant vu sa peine allégée de un an à trois mois de prison ferme, à exécuter en semi-liberté. La cour a estimé que le tribunal avait en première instance retenu à tort deux infractions de provocation à la haine envers les juifs à des dates différentes, alors qu'il n'y en avait qu'une seule.
L'essayiste avait reproduit sur son site des déclarations prononcées lors d'une audience à Paris, où il était jugé et avait finalement été relaxé. Il avait notamment écrit sur Egalité et réconciliation que «Les juifs sont manipulateurs, dominateurs et haineux». Au sujet du procureur, il affirmait : «Je n'ai jamais entendu autant de mensonges et de malhonnêteté sortir de la bouche d'une femme, et pourtant des salopes, j'en ai connues.» Alain Soral avait fait appel de sa condamnation du 17 janvier 2019 par le tribunal de Bobigny pour provocation à la haine, injure raciale et injure à raison du sexe.
Des propos «profondément injurieux» mais qui «ne sauraient être compris comme une provocation»
Par ailleurs, la cour d'appel a diminué sa peine de un an à trois mois de prison ferme dans un dossier concernant une vidéo publiée en juillet 2018, dans laquelle il parlait notamment du Panthéon comme d'une «déchetterie casher», au moment où Simone Veil et sont époux Antoine y étaient entrés.
Le tribunal de Paris l'avait condamné à une peine beaucoup plus lourde en première instance le 2 octobre 2019, pour injure publique antisémite et provocation à la discrimination, la haine ou à la violence envers les juifs. La cour d'appel a estimé qu'il devait être relaxé de ce second chef, jugeant que, si les propos étaient «profondément injurieux, méprisants et humiliants», ils «ne sauraient être compris comme une provocation».
La veille, le 18 novembre, il était rejugé pour avoir diffusé en ligne un clip de rap jugé antisémite, intitulé «Gilets jaunes» et où des portraits de personnalités comme Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali ou encore Patrick Drahi étaient brûlés. En première instance, à Bobigny, il avait été condamné en septembre 2019 à 24 mois de prison dont 18 ferme. La décision d'appel a été mise en délibéré.
Alain Soral a été condamné à une vingtaine de reprises, en grande partie pour des infractions similaires – la dernière en date étant une condamnation par la cour d'appel de Paris à payer 134 400 euros à la Licra pour avoir remis en vente Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, un ouvrage jugé antisémite. Les deux arrêts ont d'ailleurs souligné qu'il était «profondément ancré dans la délinquance et qu'il n'a tenu aucun compte des multiples avertissements délivrés par la justice». En juillet 2020, les chaînes d'Egalité et réconciliation avaient été fermées par YouTube, quelques jours après celle de l'humoriste Dieudonné.