Espion marocain/fuite de données : accusé, un capitaine de la police sera bientôt jugé
- Avec AFP
Un ancien fonctionnaire de la police aux frontières d'Orly, soupçonné d'avoir transmis aux services secrets marocains des documents confidentiels dont des fiches S, sera prochainement jugé à Créteil pour «corruption passive».
D'après plusieurs informations concordantes, un ancien capitaine de la police des frontières d'Orly sera jugé en correctionnelle. Il aurait en effet transmis aux services secrets marocains des données confidentielles dont des centaines de fiches S.
Actuellement retraité, cet homme de 62 ans était, jusqu'à sa mise en examen en 2017, à la tête de l'unité d'information de l'état-major de la Direction de la Police aux frontières (DPAF) de l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne). Ce service est chargé de faire remonter à sa hiérarchie les mouvements des personnes inscrites sur le Fichier des personnes recherchées, dont celles fichées S (pour Sûreté de l'Etat) qui regroupent entre autres les personnes soupçonnées de radicalisation islamiste.
Il lui est reproché d'avoir transmis de 100 à 200 fiches confidentielles aux services secrets marocains en contrepartie de voyages tous frais payés au Maroc ou en Angola et des remises d'argent, selon l'ordonnance de renvoi datée du 30 juillet dont l'AFP a eu connaissance, confirmant une information du quotidien Le Parisien.
Il comparaîtra donc devant le tribunal correctionnel de Créteil notamment pour «corruption passive» et «violation du secret professionnel», pour des faits s'étalant de 2014 à 2017.
«A l'époque, mon client est convaincu d'agir dans l'intérêt supérieur de la France. On lui propose de collaborer avec le Maroc. Pour lui, c'est un moyen de surveiller les fichés S et d'éviter de nouveaux attentats», a défendu auprès de l'AFP son avocate Blandine Russo, insistant sur «les troubles psychologiques» de son client au moment des faits. Le Parisien informe, de son côté, que lui et son épouse étaient, au moment des faits, «aux abois financièrement, faisant face à une procédure de surendettement, l'homme représentant donc une cible de choix pour un service étranger».
La femme du capitaine et un intermédiaire franco-marocain également sur les bancs des accusés
Renvoyé à ses côtés, un Franco-Marocain soupçonné d'avoir fait l'intermédiaire avec un agent des services marocains est, pour sa part, poursuivi pour «corruption active». Directeur d'une entreprise de sûreté aéroportuaire, il aurait occupé une «place centrale» dans la combine en transmettant les fiches confidentielles, dont plusieurs ont été retrouvées à son domicile et dans son bureau. Il aurait aussi réglé les voyages à l'étranger du policier et de sa famille.
Sollicité par l'AFP, son avocat n'a pas souhaité réagir. Un agent des services secrets marocains, visé par un mandat d'arrêt, est également poursuivi pour corruption active.
L'enquête, ouverte à la suite d'un signalement anonyme en juillet 2016, met également en cause la femme du policier qui sera jugée pour recel de biens provenant de corruption et pour le vol de médicaments – remis à l'intermédiaire – dans l'hôpital où elle exerçait en tant qu'aide-soignante.
Mis en examen, un autre fonctionnaire de la PAF a obtenu un non-lieu total au terme de l'enquête.