Projet de loi sur les séparatismes : «Ce qui est visé, c'est l'islam», estime Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon a estimé, sur BFMTV, qu'avec le nouveau projet de loi contre le séparatisme voulu par Emmanuel Macron, «ce qui est visé, c'est l'islam». Il a ensuite livré son analyse de la récente polémique du voile à l'Assemblée nationale.
Invité à l'émission BFM Politique ce 20 septembre, le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon s'est notamment exprimé sur le principe de laïcité, ainsi que sur les mesures prises ou voulues par le gouvernement pour lutter contre le séparatisme religieux, dans le cadre d'une nouvelle polémique autour du voile islamique déclenchée trois jours plus tôt à l'Assemblée nationale.
Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) sur la laïcité: "Nous avons eu 3 siècles de guerre de religions, il ne faut pas mettre le doigt là-dedans" pic.twitter.com/hwVOUrnKts
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«Ce qui est visé, c'est l'islam»
«La laïcité n'est pas un athéisme d'Etat. La laïcité, c'est la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Et la laïcité proclame que l'Etat est indifférent aux religions, pas parce qu'il les méprise mais parce que ce n'est pas à lui de se prononcer ni sur le contenu des religions, ni sur leurs pratiques, au moins tant qu'elles respectent les lois concernant l'ordre public», a déclaré Jean-Luc Mélenchon en début d'entretien.
Interrogé au sujet de la loi contre les séparatismes, qui devrait être présentée par le président Emmanuel Macron d'ici la fin de l'année, le député des Bouches-du-Rhône estime que le locataire de l'Elysée «a tort» de vouloir mettre en place un nouvel arsenal juridique sur ce sujet complexe et déjà encadré d'un point de vue législatif.
«La dernière fois, il a fini par nous faire un grand discours à Mulhouse, et qu'est-ce qu'il y avait à la fin comme mesures concrètes ? L'interdiction des cours en arabe donnés par des professeurs payés par des pays étrangers. Ce qui équivaut à 0,04% des cours qui étaient donnés en France. Tout ça est ridicule», a considéré le chef de file LFI.
Et d'estimer : «Ce qui est visé, c'est l'islam. Je veux bien admettre que dans son esprit, c'est l'islam intégriste ou politique. Et dans ce cas, je suis d'accord pour dire, que ce soit l'islam, le catholicisme ou le judaïsme, la religion n'a rien a faire dans la politique. [...] Et la politique n'a rien à faire dans la religion. C'est-à-dire que ce n'est pas au gouvernement de dire comment ils doivent prier. On peut leur dire où ils ne peuvent pas prier : dans la rue, sur les trottoirs... Mais on ne doit pas leur dire ni comment, ni pourquoi.»
Nous avons eu trois siècles de guerres de religion. Il ne faut pas mettre le doigt là-dedans. Il ne faut pas ranimer cela si peu que ce soit
Jean-Luc Mélenchon a ensuite estimé que les lois actuellement en vigueur permettaient déjà de «combattre des excès [religieux], des fondamentalismes». Et d'en faire la démonstration : «La loi permet de fermer un lieu de culte pour cause de radicalisation, l'obligation pour toutes les associations de déclarer qu'elles se comporteront conformément à la loi et à l'esprit de la République y compris en matière de discrimination. Il est également possible de dissoudre judiciairement ou administrativement des associations en raison d'un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes mœurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à l'intégrité du territoire national ou à la forme républicaine du gouvernement. Que voulez-vous faire de plus ?»
«J'adjure le président [Emmanuel Macron] de bien comprendre cela. Cet homme, sans doute, a de bonnes intentions. Mais ce n'est pas des intentions dont on va discuter. Je lui demande de comprendre l'histoire de la France. Nous avons eu trois siècles de guerres de religion. Il ne faut pas mettre le doigt là-dedans. Il ne faut pas ranimer cela si peu que ce soit», a-t-il recommandé au chef de l'Etat français.
Les députés «ont commis une double erreur, et même une triple»
Questionné sur la récente polémique qui a eu lieu le 17 septembre à l'Assemblée nationale, suite à la venue de la vice-présidente du syndicat étudiant Unef, Maryam Pougetoux, vêtue d'un hijab, Jean-Luc Mélenchon a estimé que les députés qui ont quitté la salle «ont commis une double erreur, et même une triple».
Voile à l'Assemblée: pour Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon), les députés "ont commis une erreur" en quittant la réunion pic.twitter.com/UbBsRNcIsT
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«La première, c'est que la loi ne prévoit pas telle ou telle tenue. Il n'y a pas de police du vêtement», a-t-il tout d'abord indiqué. Et de poursuivre : «Deuxièmement, c'est le syndicat qui désigne ses dirigeants. Ce n'est pas nous. Donc ils choisissent qui ils veulent.»
«Les collègues députés ont commis une erreur. Pourquoi ? Parce qu'ils ont tué le contenu de la commission», a considéré le député des Bouches-du-Rhône, ce qui serait donc la troisième erreur des députés en question.
«De quoi parlait-on ? De la condition des jeunes gens qui font des études et qui est une condition socialement dramatique. [...] Donc c'est une erreur de masquer le contenu de la commission en déclenchant ce genre d'incident, dont ils savent très bien que ça va faire un buzz», a-t-il relevé en fin d'interview.
Le principe de laïcité bafoué par le port du hijab à l'Assemblée nationale ?
Des députés LR et une élue LREM ont quitté le 17 septembre une audition à l'Assemblée sur le Covid-19 et la jeunesse, pour protester contre la présence d'une syndicaliste étudiante voilée, la vice-présidente de l'Unef, Maryam Pougetoux.
Les parlementaires participaient à l'audition de représentants de syndicats étudiants dans le cadre de la nouvelle commission d'enquête «pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse», créée à l'initiative de la communiste Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis) qui en est rapporteur.
Après la prise de parole des syndicalistes étudiants, le député du Pas-de-Calais (LR) Pierre-Henri Dumont, faisant un «rappel au règlement», s'est indigné du voile porté par la vice-présidente de l'Unef, Maryam Pougetoux, en estimant qu'il s'agissait d'un «acte communautariste délibéré» qui enfreignait «le principe de laïcité auquel doit s'astreindre notre assemblée». L'argument a été battu en brèche par la présidente de la commission, l'élue de Haute-Garonne Sandrine Mörch, qui a déploré un «mauvais procès», en rappelant qu'«aucune règle n'[interdisait] le port de signes religieux pour les personnes auditionnées».