Arnaud Montebourg, défenseur de la politique économique de Donald Trump
Dans un entretien donné sur BFM TV, Arnaud Montebourg a défendu le bilan économique de Donal Trump tout en confiant n'avoir «aucune espèce de sympathie pour le personnage». Des propos plutôt rares sur la scène politique française.
Invité de BFM TV ce 11 novembre, Arnaud Montebourg a donné son analyse de l'élection américaine et de la présidence de Donald Trump. Tout en assurant qu'il n'a «aucune espèce de sympathie pour le personnage Trump», le fervent défenseur du made in France a estimé qu'il y avait dans la politique économique du président américain des «choses utiles à reprendre». Il a ainsi loué sa «politique keynésienne» ainsi que son «protectionnisme» avant d'ajouter que sa «bagarre vis-à-vis de la Chine» était un exemple à suivre.
Je prends toujours le soin de distinguer l’homme (que je condamne s’agissant de Trump) de ses actions politiques, (dont certaines devraient nous inspirer). https://t.co/vC6m4sM1g8
— ☰ Arnaud Montebourg (@montebourg) November 11, 2020
L'ancien ministre du Redressement productif a toutefois jugé «sexiste et même raciste» le comportement du président américain mais a noté ses succès industriels : «Il a dit à sa propre industrie automobile, General Motors par exemple: "Vous avez délocalisé au Mexique, où vous payez les Mexicains au lance-pierre. Et bien maintenant, si vous voulez réimporter des véhicules General Motors sur le sol des Etats-Unis, vous allez être obligés d'aligner les salaires à ceux de la Californie." Et donc qu'est-ce qu'il a fait ? Il a fait monter les salaires des Mexicains et il a évité de mettre en concurrence le travailleur américain avec le travailleur mexicain». Avant d'ajouter : «C'est la politique que l'Union européenne aurait dû mettre en œuvre.»
Le Trumpisme comme défense des «oubliés de la mondialisation»
Des déclarations plutôt iconoclastes sur la scène politique française qui ont soulevé certaines critiques comme celle du journaliste, Jean-Michel Apathie. Celui-ci lui reproche la formule «Ni gauche, ni droite, Français» utilisée lors de l'entretien et associée, selon lui, au Front national.
L’expression @montebourg : « Ni gauche, ni droite, Français » m’a surpris ce matin. Beaucoup de gens intelligents me conseillent de revoir mon jugement. J’hésite pic.twitter.com/0iUx2UKrUJ
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) November 11, 2020
Pour un proche d'Arnaud Montebourg contacté par RT France, cette formule est plutôt inspirée du Conseil national de la Résistance et de la déclaration du général de Gaulle sur l'ORTF le 15 décembre 1965: «Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France.»
Sophia Aram, la chroniqueuse radio a aussi dénoncé cette défense de Donald Trump. L'humoriste y voit une forme de «relativisme benêt».
Après « la liberté d’expression mais » et « la laïcité mais » c’est au tour de @montebourg d’inventer... « le racisme mais ».
— sophia aram (@SophiaAram) November 11, 2020
Le relativisme benêt n’en finira jamais. #Tristesse 🤦🏽♀️ https://t.co/EJwYoc0kom
Une défense de la politique économique de Donald Trump qui n'est pas nouvelle de la part d'Arnaud Montebourg. Le 5 novembre, au micro de France Inter cette fois, il y affirmait que le trumpisme incarne la défense des oubliés de la mondialisation : «En fait, derrière la force, il y a la protection de toutes les couches sociales qui ont été abandonnées dans le système économique mondialisé depuis vingt ans.», avant de conclure : «La stratégie de Trump c’est de protéger les classes populaires.»
.@montebourg : "Toutes les couches sociales se sont mobilisées pour Trump" #le79Inter#TrumpvsBiden#Elections2020pic.twitter.com/MLrZ8GKbYs
— France Inter (@franceinter) November 5, 2020
Des propos qui ne manqueront pas de susciter le débat au sein de sa famille politique alors que l'ancien candidat à la primaire citoyenne du Parti socialiste n'a pas encore dévoilé ses ambitions pour la présidentielle de 2022. «Ce qui est certain, c'est qu'il y pense», confesse toutefois un proche d'Arnaud Montebourg avant de préciser que «les équipes autour de lui sont en train de s'activer pour réfléchir à une éventuelle candidature, plusieurs cercles autour de lui préparent des fiches et réfléchissent à un éventuel programme présidentiel».
Charles Demange