Tenue correcte exigée à l'école ? Emmanuel Macron refuse de se positionner sur le sujet
- Avec AFP

Entre communautaristes islamistes qui préconisent le port du voile et mouvement poussant aux tenues provocantes sur Twitter, les écoles tentent de réguler. Les politiques s'en mêlent.
Emmanuel Macron n'a pas voulu le 18 septembre se prononcer sur la polémique liée aux «tenues correctes» exigées dans certains collèges et lycées, se contentant d'appeler au «bon sens» plutôt qu'à de nouvelles réglementations.
Interpellé sur ce sujet par un jeune dans une rue de Condom (Gers), en marge d'une visite consacrée aux Journées du patrimoine, le chef de l'Etat a fait part de sa réticence à lui répondre car «je ne suis pas sûr que j'ai à me mêler de tout».
Tenues vestimentaires à l'école: pour Emmanuel Macron, "le bon sens vaut mieux qu'un long règlement" pic.twitter.com/H25shojyCR
— BFMTV (@BFMTV) September 18, 2020
Le président a toutefois assuré comprendre «le sentiment» que crée la polémique déclenchée par les appels de collégiennes et lycéennes sur les réseaux sociaux à défendre le port de la minijupe ou du «crop top» (T-shirt court) interdit dans certains établissements. En face d'elles, des communautaristes avaient lancé le hashtag #GardeTonVoile pour promouvoir le hijab face à des tenues considérées comme indécentes. Cette bataille fait suite aux témoignages sur les réseaux sociaux d'adolescents – particulièrement des filles – qui se seraient vus bloqués à l'entrée de certains établissements ou réprimandés par la direction de ceux-ci pour leur tenue.
Le bon sens vaut mieux qu’un long règlement en la matière
«Il y a une liberté vestimentaire [mais c'est] une bonne chose qu'on essaie de garder quelques codes au collège, au lycée. Parce qu'après on ne sait jamais où ça s'arrête», a poursuivi le président de la République. «Le bon sens vaut mieux qu’un long règlement en la matière», a-t-il ajouté.
Dans l'Education nationale, le contrôle des tenues vestimentaires relève des règlements intérieurs de chaque établissement. Mais l'Union nationale des lycéens (UNL), qui soutient la mobilisation, a pointé le «flou juridique» entourant ces règlements.
Pour Emmanuel Macron, il faut que les jeunes acceptent que les parents et les enseignants «expliquent des règles». «On est tous passés par là et je n'ai pas le sentiment que cela nous ait enlevé quelque liberté».
«Je trouve que, tous, on devrait garder un peu de bon sens et ne pas créer chaque semaine des polémiques», a-t-il conclu.
Jean-Michel Blanquer et Marine Le Pen sur la même ligne
Interrogé le 14 septembre, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer avait prôné «une position d'équilibre et de bon sens». «Il suffit de s'habiller normalement et tout ira bien», a-t-il dit.
Allant dans son sens, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a déclaré sur BFM TV avoir éduqué deux filles en leur disant «qu'elles avaient évidemment le droit d'être en jupe, en talons, d'être mignonnes». «Mais à l'école», a-t-elle ajouté, «le moindre des respects à l'égard de l'école, c'est de ne pas se trimbaler avec des jupes où l'on voit votre culotte, avec votre nombril à l'air... cela s'appelle s'habiller correctement». Une fois n'est pas coutume, elle a ensuite défendu le ministre de l'Education nationale : «On a fait de grandes leçons à monsieur Blanquer parce qu'il a osé dire cela, eh bien, vous voyez, pour le coup, je trouve qu'il a raison. On ne demande qu'une chose, c'est de s'habiller normalement et cela ne touche pas que les filles».
📺 « J'ai éduqué deux filles. Évidemment qu'elles avaient le droit d'être en jupe, en talons, d'être mignonnes ! Mais à l'école, dans une société civilisée, le moindre respect est de se présenter correctement à l'autre. Garçons comme filles, d'ailleurs ! » #RDVRuthElkrief@BFMTVpic.twitter.com/maqxaj0AKP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 19, 2020
«Dans une société civilisée, le moindre respect est de se présenter correctement à l'autre, ce sont des valeurs qu'il faut continuer à diffuser», argumente-t-elle.